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mercredi 17 mars 2021

Zack Snyder's Justice League




En 2013, Zack Snyder, déjà auréolé du succès de 300, Watchmen et Sucker Punch avait la lourde tâche de rebooter la saga Superman, 7 ans après un Superman Returns assez moyen. En résultat alors le brillant Man Of Steel. Relecture plus sombre, "réaliste" et ancré dans le monde actuel du mythe de Khal El. 


A ce moment là, on ne parlait pas encore de DCEU, censé concurrencer le MCU, même si c'était le but à atteindre. Puis alors que Marvel alignait les succès, Warner, visiblement dirigé par des incompétents se disent seulement maintenant que ce serait bien de faire la même chose. Les mecs ont les droits de tous les perso DC, ont inventé ce concept d'univers partagé dès la fin des années 30... Et c'est seulement une fois le succès d'Avengers qu'ils se décident de faire pareil ? Avec des gars un peu moins idiots, les crossovers auraient commencé dès les années 90, début 2000. 


Mais, bref, Snyder a donc dû transformer ce qui aurait pu être Man of Steel 2, en prologue à Justice League. Cela a donné Batman v Superman - Dawn of Justice. En 3 heures de métrage, dans sa version longue, il a dû créer tout le "world building" que Marvel a fait sur 5 films avant de lancer son premier crossover. Le film a déçu pas mal de gens, car beaucoup plus sombre que le MCU et que le film dans sa version ciné est assez confus. Mais dès le début, une frange de spectateurs a compris le trip de Snyder, et la sortie du director's cut les a conforté dans cette idée. Le Snyderverse fera l'inverse de d'habitude en démarrant au plus sombre, afin de créer un arc de rédemption pour Batman. De cette manière, cela lui évite d'exposer à nouveau les origines de Bruce Wayne après Batman Begins, tout en trouvant quand même un axe scénaristique intéressant. 




Le troisième film devait donc être celui de la rédemption. Batman ayant voulu tuer Superman, il se sent forcément responsable lorsque celui ci finit bel et bien par être tué par Doomsday. Le film Justice League doit donc non seulement présenter les "origin stories" des persos qui n'ont pas encore eu leur film solo, mais conclure l'arc de rédemption de Bruce et ressusciter Superman. 4 heures de métrage n'étant donc clairement pas de trop vu tout ce qu'il y avait à traiter. Et c'est là qu'est arrivé Joss Whedon. En 2017, après nous avoir teasé le film pendant des mois, Snyder se retire du tournage peu avant la fin, suite au suicide de sa fille. Warner en profite alors pour engager Joss Whedon, le réalisateur d'Avengers 1 et 2, le projet concurrent qu'ils cherchent à émuler, pour remodeler le film de Snyder.


Et là, c'est le drame, Justice League 2017 se voit amputé de la moitié de sa durée, parce que gna gna c'est trop long. Ajoutez à cela que Whedon a rajouté de nouvelles scènes pour rendre le film plus fun, comprendre plus proche d'Avengers. Cela aurait pu s'arrêter là, mais non, il a retourné des scènes entières déjà tournées par Snyder sans aucune raison particulière (manifestement, Warner a du fric à claquer pour rien...) juste pour en modifier les décors, les costumes (adieu le costume noir de Superman teasé durant toute la promo depuis 1 an !!) et également pour simplifier l'histoire. Adieu donc des persos comme Darkseid (WTF Joss ?? Comment tu peux supprimer le gros méchant du film ?), Martian Manhunter, mais également un arc entier dans le futur apocalyptique, qui devait pourtant résoudre l'un des grands mystères du film précédent. Il a également changé complètement le look de Steppenwolf, qui se retrouve donc différent lui aussi du précédent épisode. Pire encore, comme la Warner refuse de décaler la sortie, malgré ces nombreux reshoots, le montage est bâclé, donc chaotique, les sfx bâclés, et Henry Cavill qui tournait dans Mission Impossible 6, où il portait la moustache a donc tourné ses nouvelles scènes totalement inutiles (elles existaient déjà dans le Snyder cut) avec une moustache, très mal effacée numériquement et qui lui donnent une bouche cartoonesque. Ajoutez à cela que Whedo a complètement refait l'étalonnage et la colorimétrie, pour rendre le film plus joyeux, cassant complètement la cohérence visuelle avec les 2 premiers opus... Et rendant les costumes des super héros complètement plastique ! Bref, Josstice League fut un désastre.



Après 4 ans de pétitions en lignes, à gueuler partout, le fandom a fini par convaincre Warner de sortir enfin la vraie version du film. Ils ont allongé 70 millions de dollars à Snyder pour refaire la post prod de ses propres scènes, qui ne contiennent aucune scène filmées par Whedon. Seule une séquence de 5 minutes avec le Joker fut tournée. En quelques minutes, la version Jared Leto, ridicule dans Suicide Squad est entièrement réhabilitée. Ce qui donne furieusement envie de découvrir un Ayer Cut de ce film. D'autant que lui aussi a été charcuté au montage et retourné aux 2/3 pour être "plus fun" (ben oui un groupe de super villains tueurs, ça doit être fun, c'est bien connu. Bon sang Warner....). Et donc oui, cette nouvelle version de Justice League, la seule qui aurait jamais dû sortir est bel et bien à la hauteur des espérances. Oubliez la version dégueulasse de 2017 qui n'aurait jamais du sortir, voici la vraie !


Ici les personnages sont tous présentés, les incohérences n'existent plus, chaque truc que l'on ne comprenait pas a ici du sens. On comprend enfin le plan de Steppenwolf, qui est bien plus charismatique et effrayant que dans l'autre version. Darkseid apparait enfin en live et ridiculise Thanos, qui n'a toujours été qu'une copie de lui, en pourtant 5 minutes de présence maximum. La nouvelle B.O. est autrement plus inspirée que celle torchée par Elfman bien loin de sa grandeur d'antan. 


Parmi les quelques défauts du film, on notera quelques longueurs dans la première heure et demi. Certains CGI perfectible (mais rien d'aussi ridicule que la moustache de Cavill), une Lois Lane sous exploitée et une séquence Knightmare trop courte par rapport à ce que j'imaginais. Mais pour le reste, le film est ultra généreux, développe chaque personnage principal pour qu'il puisse briller et donne furieusement envie de découvrir la suite ! Mais il donne aussi encore plus envie de se prendre pour Jigsaw et d'enfermer Joss Whedon et les responsables de chez Warner qui ont conduit au massacre de la première version. 



Un film qui efface le mauvais goût d'une honteuse première version et qui en dépit de légers défauts, superficiels sur un métrage de 4h, s'inscrit dans le panthéon des meilleurs films DC avec le Superman de Donner, Batman Returns de Burton, The Dark Knight de Nolan et Watchmen déjà de Snyder ! Le Seigneur des Anneaux de DC.

4,5/5

mardi 16 mars 2021

EPICA - OMEGA





Le soucis quand on est vraiment fan d'un groupe, c'est qu'on n'est pas très objectif sur les nouvelles sorties. Suivant la formation de sublime rousse depuis plus de 15 ans, j'ai guetté chacun de leur album, les ai analysé, digéré, appris à comprendre même les morceaux que je n'appréciais au départ pas. Du coup mes avis ont grandement évolué sur la plupart des albums. Et une fois encore, comme c'était le cas pour leur dernier opus The Holographic Principle il y a déjà 4 ans et demi, j'ai laissé maturer ma réflexion. J'ai cessé d'écouter l'album pendant quelques semaines après l'avoir bouffé plusieurs jours d'affilée. Et maintenant je le réécoute avec une oreille neuve et plus objective.


Quatre ans, c'est la plus longue période creuse du groupe à ce jour. Même si en réalité, ils ont sorti 2 EP depuis. Du coup on est plus sur du 3 ans d'absence. Mais ce temps plus long qu'à l'accoutumée a permis au combo Hollandais de parfaire la composition de ce 8ème album. En effet, leur 7ème CD bien que tout à fait correct souffrait d'un fort effet de "déjà entendu". Epica n'a clairement pas envie de changer de style, contrairement à leurs compatriotes de Within Temptation qui évoluent dans une sphère electro-pop ces derniers temps. Mais trop suivre une formule établie risque également de les faire sombrer dans la médiocrité, à trop tirer sur la corde. Mais cette fois ci, on remonte la pente.



Le break du groupe leur a permis de revenir plus inspiré que jamais. Chaque membre a cette fois apporté sa pierre à l'édifice pour nourrir Omega d'influences plus diverses, tout en restant dans le style Epica. On y retrouve donc tous les ingrédients habituels : orchestrations grandiloquentes sur Anteludium et Abyss of Time, titres progressifs comme Kingdom of Heaven 3, chœurs lyriques à foison avec The Skeleton Key et Freedom - The Wolves Within, et bien sûr le contraste entre la divine voix de Simone et le growl plus maîtrisé que jamais de Mark. 


Ayant accentué l'aspect prog qui a démarré sur leur album The Divine Conspiracy, allant sans doute trop loin sur Requiem For The Indifferent (sans doute leur plus faible album à ce jour), on y retrouve donc des influences plus diverses, allant de Dimmu Borgir, sur Freedom - The Wolves Within aux sonorités orientales sur Code of Life et Seal of Solomon. Les mélodies restent particulièrement en tête et il est particulièrement remarquable que sur un album aussi complexe, avec des paroles métaphysiques, des changements de rythme incessants et une grandiloquence orchestrale, ils parviennent à garder un côté pop avec des refrains qu'on ressortira spontanément lorsque les concerts reprendront enfin (vers 2067 selon mes sources). 


Après un The Holographic Principle très sympa, mais amorçant un début de perte de vitesse, Epica a pris une pause salvatrice qui lui permet de revenir dans la course. A l'heure où ses 2 principaux rivaux Nightwish et Within Temptation semblent se perdre, le groupe de la belle Simone revient en force et se positionne actuellement comme le leader du style ! Omega se positionne sans doute dans mon top 3 du groupe avec Design Your Universe et The Quantum Enigma




4,5/5

mardi 9 mars 2021

ALICE COOPER - DETROIT STORIES




Un peu moins de 4 ans après son dernier album solo Paranormal, Vincent Furnier revient avec son 21ème disque solo, 30ème en comptant ses autres projets. Dans ses meilleurs moments, Papy Alice nous a offert des classiques du rock, dans ses pires il nous a servi des fillers dispensables, à réserver aux gros fans. Ce nouvel opus est un peu des 2. Il contient du très bon, comme du facultatif. Mais après plus d'un demi-siècle de carrière, ça n'a aucune importance, on est surtout content qu'il soit toujours là !


Tout comme sur Paranormal, Alice choisi avec Detroit Stories de ne pas faire dans la fioriture. Pas d'expérimentation comme sur les 2 volets de Welcome To My Nightmare. Tout comme avec son groupe Hollywood Nightmare, l'album est un hommage à son enfance et à la ville qui l'a vu grandir, Detroit. D'où diverses reprises de classiques de Velvet Underground, MC5 et Bob Seger. On sent depuis quelques années chez le Sir Furnier une envie de revenir aux sources de sa musique, sans doute guidé par une nostalgie tout à fait logique plus de 70 balais. 


Là où les autres doyens du rock encore en vie sont pour la plupart dans un état de décrépitude qui fait plus peine à entendre qu'autre chose (on ne citera pas de noms), Alice est avec quelques exceptions comme Klaus Meine et Brian Johnson, un éternel jeune, dont la fougue ne se tarit pas avec le temps. Ecouter Alice Cooper en 2021, ce n'est pas honteux, ça n'est pas si différent que de l'écouter dans les 80's. Et s'il va de soit qu'on n'attend plus particulièrement ses nouveaux albums comme à l'époque, ils ne nous font pas fuir non plus.



Et c'est exactement ce qu'il ressort de ce Detroit Stories. Un album pas mémorable, mais pas désagréable. Au fur et à mesure des écoutes, on skippera quelques pistes pour se focaliser sur ses préférées. Principalement axé Garage Rock avec des titres comme Go Man Go, I Hate You ou encore Sister Anne, la reprice d'MC5, Alice se permet tout de même quelques piques intéressantes, comme sur Our Love Will Change The World et son côté cartoonesque, qui dénonce l'immonde Cancel Culture actuelle. A 73 ans, et même dans un trip nostalgique, Papy est toujours au courant de l'actualité. Le spectre du Covid hante d'ailleurs régulièrement cet album, comme sur Social Debris chose assez frappante dans les visuels. Comme quoi malgré tout il reste influencé par le monde actuel et aurait fait un album fort différent si le monde tournait rond. 


On trouve également des influences Blues et R&B sur des titres comme 1000 dollars High Heel Shooes, qui démontrent encore une fois l'éclectisme de ses influences. Et si on est globalement dans un album homogène, et pas fourre-tout comme Welcome 2 My Nightmare, il n'en reste pas moins vrai que l'album est diversifié. On ne s'ennui pas trop, hormis sur quelques fillers comme Shut Up & Rock ou Wonderful World.


Un trentième opus (en incluant The Alice Cooper Group et Hollywood Vampires) qui ne révolutionne en rien le son de Vincent Furnier, qui n'est pas forcément l'album à recommander pour faire découvrir son style, qui n'est pas entièrement parfait et souffre de quelques titres moyens, mais qui néanmoins n'est pas désagréable et reste un sympathique ajout à sa déjà très longue discographie. Le plus dingue c'est qu'il parle déjà de son prochain album ! Nul doute qu'il sera toujours rock n roll jusqu'à la fin !


3,5/5