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mardi 29 septembre 2020

Marilyn Manson - We Are Chaos

Fut un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre, Marylin Manson c'était l'Antéchrist. Il faisait peur, dire qu'on l'écoutait c'était susciter la controverse chez les gens lambda (comprendre ceux qui écoutent NRJ et pas du metal). Mais cette époque est bien révolue, depuis au moins "Eat Me Drink Me", voire "The Golden Age of Grotesque". En effet, déjà à cette époque ses concerts étaient devenu mous, il était plus connu pour être le mec de Dita que pour ses frasques des 90's, mais il avait encore quelque chose à dire, des revendications ! Il pesait dans le game quoi !

Mais depuis, Marilyn n'est plus que l'ombre de lui même, des albums de plus en plus fades nous ont plongé dans une torpeur nous faisant dire à tous "c'était mieux avant", des prestations scéniques d'une gênance rare, un duo avec Avril Lavigne (paye ta rebelle !), des pubs pour des voitures... Marilyn est devenu une pop star comme une autre. Une pop star has been qui plus est !

C'est donc avec une oreille pas franchement rassurée que je débute l'écoute de cet album. Les 3 derniers albums de ce bon vieux Brian Warner ne m'ayant pas marqué plus que ça, si ce n'est quelques clips sympas ("Heart Shaped Glasse"s, ou encore son clip trash avec Johnny Depp) ou certains morceaux à l'ancienne comme "Arma Goddamn Motherfuckin Geddon"... Et la première écoute m'a effectivement laissé dubitatif. Non pas que ça soit mauvais, mais je ne savais quoi en penser. Ca n'a plus rien à voir avec l'icône trash des 90's, on a un homme d'âge mûr qui pose un regard posé sur sa propre personne, sur ses errances, ses erreurs et le tout avec une bienveillance qu'on ne lui connaissait pas !

Au fur et à mesure des écoutes, le côté très pop se trouve justement être en parfaite adéquation avec le thème. Marilyn nous a ici un peu fait son HIStory, à savoir un album pas forcément commercial, mais introspectif. Il livre son regard sur les erreurs qu'on commet tous et met de côté la provoc, si ce n'est à 2/3 occasions, pour expliquer qu'il ne sera plus jamais celui qu'il a été et quelque part qu'il regrette certains de ses choix. Il se dévoile lui même comme ayant été un amant toxique et aimerait profiter du temps qu'il lui reste. Vu son mode de vie, pas sûr effectivement qu'il vive aussi longtemps que Kirk Douglas. Et certaines phrases notamment "You're dead longer than you're alive" sont assez explicites sur ce côté désabusé. 

Seulement si je comparais l'album au "HIStory"de Michael Jackson pour son côté introspectif et pour le fait d'assumer totalement ses influences, Bowie en tête, Marilyn oublie un détail. Il ne peut pas vraiment se le permettre. Son chant est ultra limitée. Et si dans les rares passages vénères, "Infinite Darkness" en tête, ça colle plutôt bien, sur les ballades, et il y en a, c'est juste chelou. Il n'a pas la capacité d'Alice Cooper de moduler sa voix en fonction des genres qu'il interprète. Clairement, son père spirituel est nettement plus talentueux que lui là dessus, passant sans problème du hard au crooner ou au soft rock 60's. Marilyn lui chante toujours pareil, quelque soit le morceau, du coup les changements de styles semblent bien superficiels. Peu importe la musique, c'est toujours lui qui prime, et ça gâche quelque peu certaines chansons. Un titre comme "Paint You With My Love" aurait gagné à être chanté en voix claire. Marilyn peut citer Bowie autant qu'il veut, il fera toujours du Manson, peu importe qu'il joue du garage rock comme à ses débuts ou de l'indus comme sur "AntiChrist SuperStar". Sauf qu'il a 50 ans passé, ça passe nettement moins bien.

L'album est donc sincère, passionné, peut être son mieux écrit de ces dernières années, bien au dessus d'"Heaven Upside Down" et "Pale Emperor", mais à l'instar des derniers Ozzy ou la musique semble avoir été composée indépendamment de la voix, Marilyn ne parvient plus à déchainer les passions. Cet album n'est pas mauvais, pire, il est anecdotique ! Quelques morceaux subsisteront peut être, un bon clip peut aider, mais clairement, ce n'est pas ce 12ème opus qui fera revenir les fans des débuts. Les sentiments contradictoires qu'ils m'inspirent, qui se ressentent dans ces lignes ne font que retranscrire mes différentes écoutes mitigées, c'est bien, c'est pas mal, mais on s'en fout. Brian, à l'évidence tu as plein de choses émouvantes à nous raconter, mais clairement tu n'as plus la rage et la hargne d'avant, et tu ne veux pas non plus changer de registre vocal... Pourquoi n'écrirais tu pas tout simplement un autre bouquin ? Conseil d'un ancien fan désabusé.

2/5

lundi 28 septembre 2020

Nightmare - Aeternam


Quatre ans après "Dead Sun", les Grenoblois de Nightmare sont de retour avec un onzième opus, qui voit encore une modification du line up ! On commence à être habitué, depuis les débuts du groupe il y a 40 ans, il ne reste plus qu'Yves Campion ! Sur ce nouvel opus, on retrouve donc un certain Niels Quiais à la batterie, qui officie dans le groupe Ossonor et fait des merveilles derrière les futs. Mais surtout, surtout !! La voix a encore changé !

Après Jean-Marie Boix (RIP) sur les albums des années 80 (lui même succédant à 3 chanteurs de scènes auparavant), puis Jo Amore (King Crown) de 1999 à 2015 lors de la 2ème période du groupe, après sa reformation et enfin Magali Luyten (Lyra) sur l'album Dead Sun, souhaitons la bienvenue à la superbe Madie (Faith In Agony) ! Quatrième vocaliste studio du groupe, deuxième féminine, la jolie brune, qui n'était pourtant pas née lors des débuts de Nightmare s'intègre parfaitement aux compositions du combo, qui ne cesse d'évoluer album après album. Sa voix, d'une grande amplitude, passe de la douceur au rauque, évoque aussi bien les précédents chanteurs, notamment Jo lors de certains passages, que des influences totalement nouvelles. Et ce sont justement ces multiples influences qui assurent la continuité de Nightmare !

Au fur et à mesure des sorties, le line up des français change graduellement, avec toujours l'indestructible Yves Campion à la basse, qui assure la cohérence artistique du projet. Changer de vocaliste est rarement aisé, changer le genre de l'interprète encore moins ! Et pourtant, tel Arch Enemy à l'époque, le changement est bénéfique et permet d'éviter la comparaison avec Jo, qui est resté à la barre durant 7 albums et un EP. Laissant une empreinte permanente sur Nightmare. La comparaison ne pourra donc réellement se faire qu'avec Magali, la chanteuse du dernier opus. Leurs styles sont assez différents, mais pas non plus opposés. Ainsi l'évolution vocale se joue dans la continuité plutôt que dans la rupture, Madie a une voix plus douce, un peu plus "sucrée", mais capable de jouer dans la rugueur comme Magali. Bref, chacun aura sa préférée et rien n'empêche d'apprécier les 2 tant elles s'accomodaient du groupe !

Musicalement, "Aeternam" est un album assez varié et bien que j'ignore totalement de quoi il parle, n'ayant eu accès aux paroles, la musique semble raconter une histoire tout le long. L'évolution des chansons se fait dans l'ordre, suivant un schéma de genre qui évolue. On n'a pas d'alternance aléatoire up tempo/mid tempo / power ballade (d'ailleurs y'a pas de ballade !), mais plutôt un disque en 3 parties.

La première partie composée des 3 premières pistes "Temple of Acheron", "Divine Nemesis"et "The Passenger" est plus orientée metal extrême. La première chanson a carrément des influences black metal, chose rare chez Nightmare, les 2 autres plutôt death mélo à la suédoise. Mais avec toujours des soli typiquement New Wave of Grenoble Heavy Metal. 

La seconde partie comprend elle les chansons "Downfall of a Tyrant", "Crystal Lake"et "Lights On". Plus heavy metal traditionnel, mais avec de forts relents symphos. Le morceau "Crystal Lake" peut être mon préféré de l'album avec le morceau final, en référence à notre ami Jason Voohrees a une atmosphère de film d'horreur particulièrement prenante !

La dernière partie sera du pur Nightmare, et commence par le single titre "Aeternam", puis les morceaux "Under The Ice", ""Black September et mon autre morceau favori : "Annelise".  Cette partie retranscrit exactement ce que je voulais dire par un changement dans la continuité. En effet, hormis la voix de Madie, ces chansons n'auraient pas forcément dépareillé sur les albums précédents et pourtant s'enchainent parfaitement avec les morceaux précédents. Le fait d'avoir regroupé les morceaux par style était un choix judicieux. L'album s'achève donc sur Annelise, le plus long de l'album qui combine un peu ses 3 styles justement, avec une intro de film d'horreur du plus bel effet ! Je ne sais pas qui est la éAnneliseé en question, mais visiblement elle les a bien inspiré !

Un onzième opus fort réussi pour Nightmare qui réussi à toujours se renouveler tout en restant cohérent grace à la présence d'Yves et aux changement de line up nourrissant le groupes d'influences multiples allant du sympho à l'extrême. Une nouvelle vocaliste excellente que je suivrais avec plaisir dans ses différents projets et qu'il me tarde de découvrir sur scène, une fois l'apocalypse passée de mode. Peut être l'album français de la rentrée !

4,5/5