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samedi 31 août 2019

Turilli / Lione Rhapsody - Zero Gravity (Rebirth And Evolution)

Comme si c'était pas assez compliqué comme ça dans la famille Rhapsody, voilà qu'une nouvelle entité voit le jour ! Petit récapitulatif donc, nous avions le groupe original Rhapsody (rebaptisé Rhapsody of Fire, pour une raison de droit, à partir de l'album "Triumph or Agony"). Ce groupe s'est alors divisé en 2, une partie avec le chanteur Historique Fabio Lione et l'un des 2 compositeurs Alex Strapoli, qui est resté le groupe dit "officiel". Et une autre partie avec le compositeur principal Luca Turilli et une partie du line up, renommée Luca Turilli's Rhapsody. Mais chacune de ses entités a depuis muté. La version "Of Fire" a désormais un nouveau chanteur... Et Lione a rejoint le groupe concurrent, qui a du coup re changé de nom en Turilli/Lione Rhapsody ! C'est donc la version dont nous allons parlé aujourd'hui.

Si vous avez regardé leurs 2 clips, ça n'aura pas manqué de vous sauter aux oreilles, cette nouvelle mouture, qu'on aurait vite fait de qualifier de version la plus légitime de Rhapsody (compositeur principal ET chanteur Historique...) n'a en réalité plus grand chose à voir avec le groupe culte de metal symphonique. Finalement, c'est bel et bien la version Strapoli, même avec un nouveau vocaliste qui est le "vrai" Rhapsody, nous avons affaire ici à totalement autre chose, un énième projet "solo" de Turilli. Le nom Rhapsody étant ici employé d'avantage pour vendre.
Le line up est rejoint par des habitués des line ups des 2 anciens groupes : Patrice Guers (basse), Dominique Leurquin (guitare rythmique) et Alex Holwartz (batterie), on n'est a priori guère dépaysé. Et pourtant... Ca n'a rien à voir avec Rhapsody ! Et pour cause, ce nouveau projet devait à l'origine s'appeler Zero Theory, mais des impératifs commerciaux en ont décidé autrement. Considérons donc cela comme le 7ème album de Luca Turilli (en comptant tous ses projets où son nom est écrit en gros sur la pochette), ce sera BEAUCOUP plus simple ! Musicalement, la fracture avec Alex Stapoli est évidente, là où le claviériste joue sur la tradition, la volonté de pérenniser le style Epic Symphonic Metal, Turilli a lui pour ambition de renouveller sa musique. Ainsi, et ce dès l'intro ce "Zero Gravity" nous embarque dans un univers SF bien éloigné de l'ambiance Donjons et Dragons de la concurrence.

Rien à redire sur la production toujours d'une impeccable perfection, qu'il s'agisse du mixage des cuivres, des arrangements des choeurs et des cordes. Le jeu des divers musiciens est connu depuis longtemps et fonctionne toujours à merveille en dépit du changement de style. Qui dit SF dit d'ailleurs sons synthétiques, plutôt que symphoniques. Les habitués de Turilli le savent, c'est un style qu'il a déjà abordé, avec son album futuriste "Prophet of The Last Eclipse" en 2002. Il s'agit d'une évolution de ce style là. Artistiquement, on peut même considérer Zero Gravity comme la suite de cet album, 17 ans après. En réalité, on ne retrouve du Rhapsody classique guère que la voix de Fabio... Et l'absence totale de retenue et de sobriété ! L'album n'hésite pas à régulièrement sonner pompeux et démesuré. Il ne fera pas changer d'avis les détracteurs des diverses entités Rhapsody. Cette folie se ressent également dans la différence des sources d'influences. Plutôt qu'Iron Maiden et Judas Priest, on retrouvera ici du Queen et du Dream Theater !

"Zero Gravity" est un album "entre deux". Un hybride entre le Rhapsody classique dont l'influence reste indélébile, et les véléités modernistes d'un Turilli tentant de s'affranchir du passé. La musique de cette nouvelle mouture est plus variée que celle de la version rivale, mais la production moins imposante et massive. L'influence du combo de Freddie Mercury est évidente et relativement bien digérée et l'évolution du groupe se ressent dans les détails de sa production. Un album intéressant, qui ne fera pas d'ombre à la concurrence tant on est parti sur totalement autre chose. Ainsi il y en a pour tous les goûts.

3.5/5


mercredi 31 juillet 2019

Critters Attack !

Après Leprechaun Returns il y a quelques mois, Syfy nous présente une autre suite, issue d'une de ses récentes acquisitions. Si le dernier opus des aventures du farfadet tueur était plutôt réjouissant, ce nouveau Critters n'est en revanche pas d'une excellente qualité.

La saga Critters, créée dans le but avouée de surfer sur le succès des Gremlins de Joe Dante, a eu un certain succès dans les années 80, début 90. Vu la mode du revival 80's, et en attendant la série animée Gremlins sur Netflix, il n'est donc guère étonnant de voir revenir leurs rivaux. Mais est-ce bien pertinent ? On peut effectivement se poser la question. La saga Critters, dont il s'agit du cinquième opus, n'a jamais brillé par ses ambitions artistiques, c'est du pur cinéma d'exploitation. Mais quand même... Ce qu'on veut voir dans un tel film, ce sont les Critters qui bouffent des gens. On y a certes un peu droit, mais l'intrigue se focalise bien trop sur les personnages humains à peu près aussi mal écrits que ceux d'un Vendredi 13.

Le film est de plus en bonne partie vendu sur le retour de Dee Wallace, héroïne du premier film, mais elle n'apparaît pas plus de 5 minutes, éparpillées sur tout le métrage. Apparemment Leonardo DiCaprio, l'obscur acteur de Critters 3 n'était pas intéressé pour revenir, curieux... Le casting des nouveaux personnages, est donc quelque peu aléatoire et tente de nous la jouer Stranger Things. Bien que le film se passe très clairement de nos jours (on peut y voir des Smartphones), l'ambiance et la mise en scène lui donne un gros côté old school assez bienvenue si l'on se fait un marathon des films. Il n'y a ainsi pas de gros choc visuel si l'on passe de Critters 4 à celui là, en dépit du quart de siècle qui les sépare. La grande réussite du film en revanche est son héroïne, interprétée par la jeune Tashiana Washington.

Son personnage, Drea apporte une profondeur étonnante pour une telle production. Recrutée par ce qu'on appelle un "casting aveugle", où elle a été prise pour son jeu, indépendamment de son ethnie, dans le climat politique actuel des USA, elle se veut malgré elle comme un personnage étendart de la communauté noire, mais sans forcer. On n'est pas non plus chez Jordan Peele, mais c'est agréable quand ça sonne naturel. L'aspect social du personnage, ses difficultés dans ses études, son rapport à sa mère, tout cela est renforcé par le côté "fille noire dans la cambrousse".

Mais l'aspect le plus important, que je gardais volontairement pour la fin... Les Critters ?? Et bien ils sont bien foutus ! En réutilisant des effets spéciaux old school, nos petits monstres semblent tout droit sorti des 80's ! Quelques morts sont très bien foutus et on a même droit à de sympathiques nouveautés, lorsqu'ils s'assemblent tous pour faire un Critters géant notamment. Autre sympathique nouveauté avec l'espèce de militante pacifiste Critter femelle, hilarante allégorie des SJW pro féministes LGBT, mais en version alien. Ces quelques qualités suffisent largement à rendre le film regardable, en dépit de tous ces défaurs.

Un film souvent mal écrit, des personnages innutiles, beaucoup de longueurs, du cameo vendu comme un vrai rôle... Mais le plaisir de retrouvailles avec des bébêtes qu'on n'avait pas revu depuis une éternité, un film vraiment old school et une porté sociale inattendu dans un tel film, l'emportent sur les défauts évidents du métrage. On s'ennui par moment mais on ne peut que constater qu'il y a quelque chose. Syfy envisage de faire d'autres Critters après celui là, pourquoi pas ? Ils ont carrément moyen de faire mieux au prochain. Ce cinquième film est en tout cas bien plus regardable que la mini série Critters - A New Binge sortie il y a peu. Un bel effort un peu raté, mais à saluer.

2.5/5


mardi 30 juillet 2019

Abbath - Outstrider

Trois ans après son premier album solo assez convainquant, l'ex chanteur d'Immortal, qui a continué sans lui, nous offre un second disque, au line up encore différent. En effet, King ov Hell nous a ressorti l'éternelle rengaine de la divergence musicale et a quitté le projet.
Le premier album était clairement composé, tout au moins pour certain titre, comme un album d'Immortal. Il n'aurait en effet guère dépareillé comme successeur d'"All Shall Fall", dernier disque du groupe norvégien avec Abbath au chant. Comment ce second opus allait il évoluer, en étant composé dès le départ comme un projet à part ? Réponse : quasiment de la même façon ! Soyons clairs, Immortal nous l'a joué à la Rhapsody, on a désormais 2 groupes étant tous les 2 en quelque sorte la suite des albums d'antan. De la même façon, son ancien side project "I" sonnait totalement comme un album d'Immortal.

Ce nouvel opus, très court, moins de 40 minutes, rappelle la brièveté des albums de punk ou des tout premiers Slayer. L'imagerie Lovecraftienne a remplacé la mythologie nordique. Désormais, Abbath préfère sonder l'âme humaine via le bias du mysticisme.
Musicalement on a un black metal assez soft et atmosphérique, plus heavy que malsain, à la production très propre. Les nostalgiques de "Pure Holocaust", passez votre chemin ! L'album s'écoute sans problème d'une traite et les titres s'enchainent sans répit ! "The Artifex", "Harvest Pire", "Land Of Kherm", "Hecate" et "Outstrider" ne laissent pas une minute de repos à l'auditeur. Les soli heavy old school tempèrent l'ambiance black metal. Certains breaks plus calmes et épiques rappellent également Enslaved et Bathory. Ce dernier groupe étant d'ailleurs repris avec "Pace Till Death" qui cloture l'album de bien belle manière. Bien qu'on aurait pu espérer quelque chose de plus original comme choix de titre. A ce niveau là, Dimmu Borgir est plus imaginatif en reprenant des groupes issus d'autres mouvances musicales, c'est un peu le choix de la facilité. Mais c'est également l'esprit Immortal de ne pas chercher la fioriture et d'aller à l'essentiel. Et quelque part, ça fait la marque du combo !

Avec ce nouveau disque, Abbath confirme qu'il est toujours dans le game et le duel qu'il nous livre face à ses anciens camarades d'Immortal est réjouissant en permettant d'avoir deux excellents combos à la fois. Son black teinté de heavy marque les esprits sans lasser, de par sa brièveté. Clairement, il en a encore en lui et risque d'encore pouvoir composer quelques bons albums. La retraite, c'est pas pour demain !

4/5


jeudi 18 juillet 2019

[INTERVIEW] OXY et JAE d'Asylum Pyre pour la sortie de "N°4"

Pouvez vous nous décrire votre nouvel album ?

OXY : Notre nouvel album, intitulé "N°4" s'inscrit dans la lignée des trois premiers albums et évoque des thématiques comme l'écologie, ou encore la nature humaine. Un titre comme "Borderline" fait référence à cela. Toutes les paroles y font référence, ce qui en incombe à Johan. Dans l'intrigue, on est en 2052, dans un monde pré-apocalyptique, sur le point de faillir. C'est un monde violent et cynique, évoquant de très près celui dans lequel nous vivons actuellement. Ce qui explique donc la pochette avec le masque à gaz et la référence ironique à "N°5" de Chanel.

Comment gérez-vous les reprises des anciens morceaux ?

OXY : Je ne les ai pas encore tous expérimenté, mais s'il y a un passage sur lequel je ne suis pas à l'aise, je peux le modifier, mais cela reste assez rare. Ce n'est pas tant une question de tessiture rock, mais plutôt d'appropriation.

JAE : Certaines choses sont en cours. On a joué récemment sur scène "These Trees" du deuxième album et on a revu certains arrangements pour coller au niveau du son qu'on a actuellement.

Comment s'est passé le recrutement des nouveaux membres ?

Johann : Après la sortie de notre précédent album, lorsqu'il a fallu tourner, on n'avait plus de batteur et une amie nous a présenté Thomas. Ca s'est très bien passé et donc il a continué. Quelque part, c'est le deuxième plus ancien. Quand on est parti ensuite en tournée avec Turilli, il nous a fallu un bassiste. L'enregistrement de "Spirited Away" a été très dur, pour X raisons, on n'était pas bien dans nos vies, beaucoup sont donc partis. On a donc recruté Pierre-Emmanuel Pélisson à la basse et maintenant il est à la guitare. En fait, ça s'est fait à chaque fois au moment de lives, Fabien c'est pareil. On avait une date au Metaldays en Slovénie, plus de bassiste, on a fait appel à quelqu'un et concernant Oxy, un ami nous l'a présentée.

OXY, quel a été ton apport personnel sur cet album ?

OXY : C'est toujours difficile de répondre à ce genre de questions... Je pense que j'ai apporté mon humour ! [rires] La collaboration s'est faite avant tout humainement. Dans n'importe quel taff, tu peux bosser avec les meilleurs, mais si ce sont des casse-couilles, ils vont te faire chier en permanence. Tu prend un mec peut être un peu moins bon, mais avec qui tu peux avancer. Ce n'est pas vraiment ça qui s'est passé, mais en tout cas, humainement, on se comprenait ! J'ai ainsi pu y apporter mes influences, car on n'a pas forcément les mêmes, y compris en metal. Un de mes premiers CD, c'était "Dead Can Dance", j'aime beaucoup tout ce qui est choeurs polyphoniques et ce type de voix, que tu peux retrouver sur "Into The Wild" où tu as tout un tas de voix mêlées. Je viens également du jazz, donc j'aime bien quand ça groove.

Johann, vu que tu es le seul rescapé du line up originel, tu n'as pas carrément pensé à changer le nom du groupe ? 

OXY : Oui et non. L'idée nous a certes traversé l'esprit, mais on s'est vite rendu compte qu'il y a quand même une cohérence mélodique. Qu'il s'agisse des paroles ou de la musique, l'évolution est assez naturelle. Tout simplement parce qu'elle vient de moi ! Initialement d'autres gens amenaient des choses dans les premières moutures du groupe et là on va écrire un autre album bientôt, tous ensemble ! Le fil conducteur des paroles est évident quand on écoute les albums à la suite.

La production de "Spirited Away", votre précédent opus a été assez critiquée. L'avez-vous pris en compte pour "N°4" ?

JAE: : Comme je disais, on traversait une phase difficile, du coup on a quelque peu manqué de recul dessus, au point qu'on aimerait bien le réenregistrer ! Y'a de bonnes compos, de bonnes mélodies, mais l'ensemble n'est pas le résultat que je voulais. Du coup oui, on y a fait très attention pour "N°4" et on a cherché longtemps celui qui pourrait travailler dessus. On a donc écouté plein de productions différentes et il y avait toujours quelque chose qui n'allait pas, ou alors la personne ne comprenait pas trop notre musique. Et là on est tombé par hasards sur un gars, lors de la tournée de Turilli, qui nous a dit "Je fais du son". Bon tout le monde nous dit "Je fais du son", "Je fais de la photo", "Je fais de la musique"... Et donc un peu en désespoir de cause avec le batteur, on a quand même écouté et là on s'est dit "Mais ça défonce ce qu'il fait !". Donc on lui a envoyé nos démos, il a tout de suite compris ce qu'on voulait.

Le prochain album va-t'il encore évoluer musicalement ?

JAE : Il y aura forcément des évolutions.

OXY : Les derniers retours de l'album et la tournée avec "Demons & Wizards" nous ont permi de consolider le lien entre tous les nouveaux membres. Du coup, hormis Fabien qui nous a rejoint il y a peu, on avait déjà travaillé chacun sur "N°4", mais pas vraiment les uns avec les autres. Or là, y'a une synergie qui est en train de se créer. Plus Jo qui a déjà un répertoire de 300 chansons sur son ordinateur. Les influences qu'on a commencé à digérer ensemble, les orientations dont on a commencé à discuter, plus le fait que maintenant, on se connait et on sait ce qu'on vaut et ce qu'on aime...

JAE : Ce qui est compliqué dans le fait d'écrire un album d'Asylum, c'est que si on me laissait un an, je reviendrais avec 10 albums. Mais y'aurait un album de folk, un de black, un de power... Avec Asylum on a cette exigence de personnalité. De réussir à mélanger les styles, sans que ça devienne incohérent. De l'accroche sans tomber dans la pop trop mielleuse...

Y'a t'il des artistes avec lesquels vous aimeriez collaborer ?

JAE : Tellement en fait ! J'ai eu un gros pincement au coeur il y a 2 semaines avec le décès d'Andre Matos et c'est une de mes influences. On avait potentiellement prévu de le rencontrer dans les mois à venir... Parmi mes autres grosses influences, Tonwsend et Jon Oliva.

OXY : Moi j'adorerais faire un duo avec Nick Cave !

JAE : Dans ce cas là moi je veux Sia ! Ce serait un truc qui ferait bien chier ceux qui ne sont pas ouverts d'esprit.

Un mot pour la fin ?

OXY : François : Rend l'argent !!!

JAE : Et donne le nous pour le prochain album ! Et sinon "A bientôt sur scène et sur album".


vendredi 5 juillet 2019

Tungs10 - The Lost Manuscript

Quand on entend Steampunk, on pense généralement cosplays, vapeur, rouages, Jules Verne, conventions, japanimation... Il faudra désormais rajouter un petit groupe breton à la liste, Tungs10. Issue de Morlaix, la formation de metal mélodique propose un second album nettement mieux construit que son premier opus, alors le fruit d'un combo encore en construction et en pleine recherche d'identité.

Composé par un line up plus stable, consolidé par les lives et véritable travail de groupe, "The Lost Manuscript" est un concept album inspiré du Frankenstein de Mary Shelley, où chaque chanson résonne comme un chapitre du roman. Il ne s'agit pas d'une retranscription du classique littéraire, les personnages et le déroulement sont autres, mais l'inspiration est là. Proposant une classique alternance voix féminine douce/growls masculins, le chant de Tungs10 est accompagné d'une musique heavy teinté d'electro, de choeurs et d'orchestrations et d'un poil d'auto-tune sur la voix féminine pour donner un côté métallique siant à l'imagerie du groupe.

La spécificité du combo breton, en dehors de son imagerie, est d'utiliser une voix pop pour le chant féminin et un metal à tendance progressive rappelant parfois des groupes tels que Symphony X. Le fait qu'originellement le leader du groupe imaginait créer un groupe plus proche d'In Flames a également laissé quelques traces dans la façon de jouer et de mixer les guitares. Comme le veut la tradition des groupes à doubles vocaux opposés, la musique se veut donc tantôt heavy et incisive et tantôt aérienne et mélodique. Curieusement, la voix féminine semble plus à l'aise lorsqu'elle se trouve fondue dans le mix que mise en avant dans les passages calmes.

Si on aurait vite fait de rapprocher le groupe d'un Theater of Tragedy, Epica ou encore Visions of Atlantis, déguisé en cosplayers de la Japan Expo, Tungs10 est plus que cela. Ses multiples influences de jeux allant de Fear Factory à Orphanage en passant par Amaranthe et Blackbriar, le classe dans une catégorie à part. Le "steampunk metal" en plus d'être un mouvement assez rare n'est pas non plus un style musical (à l'instar du Visual Key), difficile de les rapprocher d'autres groupes évoluant dans les mêmes sphères comme Abney Park. Tungs10 sonne uniquement comme eux même et c'est en grande partie leur force !

Doté d'une production impeccable multipliant les ambiances, "The Lost Manuscript" est un album assez riche et dense nécessitant plusieurs écoutes pour bien assimiler l'univers décrit. Si certains choix artistiques ne feront pas l'unanimité, les effets de voix par exemple, ils sont en revanche totalement cohérent avec la démarche musicale. L'album est très sympa et fait voyager sur des terres inconnues. La musique semble particulièrement se prêter au live et on a hâte de voir comment ils réussissent à retranscrire leur univers visuel avec un budget qui n'est pas tout à fait celui de Rammstein. Les ayant loupé de peu en off du Hellfest, c'est avec une impatience non feinte que j'attend de découvrir le rendu live !

4/5




mardi 21 mai 2019

Amon Amarth - Berserker

Chroniquer un nouveau Amon Amarth, c'est un peu aller à l'aventure en drakkar mais en sachant pertinemment par où passer, comment ne prendre aucun risque et arriver sain et sauf. Métaphore assez peu subtile de ce que représente leur musique, ultra efficace... Mais un peu toujours pareille. Si vous aviez aimé "Jomsviking", leur excellent précédent opus, vous adorerez tout autant ce "Berserker" !

Suite à ce préambule quelque peu critique quant à la stagnation du groupe, mettons néanmoins un bémol sur leur légère orientation, encore plus mélodique, plus power metal et nettement moins death, hormis sur le chant. Cet adoucissement a à l'évidence perdu bien des fans depuis "Twilight of The Thunder God", mais nombreux sont resté à la barre, et bien d'autres les ont rejoint. Toujours dans cette mouvance "Power Death", "Berserker" est pour qui se laissera happer par l'album, un brûlot dense et passionnant dont on ne se lasse jamais ! Oui c'est toujours pareil, et alors pourquoi changer ? Voudriez-vous vraiment voir Amon Amarth s'essayer à autre chose ? Il y a bien des groupes qui aiment se réinventer et il y a certaines entités dont on aime être abreuvés à l'infini du même nectar ! Après tout, on ne demande pas à Jason de se réinventer, on veut juste le voir trucider des teenagers, c'est pareil ici.

Encore moins rugueux et bourrin que ses prédécesseurs, ce qui est curieux quand on parle des berserkers, les guerriers les plus violents de la mythologie nordique, ce 11ème opus des suédois est néanmoins puissant, épique, sombre et mélancolique. Des titres comme "Crack The Sky", "Raven's Flight" ou "Valkyria" transportent l'auditeur qui s'imprègnent de leurs textes toujours bien écrits dans un univers barbare et grandiose. Un death ultra mélodique (ou un power metal très agressif ?) parfaitement taillé pour le live et rendant grandement hommage à la voix caverneuse du toujours excellent Johan.

D'autres titres comme "Mjoner, Hammer of Thor" et "Shield Wall" renouent néanmoins avec ce côté death à l'ancienne. Il s'agit évidemment des morceaux les plus sombres de l'album, par la même occasion. "Fafner's Gold" et "Into The Dark" forment de parfaites introductions et conclusion à ce nouveau chapitre de la saga Amon Amarth.

Si l'album se révèle encore plus mélodique que les précédents et qu'on n'observe toujours aucune prise de risque dans leur style qui semble quelque peu se "mainstreamiser" (copyright sur ce néologisme), le talent d'écriture et de composition est tel qu'on peut difficilement bouder son plaisir, pour peu qu'on ne soit pas réfractaire au style. Un album ultra efficace, qui à défaut de révolutionner quoi que ce soit donnera énormément de plaisirs aux fans en manque de nouveauté de la part de nos vikings préférés !

4/5


dimanche 19 mai 2019

Rammstein - Rammstein

Après quasiment 10 ans d'absence, le groupe germanophone le plus populaire du monde (non pas Tokio Hotel, l'autre) revient donc enfin, avec son très attendu septième album ! Durant cette décennie le groupe n'a pourtant pas chômé. Puisque la tournée de l'opus précédent "Liebe Ist Für Alle Da" a duré plusieurs années et a eu droit à son dvd/blu ray live. S'ensuivi ensuite le best of "Made In Germany", accompagné d'un dvd/blu ray de l'intégrale des clips, avec chacun leur making off ainsi qu'un titre inédit "Mein Land". Best of qui a également eu sa tournée fleuve, avec également le concert en vidéo, à Bercy sur lequel on peut m'appercevoir dans la fosse.

En plus de ces deux tournées fleuves, Richard a sorti deux albums de son side project "Emigrate" et Till un album solo, produit par Peter Tatgren de Pain et Hypocrisy. Bref, ils n'auront pas passé 10 ans à Pattaya avec des ladyboys et de la coke ! Mais revenons en à nos moutons et à ce septième opus. Sobrement intitulé "Rammstein", ce disque éponyme est également accompagné d'une pochette on ne peut plus épurée (enfin si on peut, le White Album), symbolisant l'aspect pyrotechnique du groupe. Le fait de choisir un titre aussi neutre signifie également, du moins en théorie que cet album est censé représenter totalement ce qu'est le groupe.

En 6 albums, étalés sur près de 15 ans, Rammstein a en effet pas mal fait évoluer son son. Si on garde toujours une trame similaire de gros riffs indus lents et dévastateurs comme un marteau piqueur, ainsi qu'un phrasé à la limite du parlé, renforcé dans son aspect démoniaque par un accent bavarois très grave rappelant un passé peu glorieux de l'Allemagne, sur lequel le groupe aime régulièrement titiller (on se rappelle du clip de "Stripped"); l'enrobbage a en revanche changé à de multiples reprises. On a eu droit à de l'indus ("Du Hast")" à de la pop ("Stirb Nich Vor Mir" avec la chanteuse de Texas), du symphonique ("Mein Herz Brennt"), de l'electro rock ("Pussy") et quelques expérimentations farfelues comme "Te Quiero Puta". Cet album donc... C'est un peu tout ça à la fois !

Pot pourri des six opus précédents, ce "faux best of" est il donc à la hauteur de la décennie d'attente ?? Pour être honnête non. Pas vraiment. Les 2 premiers singles, "Deutschland" et "Radio" s'ils faisaient illusions grace à des clips super bien produits, comme à leur habitude, n'ont pas marqué les esprits musicalement. C'est sympa, mais ça sonne comme une chute de studios des précédents enregistrements. On a quand même des titres intéressants comme "Zeig Dich", "Auslander" ou "Tatoo", mais globalement, si on prend ces titres, les 2 singles et à la rigueur un ou deux autres sympathiques... On a quand même un gros creu dans l'album. Plusieurs titres mous. La sensation de chutes de studios ne se fait pas ressentir que par la ressemblance avec d'anciens morceaux, mais également par des durées parfois très courtes, moins de 3 minutes. On dirait tout simplement des morceaux pas finis, que le groupe aurait accepté de sortir pour faire plaisir à la maison de disque.

Si les morceaux les plus heavy de l'album vont faire sensation sur scène, beaucoup risquent de devenir des titres un peu oubliés de leur discographie. Cette sensation de truc sorti à la va vite est assez désagréable et si le fan peut trouve de quoi se satisfaire des quelques bons morceaux, ce n'est clairement pas l'album à donner au néophyte. On est loin de "Sensucht" et "Mutter". Si c'était le premier album de Rammstein, il est probable qu'ils n'auraient pas eu la carrière qu'ils ont actuellement. Le dernier album d'Oomph! est bien supérieur pour le coup ! Richard a affirmé qu'ils avaient enregistré suffisamment de morceaux pour sortir un 8ème album assez vite, sans repasser en studio trop longtemps... Mouais, pas sûr que ce soit rassurant ! Mais malgré tout, on a quand même hâte de revoir Rammstein sur scène, là où ils sont les maîtres incontestés!

4/5



jeudi 16 mai 2019

Asylum Pyre - N°4

Quatre ans après un très riche "Spirited Away", lorgnant sur l'ambiance des Miyazaki, les parisiens d'Asylum Pyre reviennent avec un nouvel opus sobrement intitulé "N°4". Après Ghibli, serait-ce une référence à Chanel ? Et le moins qu'on puisse dire c'est que l'évolution est de taille ! Que vous ayiez aimé ou non le précédent opus n'a donc que peu d'importance, il s'agit ici d'une toute nouvelle configuration pour le groupe.

Le changement de line up, assez conséquent, change la nature même du groupe. A commencer par sa frontwoman. Pour succéder à Chaos Heidi, c'est désormais Oxy Hart qui est derrière le micro. Le moins qu'on puisse dire, c'est que ça n'a plus grand chose à voir, le groupe va perdre des fans, sans doute, mais va aussi en gagner de nouveaux ! Différent n'est pas nécessairement synonyme de moins bon... Ni de meilleur d'ailleurs. Hormis le guitariste Johann Cadot, on ne retrouve plus tellement le style d'avant. On est passé d'un metal un peu progressif à de l'electro indus, avec des références allant d'Amaranthe à Rob Zombie. On retrouve pas mal de Maria Brink d'In This Moment chez Oxy également.

Mais passé le choc d'avoir un groupe totalement différent, est ce que c'est bien en fait Asylum Pyre 2.0. ?? Et bien franchement : oui !! Si l'album est sans doute moins varié que le précédent, ce n'est pas forcément un mal car il suit une ligne directrice à laquelle il se tient. Mais une ligne directrice assez souple tout de même et renforcée par un chant très puissant, alliant mélodie et technicité et ce dans différents styles, y compris le rap ! L'étonnant charisme de la nouvelle vocaliste jouant sans doute à 50% dans l'intérêt de l'album. Enlevez là, ça reste très bon... Mais plus conventionnel.

L'album se suit sans déplaisir, sans avoir besoin de skipper de pistes et s'offre même la présence de Yannis de Beast In Black. Derrière le côté electro énoncé précédemment, on retrouve l'énergie du Power Metal, alliée à une mélancolie gothique et à une efficacité pop. On regrettera juste la standardisartion des titres, aux structures relativement similaires.

Je vais être honnête, auparavant, je n'avais jamais trop prêté attention à Asylum Pyre, n'y jetant qu'une oreille discrète à l'occasion. C'était un groupe que je trouvais sympa, mais noyé dans un océan de groupes similaires. Cette nouvelle mouture offre plus de personnalité et à défaut d'être foncièrement original (ça ressemble pas mal à du Amaranthe par moments), c'est hyper efficace. Dans le cadre du metal français, c'est même une espèce rare, à protéger donc !

4/5


mardi 7 mai 2019

Waylander - Eriu's Wheel

Sept ans après "Kindred Spirits", Waylander est enfin de retour avec son nouvel album. Le groupe n'étant pas particulièrement productif, avec cinq albums à son actif en un quart de siècle. Et c'est comme si le temps ne s'était pas écoulé du tout pour eux !

Le style n'a pas changé d'un iota. L'album nous offre un pur condensé de leur savoir faire habituel. De bons riffs heavy, parfois plus bourrins, contre-balancés par des instruments folkloriques, tels que la flute ou la mandoline de douces mélodies alternant des passages faits pour headbanguer et la voix envoutante de son frontman ArdChieftain.

L'album parle du temps qui passe et des saisons, de la roue qui continue de tourner... Bref des paroles légères, adaptées au style jouée. On passe de douces ballades irlandaises comme avec gros riffs comme "The Vernal Dance", à des morceaux plus immersifs tels "As The Sun Stands Still" ou "Betline".

L'album assez court, un poil trop même, s'écoute facilement et d'une traite et garde sa ligne directrice. Il se termine par un morceau plus épique, "Autumnal Blaze", sonnant comme un générique de fin, concluant de fort belle manière ce disque. On regrettera néanmoins sa brièveté donc, mais également une absence totale de prise de risque.

C'est un album fort joli, mais déjà entendu 1000 fois. Il passera très bien en fond sonore lors d'une soirée assez calme, mais ne deviendra pas forcément un classique. En revanche il ne dépareillera pas dans leur discographie et constitue une excellente entrée pour les néophytes, afin de découvrir Waylander.

3/5


dimanche 5 mai 2019

Eluveitie - Ategnatos

Le combo suisse culte aura mis plus de temps qu'à l'accoutumée pour nous livrer ce très attendu nouvel opus. Suite aux départs d'Anna Murphy, Ivo Henzi et Merlin Sutter, Chrigel Glanzmann était un peu le seul maître à bord de ce qu'il restait du groupe. "Ategnatos" signifie renaissance et on comprend fort bien pourquoi au vu des événements !

Après nous avoir déjà prouvé que le nouveau line up du groupe était dans la droite continuité de l'ancien, tout en offrant à tous les membres de participer à la composition des morceaux, via leur dernier opus accoustique "Evocation II", Eluveitie revient donc avec leur premier album "normal" post-séparation. Eluveitie a choisi d’employer à nouveau Tommy Vetterli pour mettre en valeur la complexité instrumentale du groupe, assisté au mix par Jens Bogren (Arch Enemy, Opeth, Soilwork, At The Gates…). Ce choix s'avère évidemment payant tant la limpidité du son est évidente.

Mélangeant donc comme à son habitude le death mélodique à la suédoise à la musique traditionnelle suisse, le combo n'hésite pas à faire appel à Randy Blythe (Lamb Of God) pour le titre "Worship", un des plus bourrins de leur discographie. Mais cette violence est systématiquement nuancée par des passages ultra mélodiques que ne renierait pas Enya. On notera particulièrement le remarquable "Threefold Death" où la voix douce de Fabienne Erni contraste avec les futs déchaînés d'Alain Ackermann.

Mais le groupe ne tente pas contrairement à un Nightwish de trop rassurer ses fans quant à leur nouveau line up, en tentant un clone de leur oeuvre passée. En effet, il se sert de ses nouveaux membres pour expérimenter des choses qu'ils n'auraient jamais fait par le passé, n'hésitant pas à aller encore plus loin dans la pop qu'auparavant et tentant même des déviations vers le power metal. Le morceau "Breathe" par exemple ne manquera pas de déclencher des réactions très mitigées ! "Black Water Dawn" lui tente carrément le solo typiquement heavy metal traditionnel.

Si l'album est un poil trop long et donc par moments redondant, il n'en reste pas moins hyper bien produit, riche, varié, dansant, sombre, lumineux et heavy. Eluveitie prouve qu'il en a encore sous le coude et ne reste pas sur ses acquis, prend des risques tout en respectant son passé. Un album polyvalent sublimée par la nouvelle vocaliste Fabienne Erni, d'une rare perfection dans tous les styles abordés.

4/5


mercredi 24 avril 2019

Lords Of Chaos

Basé sur le bouqin culte sorti en 1998, publié chez nous aux éditions Camion Blanc, Lords of Chaos revient sur les débuts pour le moins mouvementés du légendaire groupe de Black Metal norvégien Mayhem, et par association de Burzum également, en passant en revue toutes les anecdotes connues sur le sujet.

Le film assume dès le début être une reconstitution plus ou moins fidèle, prenant certains parti pris, illustrant certaines rumeurs pas forcément fondées, occultant d'autres faits établi. C'est comme ça, les biopics musicaux ne sont jamais 100% conformes à la réalité. The Dirt et surtout le très romancé Bohemian Rhapsody nous l'ont bien montré. Mais ici, ce n'est pas aussi excessif dans le lissage. En effet, le film va au contraire insister sur les éléments les plus sales et malsains du groupe, quitte à délaisser grandement la musique.

Soyons clairs, ce film n'est pas mainstream et n'est pas à montrer à n'importe qui. Il est peu probable, contrairement au film sur Queen que si votre mamie tombe sur Lords of Chaos elle devienne par la suite fan de Mayhem et Burzum. Avec sa photographie terne (surprenante venant d'un réal tel qu'Akerlund, connu pour ses clips de metal assez soignés, ayant également bossé avec Lady Gaga) et une mise en scène très typée "Sundance", le film n'est clairement pas attrayant, il faut vouloir le regarder ! Principalement, il s'addresse donc à des gens connaissant déjà un minimum l'histoire, ou au moins s'y intéressant un minimum.

Revenons donc un instant sur l'histoire, on y voit donc l'arrivée et le suicide d'un Dead complètement halluciné (excellente performance d'acteur), la "création" du son "True Norwegian Black Metal", le recrutement de Varg Vikernes, la fondation du label d'Euronymous, les coulisses de l'Inner Circle, les oppositions idéologiques entre un satanisme de façade pour se donner une image "evil" et un anti-christianisme revendiqué et pratiqué, exhutoire d'adolescents immatures et mal dans leur peau allant beaucoup trop loin dans leur délire. Le film se termine évidemment par le meurtre d'Euronymous par Varg. Si les acteurs sont loin d'être tous particulièrement ressemblants, les performances sont en revanche à saluer. Surtout ceux jouant Varg et Dead. Rory Culkin (oui oui, le petit frère de Macauley) n'est pas en reste également dans son rôle de manipulateur superficiel, suggérant des "trucs evil" qu'il ne commettra jamais lui même, tout étant dans le paraître, mais n'hésitant pas une seconde à s'attribuer les mérites de ce Dead et Varg ont pu faire. Quitte à créer des frictions terribles !

Et c'est sans doute sur ces choix narratifs que le film divisera le plus, entre les pro Euronymous et les pro Varg. Car, aussi surprenant que cela puisse paraitre il y en a. Il n'y a pourtant qu'à lire les interviews surréalistes du bonhomme depuis qu'il est sorti de prison, pour savoir que c'est un sale type de la pire espèce. Ainsi le choix du film est de faire de lui l'archétype du blackeux bête et méchant prenant tout le folklore BM au premier degré, là où Euronymous n'est qu'une rockstar ayant trouvé un crénau. Ces partis pris qui influenceront forcément les spectateurs pourront donc déranger selon ce qu'on a choisi de croire. Tandis que ceux qui découvrent l'histoire par ce biais auront forcément une vision s'alignant sur celle que présente Akerlund.

On notera néanmoins dans les défauts du film, la mise de côté de l'aspect musical, car avant d'être des assassins brûleurs d'églises, Mayhem est avant tout un groupe ! Si on a quand même droit à une séquence sympathique de répétition et à une ou deux scènes de concerts, c'est très secondaire dans l'intrigue. Pour ce qui concerne Burzum, on ne voit absolument rien de ce côté là, ce qui est très frustrant. La partie sur l'Inner Circle est assez floue également. Si on ne connaît pas l'histoire, on y voit juste une bande d'ados rebelles assez pathétiques, voulant former leur propre groupe contre la société. Ce qui est assez réducteur, l'aspect idéologique passant à la trappe. On ne comprend également pas du tout contre quoi ils veulent se rebeller, ils sont tous d'un milieu bourgeois, ne manquent pas de fric, n'ont aucun soucis particulier (à part Dead qui était complètement fou), ont un groupe qui plait, se tapent plein de nanas sans arrêt. De quoi se plaignent ils exactement ?? Clairement le film a foiré cet aspect là en montrant juste une bande d'abrutis, dont seul Euronymous semble lucide...

Lords of Chaos est un film bourré de défauts. La faute à des choix narratifs douteux, des approximations biaisés et pas mal de mauvaise foi. Mais il comporte suffisamment de prises de risque pour contrebalancer ces caricatures. Les acteurs sont pour la plupart assez corrects et pas mal de faits et d'anecdotes (notamment celle sur le patch Scorpions de Varg) connues des fans y sont retranscrites. Si ce n'est pas le biopic ultime qu'on aurait souhaité et qu'on peut même être déçu du visuel avec un réalisateur habituellement si doué, il faut bien reconnaître que ça tient malgré tout du miracle que ce film existe et soit aussi violent et sans concession ! Alors plutôt que de faire les puristes, il faut saluer l'initiative, peut être ainsi que d'autres oeuvres du même genre verront le jour, de meilleure qualité peut être ? Un film pas parfait, mais intéressant et qui a le mérite d'exister, d'un nihilisme surprenant venant d'Hollywood !

3.5/5



mardi 2 avril 2019

Battle Beast - No More Hollywood Endings

Quelques semaines après avoir chroniqué le kitschissime nouvel opus du groupe dérivé Beast In Black fondé par Anton Kabanen, ancien de Battle Beast voilà déjà que ces derniers sortent un nouvel album. Le guitariste sus mentionné avait quitté le groupe, selon ses dires, pour divergences musicales... Il est donc assez cocasse d'écouter les 2 albums à la suite pour se rendre compte qu'il n'a pas été particulièrement honnête pour le coup.

En effet, à l'exception de la chanteuse elle même, musicalement c'est ultra proche ! Les défauts qu'on peut reprocher à l'un ou l'autre des combos se retrouvent dans l'autre. On a donc encore affaire à un pur album de heavy 80's bourré de synthé, très radio friendly et pop, avec également des passages symphos et des power ballades à l'ancienne. Ca sonne comme une potentielle B.O. de Rocky 4... C'est du tout bon pour les amateurs du genre ! Que le père Anton ait quitté le groupe entre temps n'y change rien, le léger changement de direction de Battle Beast, vers un style hard FM/heavy pop est similaire à ce qu'il fait de son côté. Il est plus probable qu'il se soit plus simplement brouillé avec les autres membres pour raison personnelle.

Alors soyons clairs, ceux qui veulent du pur heavy "couillu" risquent d'être déçu, il y a de ça, mais pas que. Battle Beast ne cherche pas à être le plus technique ou "true" possible, mais tout simplement à se faire plaisir. S'enchaînent donc des hits d'un autre âge, qui ne dépareilleraient pas dans Ready Player One aux côtés de "Jump" de Van Halen, des chansons typées Nightwish des débuts, mais avec une voix à la Doro, des ballades Scorpionnesques avec une voix féminine... Pour peur qu'on adhère aux choix artistiques, c'est du tout bon, aucun filler sur l'album ! En revanche, les amateurs du groupe à ses débuts privilégieront sans doute d'avantage un écoute type playlist, ne sélectionnant que leurs titres préférés et les rajoutant à des titres de précédents albums pour se faire une "playlist Battle Beast". En tous les cas, il est fort probable qu'au moins 2 ou 3 titres de cet album puissent plaire au plus grand nombre.

Un album fun, hyper généreux, pour nostalgique des 80's, très bien produit et varié mais qui du coup déplaira aux amateurs d'albums homogènes, ainsi qu'à ceux aimant les produits moins calibrés mainstream. Oui l'album est assez pop, et alors ? C'est très similaire à son groupe concurrent Beast in Black... Mais avec une meilleure voix !

4.5/5


jeudi 14 mars 2019

Children Of Bodom - Hexed

Quatre ans après leur dernier opus, "I Worship Chaos", l'inclassable combo finlandais est enfin de retour avec un 10ème album pour le moins revigorant ! Après plusieurs albums de plus en plus mélodiques, la bande d'Alexi Laiho fait marche arrière et revient à un style plus technique et rythmique que jamais.

Ce changement d'orientation est possiblement due à l'arrivée du guitariste Daniel Freyberg (Naildown, ex- Norther). L'album démarre en trombe avec le titre "This Road", morceau heavy à souhait à la précision chirurgicale, qui comme son nom l'indique est inspiré par des années de tournées "sur la route", d'où cette impression de son plus organique.

Cette impression se poursuit sur les titres suivants, qui cela dit alternent morceaux punchy comme “Under Grass and Clover", également riche en arrangements symphoniques et autres plus "melodeath" comme “Hecate’s Nightmare”. De par sa technicité, l'album ne verse que rarement dans la facilité. Il n'est guère difficile d'accès, mais demande néanmoins une certaine attention... A l'exception bien évidemment du single titre "Hexed", ultra efficace, sonnant purement comme ce qu'on attend du nouveau Children of Bodom. Un morceau classique, fait pour faire découvrir le groupe aux petits jeunes, mais qui ne sera clairement pas parmi les préférés des anciens fans. Ils se pencheront peut être plus sur une chanson comme "Knucklebuster", assez atypique sur le groupe, où Laiho fait montre d'une rare maîtrise de son instrument.

On pourra reprocher néanmoins à Children d'avoir mis tous ses morceaux les plus efficaces dans la première moitié de l'album, cela rend l'écoute de l'ensemble un poil ennuyeuse sur la fin. Les morceaux individuellement sont bons, mais le choix de l'ordre des pistes manque de rigueur. Une lecture en mode aléatoire lui rendrait peut être plus justice.

"Hexed" n'apporte pas particulièrement grand chose à la discographie déjà exemplaire de Children of Bodom, mais réussi néanmoins à revigorer un style qui après avoir connu moult évolutions commençait à stagner. Mélange de hits imparables et de morceaux plus exigeants, ce dixième opus met plus en avant l'aspect technique qu'à l'accoutumée, mais ne délaisse pas pour autant la mélodie. Ses tubes lui permettront de toute façon d'attirer de nouveaux fans, sans s'aliéner les anciens. Un bon album de plus. 

3.5/5


mercredi 6 mars 2019

Delain - Hunter's Moon

Décidément, Amaranthe influence de plus en plus les groupes de metal à chanteuse ces derniers temps. Après Within Temptation ou même Sirenia, voici que Delain, le combo du beau frère de Sharon Den Adel s'engouffre lui aussi dans la vague electro metal. Alors ici, il ne s'agit pas d'un véritable nouvel album, mais d'un E.P. de 4 titres, combiné à un album live. Difficile de dire si ces titres donnent un apperçu ou pas du nouveau son à venir, bien que ce soit probable.

Passons rapidement sur la partie live, bien interprétée et bien mixée, rendant hommage aux versions studios. Ceux qui n'ont pas eu la chance de voir le combo battave sur scène peuvent se rendre compte de l'énergie que la belle Charlotte met dans ses morceaux. Ce n'est pas rigoureusement identique aux chansons que l'on connait sur les albums, la part de réinterprétation est là, mais on y retrouve globalement leur esprit, dans un style privilégiant l'énergie à la justesse à certains moments.

Pour ce qui est des morceaux inédits donc, on retrouve tout à fait ce qui faisait le charme des albums précédents (je met à part "We Are The Others" plus orienté pop rock que metal), mais avec une grosse louche d'euro dance. Bon, ce n'est évidemment pas aussi marqué que chez Amaranthe dont c'est le style de prédilection et Delain avait déjà mixé de l'electro à leurs morceaux par le passé à de nombreuses reprises, mais c'est un gros pas en avant qui est fait là. Leurs précédents E.P., "Interlude" et "Lunar Prelude" annonçaient clairement la couleur des L.P. à suivre, au point de remettre des morceaux sur l'album d'après. Si tel serait à nouveau le cas, on peut se demander s'il est utile d'acheter ce CD. En effet, si tous les titres sont à nouveau sur l'album, seuls les morceaux lives justifieraient l'achat. Au pire attendez que l'album sorte et ensuite, décidez si ça vaut le coup de prendre également ce CD. Si les morceaux restent exclusifs à cet album en revanche, l'achat est indispensable pour les fans.

Des refrains archi efficaces, mêlant chant pop, riffs metal et boucles electro, avec une prod surpuissante et accrocheuse, des passages plus heavy avec des gros riffs, soli épiques... Un CD mêlant mini album et album live dont l'achat n'est possiblement destiné qu'aux collectionneurs et gros fans du groupe mais qui en tous les cas mérite une écoute attentive. 

4/5


vendredi 1 mars 2019

Tyr - Hel

Cela fait 6 ans, depuis l'excellent "Valkyrja" que les féroéens de Tyr n'avaient plus sorti d'album. Pour ce 8ème opus, le line up a encore une fois été quelque peu remanié. Attila Vörös (Nevermore, Bloody Roots - guitare) et Tadeusz Rieckmann (Dalriada - batterie) ont rejoint les rangs du groupe.

Musicalement, pas de gros changement néanmoins. Tyr a son style et s'y tient. Longs titres lancinants avec choeurs guerriers côtoient des titres plus épiques. Des rythmes heavy à la Iron Maiden superposent des ambiances folks du plus bel effet. Ceux qui aimaient déjà le groupe ne seront pas dépaysés par les nouveaux membres. La voix tantôt claire, tantôt éreintée d'Heri Joensen permet de coller aux multiples émotions que l'album propose. Il est toujours juste.

Mais que dire de plus qui n'a pas déjà été dit auparavant ? Parler de la qualité de la prod, arrivé au 8ème album ne sert à rien, c'est un pré-requis. L'album est tel qu'on l'espère d'un groupe du genre, pas foncièrement différent de ses prédécesseurs, mais pas identique non plus. L'album est suffisamment varié pour ne pas lasser, alternant les titres en anglais et ceux dans leur langue natale, "Ragnars Kvæði" et "Alvur Kongur", power ballade Scorpionesque avec "Sunset Shore" et morceau plus ambiancé et épique comme "King of Time".

"Hel" ne révolutionnera pas le folk metal, ni même la discographie de Tyr. Néanmoins il ne dépareille pas et reste de très haute facture. Il ne fera pas changer d'avis les réfractaires au style mais enchantera les amateurs. De l'efficace, sans fioriture, qui fait du bien de temps en temps ! 

3.5/5



Rhapsody Of Fire - The Eighth Mountain

Douzième album des italiens de Rhapsody Of Fire, en excluant les albums sortis sous le nom Luca Turilli's Rhapsody qui sont considérés comme un projet à part, "The Eight Mountain" est le troisième album du groupe depuis le départ du guitar hero sus mentionné, mais également le premier d'une nouvelle saga à suivre sur plusieurs albums. Rappelons que le combo a sorti 2 sagas à ce jour : "Symphony of Enchanted Lands" regroupant grosso modo leurs 6 premiers albums puis "The Dark Secret" englobant les 4 albums suivants et l'E.P. "The Cold Embrace of Fear", dernier avec Luca. Suivirent donc 2 albums autonomes "Dark Wings of Steel" et "Into The Legend", sortis en concurrence avec les albums de l'autre Rhapsody, celui de Turilli. Ce nouvel opus marque donc leur 3ème saga, mais plus important encore, le premier avec leur nouveau chanteur, Giacomo Voli (Teodosia). Remplacer Fabio Lione après 20 ans de bons et loyaux services ne sera pas une mince affaire. Anecdote étrange, Fabio rejoint néanmoins l'autre groupe Rhapsody !

Ayant déjà chanté en tant qu'invité dans divers combos, dont Rhapsody Of Fire dans les choeurs du précédent album, Giacomo en dépit de son relatif anonymat n'est donc pas un nouveau venu. Doté d'une puissante voix heavy, capable de monter dans les aigues, sans sonner trop "gay" pour autant (on n'est pas chez "Beast In Black"), il fait très vite oublier le légendaire Fabio Lione. Sa voix n'est pas identique, mais ils chantent dans un registre similaire, à une différence près, Giacomo sait prononcer l'anglais sans accent italien ! Après ça donne son charme au chant de Fabio, mais par moment, il faut avouer que ça rendait plus kitsch qu'épique pour peu qu'on comprenne l'anglais.

Musicalement, après 2 albums entièrement pilotés par Alex Strapoli, le claviériste, Rhapsody Of Fire tournait en rond. Souffrant du départ de Luca Turilli qui co-composait et écrivait les textes, le style stagnait, singeant les albums précédants, par des titres trop consensuels, cherchant trop à imiter le style Turilli. Avec Fabio Lione encore en moins, ainsi qu'Alex Holzwarth, batteur depuis 1998 dans le groupe, peut on encore dire qu'il s'agit de Rhapsody ? Surtout maintenant que Fabio a rejoint Luca Turilli... Et bien... Oui et non ! Le fait de revenir à une structure en acte, avec une histoire devant se construire sur au moins les 2 prochains albums fait forcément ressembler cet album plus à du Rhapsody. De plus, il y a toujours un des 2 compositeurs originels. Mais, le line up hormis lui a entièrement changé et surtout, Strapolli a enfin trouvé son style de composition en solo. Là où Luca Turilli a eu l'avantage pour sa version de "Rhapsody" à lui d'avoir déjà sorti 3 albums solos auparavant, plus un autre side project, "Dreamquest", dont on attend toujours une suite... Cette maturité retrouvé chez le claviériste se ressent dans les compositions, le renouveau apporté par le line up l'aidant peut être à ne plus autant se raccrocher à une gloire passée. "The Eight Mountain" est tout simplement le meilleur album post Turilli du combo, et oserais-je le dire ? Leur meilleur album depuis au moins "Triumph of Agony" !

Alternant titres speed metal, power ballades, morceaux crescendo à rallonge passant par tous les styles et hymnes power metal rappelant des groupes plus récents, ce nouvel opus parfaitement homogène se suit en n'ayant aucune connaissance des paroles, mais s'en retrouve enrichit. Plus qu'un simples gimmick, celles ci, mieux écrites qu'à l'accoutumée pour le combo trouvent à la fois une résonnance en tant que titres à part entière, comme en tant que chapitre d'une oeuvre plus grande. Le nouveau line up a su parfaitement retranscrire l'essence du Rhapsody original, sans chercher à l'imiter, on a donc un Rhapsody 3.0., qui aura forcément ses détracteurs, mais saura séduire bien des réfractaires aux nouveaux membres.

Un grand album, tout simplement !

4.5/5


jeudi 28 février 2019

Lux In Tenebris - To A New Eternity

Première sortie du projet metal symphonique orchestré par Marion Lamita-Peubey (ex Darkonelly), "To A New Eternity" est peut être LA découverte française du moment ! Quasi entièrement conçu par une même personne, aussi bien dans ses mélodies que dans ses paroles, l'album est à l'image de sa créatrice et interprète, un mélange de mélodies lyriques, de mysticisme, de douceur et de puissance. Quelque part entre l'ésotérisme de Therion et la douceur de Leaves' Eyes, l'EP du haut de ses 7 titres nous renvoi à nos propres contradictions, symbolisées aussi bien par ses paroles que sa musique, mélange de multiples influences tant opposées que complémentaires, tel le yin et le yang.

La lumière au sein des ténèbres (d'où le nom du groupe), le bien dans le mal, ne pas céder à la fatalité, sont autant de thèmes, racontés sur un mode fantastico-mythologique, évoquant divers croyances dont celles de l'Egypte Antique, ou encore l'Ancien Mystique Ordre de la Rose Croix. Tout cela se ressent dans le choix des instrumentations symphoniques, fruit du mélange de différents folklores.

La production, surtout pour un premier essai est particulièrement professionnel, le mixage met en valeur la plupart des instruments, l'espace sonore est bien rempli, mais rarement surchargé, rien n'est noyé dans le mix. Il n'y a certes pas encore la clarté d'un "Once" de Nightwish, mais c'est déjà plus que prometteur et supérieur à pas mal d'autres groupes plus anciens du style. Les titres ne sont pas les plus variées du monde non plus, mais liés par un même concept, ça ne lasse pas, d'autant plus qu'il n'y a que 7 titres. En plus de la voix de Marion, son compagnon Tony Erzebeth pose ses grunts sur le disque, ainsi que des passages narratifs, rappelant encore une fois le Leave's Eyes d'antan avec Liv.

Laquelle, et c'est justement la surprise de cet EP est d'ailleurs présente en duo sur le titre "The Grand Design". L'ancienne interprète de Theater of Tragedy, qui manque cruellement à la scène ces dernières années semble depuis quelque temps refaire surface, après avoir chanté en duo sur tout l'album de sa soeur dans Midnattsol. En dépit des tragédies personnelles récentes qu'elle a vécu, elle est toujours là ! Les 2 voix se marient plutôt bien sur le titre, bien qu'elles n'aient pas forcément le contraste vocal le plus saisissant du monde. On est plus sur une complémentarité jouant sur les nuances entre les deux, un peu comme justement sur l'album de Midnattsol.

Du haut de ses 5 chansons et 2 titres instrumentaux, plus qu'une simple démo pour un groupe émergeant, "To A New Eternity" est un authentique bon disque de metal sympho, plus que prometteur pour le premier album long à venir, dont le thème devrait être Marie Antoinette. Un guest de Kirsten Dunst à prévoir ? Seul l'avenir nous le dira, mais vu l'audace dont fait preuve cet EP, tout porte à croire que Lux In Tenebris réserve encore bien des surprises. En espérant juste que sa carrière soit plus longue que celle de Darkonelly, le précédent groupe de Marion. 

4/5


vendredi 15 février 2019

Beast In Black - From Hell With Love

A peine plus d'un an après la sortie de leur premier album, inspiré par le manga Berserk, les finlandais de Beast In Black sont déjà de retour avec ce second opus. Soyons clair, la formule n'a pas changé d'un iota, si vous aviez aimé le premier, vous aimerez tout autant celui là. Sinon, changez de groupe.

Pour ceux qui n'ont pas lu ma chronique de "Berserker", petit rappel des faits, Beast In Black est fondé par Anton Kabanen, que j'avais interviewé pour l'occasion, ex membre de Battle Beast, groupe de pur heavy 80's, qui en désaccord avec le (léger) changement d'orientation du groupe, a décidé de faire bande à part et de former son propre groupe pour jouer la musique qu'il aime. C'est à dire en gros un mix de Glam Metal 80's ultra kitsch avec des influences plus modernes comme Sabaton et une grosse louche d'euro pop.

On remarquera toute l'ironie pour un groupe musicalement aussi soft de s'inspirer de mangas aussi archi violents que Berserk pour le premier opus et maintenant Ken le Survivant pour ce second ! Toujours aussi ridiculement délirant, ce second volet lorgnant régulièrement vers Meat Loaf ("Cry Out For A Hero"), nous offre donc pléthores de refrains accrocheurs mais ô combien kitschs, la ballade ridicule "Sweet True Lies" et ses paroles d'une niaiserie rappelant les Bee Hive" (mais si, rappelez-vous, le groupe de Mathias, dans Lucile, Amour et Rock'n'Rol").

La bonne humeur de l'ensemble, dans un délire faussement premier degré à la Manowar, nous rappelle donc inévitablement par son kitschs excessif les délires d'un Steel Panther, le chanteur avec sa voix de castra irritera toujours ceux qui ne peuvent pas piffrer Judas Priest, mais pour ceux qui adhèrent à tous ces excès, l'album est franchement bon, quasi jouissif par moments. A écouter évidemment dans son édition collector, qui comprend une cover de "No Easy Way Out", le tube de Rocky 4 ! 

4/5



jeudi 14 février 2019

Within Temptation - Resist

Cinq ans aprè un "Hydra" particulièrement hétérogène, sonnant comme un mix de tous leurs albums précédents, les vétérans du metal symphonique hollandais sont enfin de retour avec ce 'Resist', après un petit apparté pop en solo de sa chanteuse l'an dernier. Il y a plusieurs types de groupes, dans le sympho y compris. Ceux qui ne changent jamais de style, estimant que "c'est ça qu'on attend d'eux", un peu comme Epica qui après des débuts tonitruants s'embourbe dans des albums de plus en plus répétitifs et ceux qui se réinventent sans cesse.

On peut dire de certains groupes qu'ils "se cherchent" quand leur son évolue et fini par se stabiliser une fois sorti un gros carton, on pensera plutôt cette fois ci à leurs rivaux de Nightwish, qui après avoir pas mal évolué jusqu'à "Once" a décidé par la suite de refaire cet album en boucle en changeant juste de chanteuses. Within, au bout de 7 albums (8 en comptant leur album de reprises), clairement s'ils se cherchent encore, c'est qu'ils sont définitivement perdus ! Non, on parle dans ce cas là de groupe se réinventant sans cesse, quitte à parfois ne pas faire mouche.

Leur premier opus sorti en 97 "Enter" (et l'E.P. qui a suivi) était dans une veine dark gothic metal à tendance doom avec alternance chant clair et guttural, de type Theater of Tragedy. Changement radical dès l'opus suivant "Mother Earth" en 2000 qui zappe les growls et passe à une ambiance féérico-fantasy à la Disney. Seule la voix sur-aigûe à la Kate Bush de Sharon Den Adel rappelle qu'il s'agit du même groupe. "The Silent Force" en 2004 mettait l'emphase sur les orchestrations symphoniques surpuissantes et une ambiance plus mélancolique à la Burton. En 2007, "The Heart of Everything" testait lui une approche "à l'américaine", plus nü metal et "The Unforgiving" en 2011 effectuait lui un virage electro-pop. Puis finalement en 2014, "Hydra" offrait un peu de tout ça. Que nous apporte donc ce "Resist" ?? Et bien si "Hydra" nous remettait en quelque sorte une ou deux chansons de chacuns de leurs styles précédents, ce nouvel opus lui crée un "nouveau" style en mixant toutes ces influences. Le côté pop est très présent (trop ?), mais avec des gros riffs à l'américaine, légèrement sous mixés pour mettre en avant le synthé. Les choeurs et orchestrations sont toujours présents mais plus en retrait, tout comme les "Oooh oooh oooh ooooh" légendaires de Sharon, grandement diminués, son chant est plus grâve que jamais.

L'album est parfaitement homogène, à l'exception de la ballade de cironstance et d'un morceau assez étrange ("Firelight"), on a une harmonie globale, pour peu qu'on adhère au style proposé. Et c'est là que le bas blesse, en tout cas pour moi. J'ai toujours adhéré à leurs différents changements de styles, souvent dus aux multiples changements de line ups, car on retrouvait toujours une constante, Sharon et le lyrisme. Or, sans doute depuis son album solo "My Indigo", la vocaliste n'a clairement plus sa voix d'antan. Est-ce dû à l'âge ou n'est ce qu'une volonté artistique d'explorer d'autres horizons ? Le fait est que j'accroche tout simplement beaucoup moins. Les morceaux sonnent plus comme du Muse que comme du Within Temptation et c'est pas vraiment ce que je recherche. C'est un album ultra calibré pour les radios.

Selon les goûts des auditeurs et l'ouverture d'esprit des fans, cet album passera... Ou cassera ! "Resist" est, désolé du terme ultra galvaudé, hyper commercial, très bien foutu mais passe partout et sans âme. Le talent de composition et la perfection de la prod font que le rendu est excellent, donc ça sonne très bien. On peut évidemment saluer, comme à l'accoutumée la prise de risque artistique, de changer encore une fois leur son, mais on peut également se demander s'ils n'ont pas évolué vers un style plus accessible, plus grand public, au détriment de leur intégrité. Un album qui, peut être, nécessitera une plus longue digestion et pas mal d'écoutes, afin de mieux être assimilé et de se faire une opinion plus définitive dessus. L'avantage c'est que comme ils se réinventent sans cesse, le prochain album me plaira peut être plus ! 

3/5


vendredi 1 février 2019

Skald - Le Chant Des Vikings

Bien qu'ayant reçu l'album il y a déjà un mois, il y a de ces albums qu'on doit laisser refroidir pour plus d'objectivité et éviter de trop s'emporter à chaud. "Le Chant des Vikings" est de ceux là. Une claque sortie de nulle part (enfin de la région nord-est, façon de parler) sur un sujet pourtant maintes fois abordés par d'autres combos comme Manowar ou Amon Amarth... Mais la différence est dans le traitement !

Thème archi populaire ces dernières années, que ce soit via le héros Marvel où la superbe série Vikings, la culture nordique revient ici en force, dans la lignée plutôt d'un Wardruna, dans sa recherche d'authenticité, en chantant dans la langue norroise. Christophe Voisin-Boisvinet, producteur et compositeur du combo a eu du nez en dégotant trois vocalistes d'exceptions, pour une multiplicité d'ambiances.

Abordant donc le thème des scaldes (sortes de bardes vikings), Skald chante donc l'héritage norvégien et ressort donc l'étendart des instruments traditionnels de circonstance, qu'ils s'agissent de percussions tribales ou d'instruments à cordes comme la lyre ou la harpe. Si mes connaissances en norrois sont quelque peu limitées (comme tout métalleux, je sais juste trinquer quoi !), l'ambiance ressortant de ces douces mélodies est palpable et on se prend ldéjà à chevaucher son cheval (ou sa walkyrie) avant d'entrer au Valhalla !

Fort de 13 titres passant par toutes les palettes d'émotions, "Le Chant des Vikings" est un album varié mais homogène, ressemblant quelque peu à Wardruna ou encore aux albums accoustiques d'Eluveitie, qui sonne authentique (difficile de savoir qu'ils sont Nantais si on ne nous le dit pas !) et peut passer aussi bien en musique de fond lors d'une soirée, qu'en B.O. d'un jeu de rôle, ou évidemment lors d'une écoute au casque, afin de déceler toutes les richesses de composition. On notera aussi une production particulièrement claire et audible, laissant croire au disque d'un groupe déjà vétéran, et pourtant... Un petit bijou qu'on a hâte de découvrir sur scène. Que vont ils bien pouvoir nous révéler par la suite ?

4.5/5

mercredi 2 janvier 2019

Elyose - Reconnexion

Formé en 2009 par le multi-instrumentiste (basse, clavier, guitares, chant et synthé !) Ghislain Henry, Elyose est un groupe d'electro-pop metal parisien, qui sort ici son troisième opus, 3 ans après son excellent "Ipso Facto". Mené par l'envoutante voix de sa muse Justine Daaé (ex Grey November), le combo nous livre donc ici un album plus heavy et groovy qu'à l'accoutumée.

Reconnexion, contrairement à ses prédécesseurs, semble effectivement mettre l'emphase sur la partie metal de sa musique, bien qu'il y ait toujours énorméments de samples electroniques et de synthé. Leur son alterne les ambiances goth, indus, nu metal et sympho, tandis que le chant de la belle peut se faire susurré façon Kells, parfois plus lyrique, ou nettement plus pop, quelque part entre MyPollux et Superbus. Une plus belle part est donnée aux growls avec des guests prestigieux, comme Mark Jansen (Epica, Mayan) sur "Psychosis" ou Raf Pener (T.A.N.K.) sur le tube "Mes 100 Ciels".

Qui dit côté pop, dit également refrains catchy, et de ce côté là, plusieurs chansons restent globalement en tête, tout comme les beats electro d'ailleurs, après une ou deux écoutes. On appréciera également un certain côté cinématographique donné à quelques morceaux, notamment "Asymétrie". La variété des styles abordés, allant du dark goth sur "Un Autre Eté" à de l'accoustique, rend l'album divertissant et imprévisible, tout en gardant son côté léger. C'est un peu la fusion d'Evanescence et des groupes de pop rock typiques qu'M6 aimait diffuser la nuit à une certaine époque.

Les textes de Justine, toujours bien écrits alternent divers sujets avec légèreté et une fausse candeur qui donnent matière à interprétation. Avoir les textes sous les yeux est néanmoins recommandé, car on ne comprend pas toujours très bien ce qu'elle dit. Ils collent cela dit totalement à la musique, au point qu'on se demande parfois qui de la musique ou du texte a inspiré l'autre ! Les autres instrumentistes, Pat Kzu (ex Stratège) à la batterie et Marc De La Joncquière, basse, assurent ce qu'il faut avec une variété de jeux différents et de nuances, indispensables pour sier à l'ecclectisme des compos. Le mastering et le mixage de l'album ne dénotent d'aucun soucis particulier. Dans son style, cet album est impeccable. Encore faut il après apprécier les mélanges de genres, particulièrement avec de la pop, ce qui chez les métalleux est souvent rédhibitoire !

"Reconnexion" est un album facile d'accès, léger et entêtant qui plaira autant aux amateurs de pop et de la frange la plus soft du metal populaire qu'à ceux aimant les voix féminines douces et puissantes et les amalgames musicaux. Une réussite pour peu qu'on adhère aux choix artistiques, mais l'album résistera t'il aux assauts du temps ou souffrira t'il du syndrôme de la lassitude, si propre à nombre d'albums pops, qu'on aime réécouter en boucle jusqu'à ne plus pouvoir les piffrer ? Un mystère qu'on ne pourra élucider que dans quelques années, en l'état actuel, il s'agit probablement du meilleur album d'Elyose, un groupe qui ne plaira clairement pas à tout le monde, mais saura trouver ses fans !

4/5