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mardi 22 décembre 2020

ENSIFERUM - THALASSIC



Etonnamment, alors que cet album est dispo depuis plusieurs mois et que je suis ce groupe depuis longtemps, je ne livre cette review que maintenant. Non par flemme, mais pire encore, par lassitude. J'ai tellement eu l'impression d'avoir déjà chroniqué cet album que j'ai oublié de le faire ! En réalité j'ai confondu avec leur opus précédent "Two Path", pourtant sorti il y a 3 ans. Cette méprise s'explique en grande partie par la sensation de déjà entendu que me laisse cet album. 

"Two Paths" avait fortement divisé la fanbase. S'éloignant en parti de leurs influences black pagan pour lorgner d'avantage vers un power metal épique. Mais en réalité, c'est probablement depuis "Unsung Heroes" que la qualité des albums a tendance à chuter. A l'instar d'un Korpiklaani, Ensiferum, à trop enchaîner les albums similaires a nécessairement perdu en inspiration, se contentant de ressembler de plus en plus à une parodie d'eux mêmes. Devenant l'archétype du groupe dont on se contrefiche des nouveaux albums, prétextes à repartir en tournée, pour écouter les premiers tubes ! Ce système obligeant les artistes à continuer à sortir de nouveaux morceaux alors qu'ils n'ont à l'évidence plus rien à dire est parfois pénible. D'où leur volonté de changer un peu leur son, avec le risque de se perdre.

Un changement de style (même s'il n'est pas ultra radical non plus, on n'est pas chez Therion) peut s'opérer de plusieurs façons, soit par expérimentation, soit par une volonté explicite de se renouveler ou encore de par l'influence de nouveaux membres, qui changent forcément la manière de composer pré-existante. L'arrivée de Pekka Montin (Amoth, Judas Avenger) au clavier et au chant clair a clairement poussé le groupe à continuer d'expérimenter dans le style power metal de "Two Paths". Possiblement qu'il a été volontairement recruté pour ça d'ailleurs. Mais du coup, c'est le chant de Petri Lindroos qui se retrouve en décalage. En effet, son chant typé extrême se retrouve souvent trop brutal par rapport aux compos, plus mélodiques qu'avant. La répartition des vocalistes devraient peut-être être réévalué, en considération du nouveau style du groupe. 


Néanmoins, à ces déceptions relatives s'ajoutent de belles choses. Le retour à la production de Janne Joutsenniemi, à qui l'on doit le son de leurs classiques "Victory Songs" et "From Afar" est bénéfique à "Thalassic". En effet, Anssi Kippo, responsable sonore des deux précédents opus était coupable également en grande parti de leur avoir donné un son trop plastique, trop lisse et artificiel. Déjà que le groupe joue au synthé et non avec de vrais instruments tradis, c'était vraiment les faire sonner electro et non roots que de les surproduire comme ça. Ici, la production est plus authentique et rien que pour ça, cet album n'est pas entièrement raté. 

L'album enchaîne les tubes comme "Rum, Women, Victory", efficace mais totalement déjà entendu. On dirait la petite sœur de "Blood is the Price of Glory" présente sur "Victory Song". Et c'est un peu comme ça tout le long. L'album ressemble à un best of des albums d'antan, mais en plus accessible grâce à son glissement power metal. Cette volonté de caresser le fan dans le sens du poil se retrouve même dans le choix de faire un "Väinamöinen part III", tel Metallica et ses suites d'"Unforgiven". On retrouve également de jolies ballades comme "One With The Sea" et un morceau WTF comme d'hab, ici "Midsummer Magic". Ce morceau semblant totalement à part, rappelle que le groupe quand il veut est toujours capable d'une vraie touche d'epicness et de magie. Il peut ne pas se répéter à l'infini et prendre des risques. Dommage qu'ils n'osent pas faire un album entièrement comme ça. "For Sirens" rappelle également l'ancien Ensiferum, quand ils ne se prenaient pas au sérieux et s'amusaient, plutôt que d'appliquer une formule.

"Thalassic", huitième album d'Ensiferum est un album un peu hybride. Après avoir tenté de se "mainstreamiser" en lissant sa production et effectuant un glissement vers le power metal et délaissant le black, choisi de faire un compromis entre ces deux entités en retournant à la production d'antan, mais conservant leur style actuel. Ponctuant cette nouvelle identité de rappelle de leurs anciens albums, les morceaux sonnent parfois en décalage total entre le chant et la musique et donnent l'impression d'un groupe hommage, cherchant à créer un son "à la Ensiferum" en appliquant un cahier des charges trop strict. "Thalassic" réussit le paradoxe de réaliser à la fois trop de fan service et de trop s'éloigner de ses racines, selon les morceaux, comme si le groupe cherchait à plaire à la fois à ses producteurs, désireux de toucher une plus large audience, et aux fans des débuts. Mais les gars, Ensiferum c'est pas Maître Gims, vous ne toucherez JAMAIS tout le monde. Jouez ce que vous aimez, à l'instinct et sans calcul commercial derrière, ce sera nettement plus honnête. Dommage car lorsque le groupe joue vraiment ce qu'il aime sans chercher à plaire, c'est là qu'il réalise ses meilleurs morceaux. Un album efficace, mais vain.

3/5




vendredi 4 décembre 2020

FREAKY


Il y a 3 ans, sortait sur les écrans le délirant Happy Death Day, slasher comico-fantastique, version (légèrement) horrifique du classique avec Bill Murray Un Jour Sans Fin.  Son réalisateur et scénariste Christopher Landon accédait enfin au succès après 2 décennies dans l'ombre. En tant que scénariste, on lui devait Another Day In Paradise de Larry Clark, Paranoiak avec Shia LaBeouf, la plupart des suites de Paranormal Activity ou encore Viral. En tant que réalisateur, il avait oeuvré sur Burning Palms, Paranormal Activity 5 et Manuel de Survie à l'Apocalypse Zombie. Le succès de Happy Death Day entraîna donc une inévitable suite (un troisième opus est toujours dans les cartons) et une variante, à savoir le Freaky en question.

Bien qu'il ne s'agisse pas purement d'un spin off du précédent slasher de Landon, Freaky en contient en revanche tous les ingrédients. Il s'agit encore du détournement horrifique d'un classique de la comédie fantastique, à savoir ici Freaky Friday. On peut également penser au nanar Une Fille Qui A Du Chien, mais le titre fait clairement référence au Disney avec Jamie Lee Curtis (LA Reine du Slasher, tout est lié) et Lindsey Lohan. Le tueur lui fait référence à Jason Voohrees et d'ailleurs, le film se passe un Vendredi 13, pourquoi le film ne s'appelle t'il donc pas Freaky Friday The 13th ? Mystère... A l'instar de son précédent film, Landon a encore casté une très jolie blonde dans le rôle principal. Il s'agit ici de Kathryn Newton, qu'il a connu dans Paranormal Activity 4 où elle avait le rôle principal également, et que l'on a pu revoir depuis dans Supernatural (un pilote non retenu de spin off centré sur elle fut tourné), Big Little Lies et The Society.

Cette fois ci, et contrairement à Happy Death Day, pas de "whodunit", on connait le tueur dès le début, c'est Vince Vaughn, un habitué du genre puisqu'il avait déjà interprété Norman Bates dans le remake de Psychose. Le reste du casting est assez anecdotique, les personnages autres que le duo blonde/tueur qui échangent de corps étant relativement peu développés. Le personnage du meilleur ami gay sortant du lot, évitant les clichés habituels sur ce genre de personnage. La meilleure amie black évite elle aussi la caricature, mais ne se démarque pas énormément de la masse, la faute à une écriture peu profonde. Le crush de l'héroïne s'en sort relativement bien de par ses réactions très étonnantes. Mais le véritable intérêt du film, ce sont bel et bien les meurtres. Allant nettement plus loin dans le gore que le trop sage Happy Death Day, Freaky n'hésite pas à y aller franco sur le ketchup, et cela dès son introduction. Le film accentue volontairement le côté hommage appuyé pour renforcer son côté comique. On a également du comique de situation lorsque les 2 protagonistes échangent leurs corps grâce à une dague Aztèque avec beaucoup de scènes attendues lorsqu'une jeune ado timide se retrouve dans le corps d'un mec barraque de 50 ans et vice versa.

L'humour fonctionne très bien, rendant inévitablement le film pas du tout effrayant (à moins d'être un sacré froussard, du genre à flipper devant Buffy). Le film est rythmé et pas trop long, donc pas le temps de s'ennuyer ou de le trouver redondant, c'est efficace ! Les multiples clin d'oeil cinéphiliques, allant d'obscurs slashers 80's au film japonais Your Name ne manqueront pas de ravir les geeks. Mais le film ne perd jamais de vue le spectateur néophyte qui n'aurait jamais vu Freaky Friday, ni Vendredi 13, il se regarde parfaitement de manière linéaire également. La bande son dans l'air du temps ne m'a pas marqué plus que ça, sûrement passé l'âge pour ça, mais n'est pas dérangeante, ça reste des chansons pop très audibles. Et Vince Vaughn en adolescente timide est juste génial !

Comédie slasher dans la droite lignée de Happy Death Day, Freaky est un divertissement rythmé, peu original mais efficace, qui néglige quelque peu ses personnages secondaires au profit des protagonistes pour ne pas ralentir l'intrigue. Néanmoins, il ravira les afficionados du genre, avec son duo d'acteurs percutant !

4/5



lundi 16 novembre 2020

SNOW WHITE BLOOD - HOPE SPRING ETERNAL


Il y a des fois où c'est avec le temps, au fur et à mesure des réécoutes qu'on apprend à aimer une chanson, une voix... Et puis il y a ce qu'on appelle, des coups de foudre artistiques. Il ne m'a pas fallu plus de 30 secondes pour tomber amoureux de la voix d'Ulli Perhonen, c'était l'année dernière, dans la chanson Snow White & Rose Red du groupe Black Briar, dans laquelle la jolie blonde chantait en duo avec Zora la rousse. Mais bien qu'elle ne fut que guest, pour moi, elle lui volait la vedette ! Et c'est donc immédiatement après cette écoute (ou plutôt les 10 écoutes d'affilée) que je suis allé écouter sa discographie.

Ulli est donc la chanteuse du groupe de metal symphonique Allemand Snow White Blood, qui a sorti un premier EP en 2016 : Once Upon A Fearytale. Après divers singles et collaborations avec d'autres groupes, son projet principal sort donc enfin son premier full lengh Hope Spring Eternal en cette misérable année 2020 et résonne comme le rayon de soleil qui manque désespérément à cette sinistre période. Confirmant tout le bien que je pensais de leur E.P., le groupe a pris le temps en 4 ans de mûrir ses compos, de digérer ses influences et surtout d'avoir une prod qui les fait sonner comme un groupe pro et non comme un sympathique projet underground.

Le groupe se compose de Christian Weber à la guitare, Thomas Schmitt à la basse et Max Rudolph à la batterie, également présent dans le groupe Toja. Ce dernier semble être le plus expérimenté du groupe, il a déjà été batteur dans divers groupes inconnus au bataillon, dont je n'ai pu écouter les morceaux. Il remplace un certain "Heinz" qui officiait à ce post sur l'E.P. de 2016.

Les 4 membres jouent donc un power metal symphonico-lyrique dans le style de Nightwish, période Once/Dark Passion Play. Ils alternent les ambiances entre titres légèrement sombres aux riffs écrasants et titres speed plus épiques. La voix phénoménale d'Ulli, passe avec une rare aisance du lyrique, au chant plus pop. Sa voix est parfaitement mise en valeur et peut s'exprimer sur une large palette émotionnelle. Pour un premier album, c'est d'autant plus impressionnant. Tout juste regrettera t'on qu'il n'y ait que 8 titres, mais ceux ci font au minimum 5 minutes, donc l'album n'est pas court non plus.

On commence donc par un morceau efficace, assez simple dans sa structure, du gros riff et des orchestrations grandioses, pour bien démarrer l'album avec "Shared Hearts". Il s'agit également du premier single, en duo avec Lilly Seth d'Aeranea.

Le second morceau, Longing For The Sea rappelle "Last of The Wild" de Nightwish avec ses ambiances celtiques. 

"Drop A Stitch" se veut lui un chouïa plus sombre. 

"Never-Ending Waltz", a priori sans lien avec l'acteur d'Inglourious Basterds ralenti le tempo après 3 titres speed, plus aérien, avec de la harpe et un riff plus écrasant. 

On attaque déjà la seconde moitié de l'album avec "You Belong To Me", à nouveau un titre dark, évoquant lui les duos entre Tarja et Marco. Duo avec Danny Meyer d'Oversense et second extrait de l'album.

On continue avec "The Court Jester", aux couplets typés power metal et au refrain plus posé. Ce morceau me rappelle le Delain période "April Rain", en version lyrique. 

"Rising of the Sun" est chanté plus pop dans les couplets et le refrain joue sur l'abondance épique, façon Hans Zimmer. Le morceau a un bridge très calme au piano, avec un chant à la Enya, avant qu'elle ne revienne, plus rock qu'à son habitude pour un finish du plus bel effet. 

Le dernier morceau "Falling Stars", me rappelle des morceaux mélancoliques, comme "Meadows of Heaven" du groupe Finlandais sus nommé. 

A l'heure où Nightwish est devenu relativement inintéressant dans ses nouvelles compos et se repose sur ses lauriers, il est salvateur que de petits groupes sous influences fassent revivre la gloire du metal sympho du début des années 2000. Snow White Blood sort l'album que j'aurais aimé que Nightwish sorte avec Floor. Un petit bijou et tout simplement ce que j'ai préféré en sympho depuis des années ! Pour la suite, on espère pourquoi pas un album un peu plus long et qui s'émancipe de ses influences pour trouver les siennes !

4,5/5



jeudi 12 novembre 2020

AC/DC - POWER UP



Aaaaah, un nouveau AC/DC !! Ceux qui me suivent ont dû le remarquer via mes chroniques, je les utilise souvent comme exemple pour illustrer les groupes qui font toujours la même chose. 40 ans après "Back In Black", il est en effet très difficile, en imaginant qu'on ne connait pas le groupe (oui, faut beaucoup d'imagination !) de savoir de quel album provient quelle chanson. En effet, les Australiens jouent clairement toujours la même chose, leur style est reconnaissable entre 1000, même si quelques "AC/DC like" ont vu le jour depuis, à commencer par leurs compatriotes d'"Airbourne". Ce "Power Up" n'échappe donc pas à la règle et aurait tout à fait pu être composé en 1980.

Mais ce constat n'est pas un défaut en soit, on a tous compris depuis longtemps que le groupe aimait profondément sa musique et ne se lassait pas de nous en offrir toujours plus. Si on veut écouter autre chose, et bien il y a des milliers d'autres groupes de hard rock ! Quand on écoute du AC/DC, on veut écouter du AC/DC ! On ne veut pas les voir évoluer glam, ni rajouter des parties orchestrales avec de la narration. Non on veut entendre la voix de Brian Johnson (qui n'a presque pas changé en 40 ans, un vrai miracle) et des riffs qui tabassent avec une touche bluesy. Et c'est ce qu'on a, encore une fois.


Six ans après "Rock Or Burst", le combo légendaire revient donc enfin avec du nouveau son. Mais ils n'ont pas chômé entre temps, on a eu quand même la tournée avec Axl Rose, dû à la maladie de Johnson qui s'est heureusement rétabli, mais également le décès du guitariste fondateur Malcolm Young, parti rejoindre Bon Scott sur l'autoroute de l'Enfer... C'est donc dans un climat compliqué que l'album a été enregistré, il y a déjà 2 ans ! Un nombre incalculable de riffs ayant été composés, dont certains directement repris d'enregistrement du défunt guitariste, le groupe annonce avoir déjà de quoi faire un prochain album, tout du moins en grande parti. Angus young allant même jusqu'à considérer cet album comme un album hommage à son frère et l'équivalent de ce que "Back In Black" représentait pour Bon Scott en 80. 

Le premier single "Shot In The Dark" annonce la couleur directement, c'est du pur AC/DC sur qui le temps semble n'avoir aucun effet. Le producteur Brendan O'Brien, qui oeuvrait déjà sur "Black Ice" et "Rock Or Burst" a réalisé un mixage parfait, émulant le son des premiers albums avec Johnson. Stevie Young, le neveu d'Angus et Malcolm qui a visiblement grandi à bonne école reprend parfaitement le jeu de guitare rythmique de son tonton, aidé il est vrai par son autre oncle au lead. AC/DC nous livre donc comme d'habitude un hard rock bluesy, des riffs qui groovent, un jeu de batterie qui swing, un chant toujours aussi inimitable et pas un temps mort sur l'album ! 

Si "Power Up" devait être le chant du cygne de ce combo légendaire, ils n'auraient clairement pas à rougir de finir sur un tel opus. Zéro originalité, mais zéro déception non plus, que du plaisir pur !

4,5/5




vendredi 23 octobre 2020

Ayreon - Transitus

Trois ans après "The Source", l'infatigable Arjen Lucassen revient avec un dixième album de son projet metal opéra Ayreon. Après plus de 20 ans à nous compter des intrigues évoluant dans un univers space opera, le Hollandais décide de changer quelque peu la donne en lorgnant cette fois ci du côté du gothisme, rappelant d'avantage son autre projet Star One. Il semblerait que justement cet album était censé sortir sous un autre nom avant que la maison de disque n'y mette son véto.

Effectivement, la rupture est nette. Si Ayreon nous avait habitué à changer de style régulièrement, il n'y aurait pas eu de soucis, mais au bout de 25 ans et 10 albums, ça fait bizarre. L'album est donc moins orienté concept album de metal symphonique, mais véritablement comédie musicale façon Broadway, avec des guitares électriques. Le chant des multiples vocalistes, faisant ici office littéralement de comédiens, étant du coup nettement plus maniéré, pour mieux ressortir les émotions de leurs personnages. Construit donc comme un opéra moderne, l'album souffre donc de trop nombreux interludes qu'on skippera volontiers dès la deuxième écoute, à commencer par son interminable intro de dix minutes !

Techniquement, l'album n'a donc aucun défaut notable. En même temps, on y retrouve Marty Friedman et Joe Satriani entre autre. Niveau chant, on comptera sur Tommy Karevik (Kamelot, Seventh Wonder) et Cammie Gilbert (Oceans of Slumber) dans les rôles principaux. Ils interprètent un bourgeois du XIXème siècle et sa servante noire, qui entretiennent une relation tabou. La narration est effectuée par Tom Baker, le 4ème Docteur dans la série Doctor Who, dans un rôle similaire à celui de Christopher Lee sur les derniers Rhapsody pré split, ou le "Gods of War" de Manowar. Hélas ses narrations vraiment trop nombreuses, si elles passeraient sans doute sur scène, avec des décors et des acteurs présents sont très ennuyeuses sur CD et alourdissent considérablement le rythme de l'œuvre. La seule manière d'apprécier en gros est d'écouter l'album en lisant le texte et en visualisant une scène d'opéra.

Parmi les autres interprètes, on retrouvera la fabuleuse Amanda Sommerville (Exit Eden, Kamelot, Epica) dans le rôle de Lavinia, Dee Snider (Twisted Sister) dans celui du père, Marcela Bovio (Stream Of Passion, Elfonia, Mayan) quant à elle joue plusieurs personnages n'apparaissant qu'une fois si j'ai bien compris. La flamboyante Simone Simons (Epica, Mayan, Kamelot, Aina) régulière de chez Ayreon est ici parfaite dans le rôle de l'Ange de la Mort, succédant ainsi à Elize Ryd qui la jouait déjà face à Tommy Karevik dans le titre "Sacrimony - Angel of Afterlife" de Kamelot. Johanne James, bien que batteur au sein de Threshold pousse ici la chansonnette dans le rôle d'Abraham et un certain Michael Mills à la discographie plus énigmatique qu'un scénario de David Lynch, visiblement essentiellement chanteur guest chez Ayreon, doit se contenter de jouer une statue. La lose. Cela dit, c'est une statue qui chante bien ! Paul Manzi (ex : Arena) interprète lui le rôle d'Henri

Ambiance gothique oblige, l'album mettra l'emphase sur les passages tristes et Cammie, bien qu'excellente vocaliste se révélera assez agaçante à de nombreuses reprises à trop en faire dans le pathos. Simone Simons elle semble jouer l'ironie, bien loin de son statut de princesse fashion qu'elle affiche sur Instagram ! Ironiquement donc, dans un style dominé par les voix féminines ou les voix masculines plus androgynes, le salut de l'album viendra donc des interprètes masculins. On retiendra particulièrement de l'album "Get Out Now" interprété par Dee Snyder, "Hopelessly Slipping Away", superbe power ballade épique, "Talk of the Town" superbement chantée par Paul Manzi ou encore "Two Worlds Now" qui ressemble à du Pink Floyd ! 

Pour résumer, "Transitus" initialement pensé pour être autre chose que du Ayreon semble avoir été quelque peu remodelé pour collé au projet principal de Lucassen. En résulte un album très long, répétitif, rempli de morceaux trop longs pour être des interludes, mais trop courts pour être de vraies chansons et une narration vraiment trop omniprésente, en dépit du fort potentiel geek du dit narrateur ! Les voix sont trop exagérées pour compenser l'absence du visuel qui rendrait justice à l'histoire qu'il veut raconté et les quelques morceaux de bravoures sont un peu éparpillées sur l'album. Pourtant, le talent de composition d'Arjen est tel que malgré tout ses défauts, l'exécution quasi parfaite de l'ensemble fait que... Bah ça fonctionne ! On a d'incroyables musiciens, plein de superbes guests tout le long, quelques morceaux qui sortent du lot, de très belle voix, une histoire classique mais toujours efficace. Alors oui, lors des réécoutes, on skippera peut être un tiers des pistes et oui, ça sonne comme un hybride Ayreon et Star One. A vouloir être trop ambitieux, le compositeur Hollandais a pêché par excès d'orgueil et "Transitus" n'est pas le digne successeur de "Human Contradiction". Il n'en reste pas moins un très bel album à ranger fièrement dans sa CDthèque. Beaucoup aimeraient avoir des "ratages" comme celui là !

3.5/5

mardi 13 octobre 2020

Amaranthe - Manifest


Une décennie après leur création et six albums plus tard, Amaranthe est passé de petit outsider, de groupe qu'on pensait éphémère à un incontournable sur qui il faut compter. Pour preuve cet album qui à peine sorti a déjà 5 singles à son compteur depuis le début de l'année. Ils ont même réussi à ramener Angela Gossow (ex Arch Enemy) pour un duo, des années après qu'elle se soit retiré de la musique !

Inutile de chercher une quelconque évolution donc, Amaranthe a une formule qui fonctionne (enfin pas pour tout le monde, c'est quand même un style particulier) et l'applique à la lettre, peu importe le line up. Des riffs metalcore, une composition pop rock (riffs simples, structures couplet/refrain/couplet/refrain/bridge/solo/refrain, durée excédant rarement 3 minutes), de l'euro dance, du growl, du chant heavy et du chant pop.

Dès les premières secondes, les notes de synthés 90's nous rappellent chez qui on est et le groupe ne cherche plus à convaincre qui que ce soit, mais à se faire plaisir. On a majoritairement une alternance de titres rapides et dancefloor ("Viral, Archangel") avec des titres plus mid tempo et épiques ("Strong", avec Noora de Battle Beast) et l'inévitable power ballade Crystalline, que la belle Elise dédie à son eau minérale préférée (on me souffle à l'oreille qu'en fait rien à voir, elle parle de sa grand mère). Elise qui est désormais une super star (la ?) du pop metal, et qu'on retrouve absolument partout en featuring, à l'instar de Simone Simons et Alissa White Gluz. On a ainsi pu l'entendre récemment chez Kamelot (le groupe de power metal, pas la série d'Astier, faut suivre), Avalon ou encore Beyond The Black, pour ne citer que les plus connus !


Depuis "Helix", Amaranthe  assume totalement son statut de groupe hyper accessible et bien qu'il soit parfois rangé à tort dans la même catégorie que Within Temptation et compagnie de par son aspect "metal mélodique avec une chanteuse", il est plus à ranger aux côtés d'un Sonic Syndicate. En fait par moments, on dirait même une version occidentale de Babymetal dans ses mélanges de styles. 

La production assurée par Nuclear Blast est donc parfaite, mais on reprochera le manque d'originalité des compos assez interchangeables. Amaranthe ne cherche rien d'autre qu'à distraire et faire passer un bon moment, au même titre qu'on bon gros Marvel des familles, pas à révolutionner l'industrie. Et dans un monde morose sous Covid, parfois ça fait du bien. 

A condition d'apprécier le genre et de savoir pourquoi on écoute ce disque, éManifesté fera passer une écoute agréable mais éphémère à son auditeur. On peut évidemment se contenter des clips, Amaranthe ayant toujours accordé une importance toute particulière à l'aspect visuel et sexy pour vendre sa musique, Elise étant véritablement l'argument de vente du groupe. Soyons honnête, personne n'écoute ce groupe pour son jeu de batterie. Mais tel un groupe de K-Pop, ils ont compris que dans l'industrie actuelle, pour se démarquer, la musique seule ne suffisait pas. Heureusement, derrière cette superficialité apparente, l'efficacité est de mise et la déception n'est pas au rendez vous. Un album d'Amaranthe qui ressemble exactement à ce qu'on attend d'un album d'Amaranthe !

4/5

mardi 29 septembre 2020

Marilyn Manson - We Are Chaos

Fut un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre, Marylin Manson c'était l'Antéchrist. Il faisait peur, dire qu'on l'écoutait c'était susciter la controverse chez les gens lambda (comprendre ceux qui écoutent NRJ et pas du metal). Mais cette époque est bien révolue, depuis au moins "Eat Me Drink Me", voire "The Golden Age of Grotesque". En effet, déjà à cette époque ses concerts étaient devenu mous, il était plus connu pour être le mec de Dita que pour ses frasques des 90's, mais il avait encore quelque chose à dire, des revendications ! Il pesait dans le game quoi !

Mais depuis, Marilyn n'est plus que l'ombre de lui même, des albums de plus en plus fades nous ont plongé dans une torpeur nous faisant dire à tous "c'était mieux avant", des prestations scéniques d'une gênance rare, un duo avec Avril Lavigne (paye ta rebelle !), des pubs pour des voitures... Marilyn est devenu une pop star comme une autre. Une pop star has been qui plus est !

C'est donc avec une oreille pas franchement rassurée que je débute l'écoute de cet album. Les 3 derniers albums de ce bon vieux Brian Warner ne m'ayant pas marqué plus que ça, si ce n'est quelques clips sympas ("Heart Shaped Glasse"s, ou encore son clip trash avec Johnny Depp) ou certains morceaux à l'ancienne comme "Arma Goddamn Motherfuckin Geddon"... Et la première écoute m'a effectivement laissé dubitatif. Non pas que ça soit mauvais, mais je ne savais quoi en penser. Ca n'a plus rien à voir avec l'icône trash des 90's, on a un homme d'âge mûr qui pose un regard posé sur sa propre personne, sur ses errances, ses erreurs et le tout avec une bienveillance qu'on ne lui connaissait pas !

Au fur et à mesure des écoutes, le côté très pop se trouve justement être en parfaite adéquation avec le thème. Marilyn nous a ici un peu fait son HIStory, à savoir un album pas forcément commercial, mais introspectif. Il livre son regard sur les erreurs qu'on commet tous et met de côté la provoc, si ce n'est à 2/3 occasions, pour expliquer qu'il ne sera plus jamais celui qu'il a été et quelque part qu'il regrette certains de ses choix. Il se dévoile lui même comme ayant été un amant toxique et aimerait profiter du temps qu'il lui reste. Vu son mode de vie, pas sûr effectivement qu'il vive aussi longtemps que Kirk Douglas. Et certaines phrases notamment "You're dead longer than you're alive" sont assez explicites sur ce côté désabusé. 

Seulement si je comparais l'album au "HIStory"de Michael Jackson pour son côté introspectif et pour le fait d'assumer totalement ses influences, Bowie en tête, Marilyn oublie un détail. Il ne peut pas vraiment se le permettre. Son chant est ultra limitée. Et si dans les rares passages vénères, "Infinite Darkness" en tête, ça colle plutôt bien, sur les ballades, et il y en a, c'est juste chelou. Il n'a pas la capacité d'Alice Cooper de moduler sa voix en fonction des genres qu'il interprète. Clairement, son père spirituel est nettement plus talentueux que lui là dessus, passant sans problème du hard au crooner ou au soft rock 60's. Marilyn lui chante toujours pareil, quelque soit le morceau, du coup les changements de styles semblent bien superficiels. Peu importe la musique, c'est toujours lui qui prime, et ça gâche quelque peu certaines chansons. Un titre comme "Paint You With My Love" aurait gagné à être chanté en voix claire. Marilyn peut citer Bowie autant qu'il veut, il fera toujours du Manson, peu importe qu'il joue du garage rock comme à ses débuts ou de l'indus comme sur "AntiChrist SuperStar". Sauf qu'il a 50 ans passé, ça passe nettement moins bien.

L'album est donc sincère, passionné, peut être son mieux écrit de ces dernières années, bien au dessus d'"Heaven Upside Down" et "Pale Emperor", mais à l'instar des derniers Ozzy ou la musique semble avoir été composée indépendamment de la voix, Marilyn ne parvient plus à déchainer les passions. Cet album n'est pas mauvais, pire, il est anecdotique ! Quelques morceaux subsisteront peut être, un bon clip peut aider, mais clairement, ce n'est pas ce 12ème opus qui fera revenir les fans des débuts. Les sentiments contradictoires qu'ils m'inspirent, qui se ressentent dans ces lignes ne font que retranscrire mes différentes écoutes mitigées, c'est bien, c'est pas mal, mais on s'en fout. Brian, à l'évidence tu as plein de choses émouvantes à nous raconter, mais clairement tu n'as plus la rage et la hargne d'avant, et tu ne veux pas non plus changer de registre vocal... Pourquoi n'écrirais tu pas tout simplement un autre bouquin ? Conseil d'un ancien fan désabusé.

2/5

lundi 28 septembre 2020

Nightmare - Aeternam


Quatre ans après "Dead Sun", les Grenoblois de Nightmare sont de retour avec un onzième opus, qui voit encore une modification du line up ! On commence à être habitué, depuis les débuts du groupe il y a 40 ans, il ne reste plus qu'Yves Campion ! Sur ce nouvel opus, on retrouve donc un certain Niels Quiais à la batterie, qui officie dans le groupe Ossonor et fait des merveilles derrière les futs. Mais surtout, surtout !! La voix a encore changé !

Après Jean-Marie Boix (RIP) sur les albums des années 80 (lui même succédant à 3 chanteurs de scènes auparavant), puis Jo Amore (King Crown) de 1999 à 2015 lors de la 2ème période du groupe, après sa reformation et enfin Magali Luyten (Lyra) sur l'album Dead Sun, souhaitons la bienvenue à la superbe Madie (Faith In Agony) ! Quatrième vocaliste studio du groupe, deuxième féminine, la jolie brune, qui n'était pourtant pas née lors des débuts de Nightmare s'intègre parfaitement aux compositions du combo, qui ne cesse d'évoluer album après album. Sa voix, d'une grande amplitude, passe de la douceur au rauque, évoque aussi bien les précédents chanteurs, notamment Jo lors de certains passages, que des influences totalement nouvelles. Et ce sont justement ces multiples influences qui assurent la continuité de Nightmare !

Au fur et à mesure des sorties, le line up des français change graduellement, avec toujours l'indestructible Yves Campion à la basse, qui assure la cohérence artistique du projet. Changer de vocaliste est rarement aisé, changer le genre de l'interprète encore moins ! Et pourtant, tel Arch Enemy à l'époque, le changement est bénéfique et permet d'éviter la comparaison avec Jo, qui est resté à la barre durant 7 albums et un EP. Laissant une empreinte permanente sur Nightmare. La comparaison ne pourra donc réellement se faire qu'avec Magali, la chanteuse du dernier opus. Leurs styles sont assez différents, mais pas non plus opposés. Ainsi l'évolution vocale se joue dans la continuité plutôt que dans la rupture, Madie a une voix plus douce, un peu plus "sucrée", mais capable de jouer dans la rugueur comme Magali. Bref, chacun aura sa préférée et rien n'empêche d'apprécier les 2 tant elles s'accomodaient du groupe !

Musicalement, "Aeternam" est un album assez varié et bien que j'ignore totalement de quoi il parle, n'ayant eu accès aux paroles, la musique semble raconter une histoire tout le long. L'évolution des chansons se fait dans l'ordre, suivant un schéma de genre qui évolue. On n'a pas d'alternance aléatoire up tempo/mid tempo / power ballade (d'ailleurs y'a pas de ballade !), mais plutôt un disque en 3 parties.

La première partie composée des 3 premières pistes "Temple of Acheron", "Divine Nemesis"et "The Passenger" est plus orientée metal extrême. La première chanson a carrément des influences black metal, chose rare chez Nightmare, les 2 autres plutôt death mélo à la suédoise. Mais avec toujours des soli typiquement New Wave of Grenoble Heavy Metal. 

La seconde partie comprend elle les chansons "Downfall of a Tyrant", "Crystal Lake"et "Lights On". Plus heavy metal traditionnel, mais avec de forts relents symphos. Le morceau "Crystal Lake" peut être mon préféré de l'album avec le morceau final, en référence à notre ami Jason Voohrees a une atmosphère de film d'horreur particulièrement prenante !

La dernière partie sera du pur Nightmare, et commence par le single titre "Aeternam", puis les morceaux "Under The Ice", ""Black September et mon autre morceau favori : "Annelise".  Cette partie retranscrit exactement ce que je voulais dire par un changement dans la continuité. En effet, hormis la voix de Madie, ces chansons n'auraient pas forcément dépareillé sur les albums précédents et pourtant s'enchainent parfaitement avec les morceaux précédents. Le fait d'avoir regroupé les morceaux par style était un choix judicieux. L'album s'achève donc sur Annelise, le plus long de l'album qui combine un peu ses 3 styles justement, avec une intro de film d'horreur du plus bel effet ! Je ne sais pas qui est la éAnneliseé en question, mais visiblement elle les a bien inspiré !

Un onzième opus fort réussi pour Nightmare qui réussi à toujours se renouveler tout en restant cohérent grace à la présence d'Yves et aux changement de line up nourrissant le groupes d'influences multiples allant du sympho à l'extrême. Une nouvelle vocaliste excellente que je suivrais avec plaisir dans ses différents projets et qu'il me tarde de découvrir sur scène, une fois l'apocalypse passée de mode. Peut être l'album français de la rentrée !

4,5/5

vendredi 17 juillet 2020

Alestorm - Curse Of The Crystal Coconut


Est-il encore utile de présenter Alestorm ? Logiquement, ils sont tellement connus que vous savez déjà si vous les aimez ou pas. Ils ont un style propre, ils ne changent pas d'un iota et ils assumment ! Le refrain de "Treasure Chest Party Quest" est on ne peut plus explicite : “We’re only here to have fun, get drunk, and make loads of money!”

Depuis environ 15 ans, Christopher Bowes mène donc son équipage de pirates exactement là où on les y attend... Avec comme d'habitude quelques surprises ! En effet, qui pouvait décemment s'attendre à leur reprise de "I've got a Hangover" de Taïo Cruz (un chanteur d'électro R&B) ?? Et bien y'aura toujours un peu de portnawak sur ce nouvel opus, entre deux chansons plus attendues.

On commence donc l'album par un "Fannybaws" assez classique puis on enchaîne sur un délirant "Chomp Chomp" aux influences Thrash et aux soli de claviers proche d'un Blind Guardian. Plus surprenant encore, "Tortuga" passe en mode nu metal avec des passages rapés, prouvant que leurs influences vont plus loin que Pirates des Caraïbes et One Piece. Aussi farfelu que soit ce mélange rap metal pirates, ça fonctionne plutôt bien, aidé il est vrai par l'absence de sérieux de l'entreprise.


On retrouve un peu de thrash sur le titre ô combien réaliste "Zombies Ate My Ship". Le nouveau guitariste Maté Bodor se lâche bien sur les riffs plus incisifs que d'habitude, mais laisse la part belle aux claviers pour les soli et mélodies.  Le moment le plus WTF de l'album restera probablement "Shit Boat (No Fun)" et ses paroles à scander en festoche : “your pirate ship can eat a giant bag of dicks”.

Plus basique, mais efficace, idéal pour faire comprendre l'essence d'Alestorm à un néophyte, "Pirate Metal Drinking Crew" est une synthèse du combo. Riffs efficaces et simples, refrain entêtant... Et si jamais tout ça ne suffisait pas, "Wooden Leg part 2" , morceau épique de conclusion de l'album, sorte de mix entre Kamelot et Ensiferum de 8 minutes avec même une section 8 bits, vous achèvera comme il faut !

Un album récréatif, dans la droite lignée des précédents avec des paroles débiles et entêtantes. Très con mais super efficace, un simple album de plus, mais qui fait du bien en ces temps moroses !

3.5/5

jeudi 16 juillet 2020

Black Bart - Pièce De Huit


Deux ans après avoir positivement chroniqué leur "Casnewydd-Bach", les Lillois de Black Bart m'ontenvoyé leur nouvel E.P. Quatre titres, pour un peu plus d'un quart d'heure de piraterie !

Très différent des autres groupes de Pirate Metal comme Running Wild, Alestorm ou Swashbuckle, Black Bart se distingue par un son heavy 80's et un chant phrasé en français qui les démarque instantanément.

"Le Panier De Crabes", "Chaloner Ogle", "Le Maître" et "Mammon" sont de bons titres. Le format E.P. permet de ne pas se lasser (certains morceaux de power metal sont plus longs que tout le disque). Musicalement on est dans la droite lignée du précédent opus, "Pièce de Huit" en est quasiment une extension. Un peu comme les DLC dans le monde du jeu vidéo. Si à la fin de l'écoute de "Casnewydd-Bach" vous vous étiez dit que c'était bon, mais un peu trop court, prolongez le plaisir avec ce mini opus !

Considéré comme une démo, la production de "Pièce de Huit" est on ne peut plus correcte, d'autant plus avec sa volonté de son old school.

N'hésitez surtout pas à soutenir ce bon petit groupe fort sympathique en allant les voir sur scène (enfin quand le monde sera revenu à la normale) et achetez leurs CD !

3.5/5

mercredi 15 juillet 2020

Delain - Apocalypse And Chill


Delain restera toujours dans mon coeur à part des autres groupes de sympho, étant le tout premier groupe que j'ai interviewé. Martjn Westerholt, claviériste et compositeur principal du combo éerlandais a créé un véritable groupe, quasi spin off de son ancien combo Within Temptation à parti de ce qui n'était au départ qu'un concept album sans line up stable, à la Ayreon.

Quatorze and après "Lucidity", ils reviennent donc avec un sixième opus qui ne change guère la recette. Des morceaux allant du heavy rock à la Halestorm (ne pas confondre avec Alestorm) au metal le plus soft, allié à un puissant chant pop que ne renierait pas Lady Gaga, des paroles moins niaises qu'à l'accoutumée et ne sombrant pas trop souvent dans le cliché goth dépressif dark kikoo 666. Refrains catchy et riffs efficaces s'enchaînent avec toujours autant de bonheur.

L'album est majoritairement très radio friendly (bien que j'attende encore qu'NRJ les diffuse), les singles sont fait pour être repris par la foule, dans la droite lignée du hard fm à la Bon Jovi, tout autant que du pop rock. Delain, c'est un peu Superbus qui a fusionné avec Nightwish. Leurs singles sonnent comme des tubes instantanés "Burning Bridges", "One Second", tandis que les autres morceaux , plus complexes, avec des ambiances plus sombres, rappellent qu'on est dans un groupe de metal.


Ce n'est pas l'album que je préfère du groupe, je trouve même une légère régression par rapport aux précédents opus "The Human Contradiction" et "Moonbathers", je le classe plutôt au niveau de "We Are The Others". J'aime moins ces albums, car bien qu'efficaces et possédant certains tubes, sur leur globalité, je les trouve plus orientés rock que metal sympho. Et je préfère clairement cette dernière influence chez Delain.

"Apocalypse & Chill", en dépit d'une magnifique pochette joue la sécurité sur cet album, un peu lisse, trop calibré et n'ayant que de maigres variations à proposer pour se renouveler. Une légère déception certes, mais pour un groupe que j'apprécie énormément. Donc malgré tout un bon album à mes yeux (ou plutôt à mes oreilles).

3/5

lundi 13 juillet 2020

Igorrr - Spirituality And Distortion

Découvert totalement par hasard au Hellfest sous un chapiteau alors que je me promenais entre 2 groupes attendus, lors de l'édition 2017, Igorrr fait parti de ces claques sorties de nulle part, dont personne ne m'avait jamais parlé avant que je les vois, mais que pourtant tout le monde semblait connaître une fois que je le mentionne. Pas sympa les potes...

Projet du multi-instrumentiste bien de chez nous Gautier Serre, Igorrr (avec 3 R oui, peut être en hommage au chef d'oeuvre d'Alain Chabat ?) est un mélange de metal et d'electro expérimentale (entre autre). C'est clairement le genre d'oeuvre qui ne plaira pas à tout le monde vu la spécificité du projet. Après "Savage Sinusoid" on était en droit de se demander comment sa musique allait pouvoir évoluer. En effet, quand on mélange tout comme ça, difficile d'avoir un style clairement défini. Par conséquent, on pouvait s'attendre à absolument tout sur ce nouvel opus ! A part peut être à un mélange de zouk et de dubstep avec un feat de Jul (quoi que...).

Et bien, pas de déception de ce côté là ! On retrouve du chant lyrique via les vocalistes Laure Le Prunenec et Laurent Lunoir, Timba Harris au violon (rien à voir avec Mufasa), Matt Lebofsky au piano, Pierre Mussi à l'accordéon, Mike Leon à la basse et d'autres musiciens d'instruments folkloriques comme Mehdi Haddab et Fotini Kokkala.

Musicalement, l'album garde une certaine cohérence dans sa diversité et se retrouve étrangement plus heavy que le précédent. Plus de morceaux mettent l'emphase sur les riffs death et black. Mais on retrouve également pas mal d'influences orientales, notamment sur "Camel Dancefloor," "Downgrade Desert," et "Himalaya Massive Ritual" et on a même droit en guest a George Fisher de Cannibal Corpse sur la pavé dans la face qu'est "Parpaing". On notera également à quel point le nom des morceaux donne directement une idée d'à quoi s'attendre.

Le côté electro n'est pas en reste, un morceau comme "Very Noise" rappelle pas mal Aphex Twin, tandis que le plus trip hop "Lost In Introspection" évoque quant à lui Moby (et non Bill Murray).

Tout le long des 14 pistes de cet album, on passe donc sans transition du black metal au trip hop, en passant par la musique baroque et les folklores régionaux. Igorrr demande donc nécessairement une certaine ouverture d'esprit pour apprécier son oeuvre mais montre aux métalleux réactionnaires ce que c'est réellement un album varié ! Non mettre un riff thrash dans un album de death, c'est pas ça l'ouverture d'esprit. Un petit bijou de dark world music (j'ai déposé cette appellation, défense donc de me la piquer !) qui marquera l'underground français pour les années à venir !

4.5/5


dimanche 12 juillet 2020

Benighted - Obscene Repressed

Les français de Benighted sont de retour pour nous jouer un mauvais tour ! L'ennui avec eux, mon principal soucis, c'est qu'à force d'enchaîner les cartons, je crains le jour où ils sortiront un album moisi. Très peu peuvent en effet se targuer d'avoir une discographie irréprochable et à chaque album, j'ai toujours le doute...

Mais clairement ce ne sera pas encore pour cette année ! "Obscene Repressed" continue avec le line up du précédent opus et nous offre un mix de choses attendues chez Benighted et de surprises. Un titre comme "Nails" n'a rien de particulier à nous offrir, il est bon, mais exactement comme on l'imagine. "Implore The Negative" en revanche offre un plus large panel d'ambiances, un titre plus groovy que ce qu'on pouvait attendre des deatheux.

La raison de cette variété s'explique aussi par sa volonté de raconter une histoire tout le long. Un concept album donc, qui d'après Julien Truchan parle d'un petit garçon psychotique souffrant d'un complexe œdipien ! Tout à fait le genre d'histoire à raconter à sa copine pour un premier rencard donc. Bien évidemment, ça ne s'arrête pas là, ce ne serait pas drôle et on y parle aussi de cannibalisme. Parce que le simple inceste c'est trop kawaii, rajoutons de l'anthropophagie !

Pour raconter cette histoire méga tordue et malsaine, une variété d'influences sont donc requises, ce qui rend l'album nécessairement plus varié qu'à l'accoutumé et explique probablement les guests présents ici : Jamey Jasta (Hatebreed), Sebastian Grihm (Cytotoxin) et Karsten Jager (Disbelief). Ils ne sont pas là juste pour faire joli mais servent une vraie logique artistique.

Pour sortir un peu de cette ligne directrice, les français se sont permis une cover étonnante de "Get This" de Slipknot en bonus track ! Une réinterprétation intéressante et plus malaisante que l'originale !

Un très bon album de Benighted qui poursuit le travail accompli sur les précédents opus, mais n'hésite pas à prendre des virages, concept album oblige, pour nous donner ce qu'on attendait et ce qu'on attendait sans le savoir ! Un album qui complétera harmonieusement les précédents dans votre CDthèque, un des grands succès du death metal 2020 !

4/5


samedi 13 juin 2020

Turmion Katilot - Global Warming

Mais c'est quoi ce truc ?? Telle fut ma réaction en visionnant le clip totalement WTF de Naitu. Je n'avais jamais entendu parler de ce groupe et le clip annonce direct la couleur. Un mélange de death et de techno en finnois. Dans le clip des gens avec des masques d'animaux font une orgie SM et l'un des membres du groupe est projeté dans l'arrière train d'une grosse dame, tel un certain épisode de South Park avec Monsieur Esclave et un hamster. Et bien musicalement, on ressent tout à fait cette impression de nawak tout au long de cet album.

Il s'agit donc du 10ème album, depuis 2003 du groupe finlandais, alliant metal et sonorités dancefloor. Les thèmes abordés, d'après Google Trad (désolé, je ne comprend pas très bien le finnois !) sont donc le sexe, Satan, la politique et la folie en général. Ce qui est particulièrement bien retranscrit par le clip sus mentionné. 

Musicalement, cet opus se divise en trois catégories de chansons. Des chansons purement metal indus que ne renieraient pas les fans de Rammstein. D'autres beaucoup plus orientés electro, avec les riffs en retrait dans le style du "Disco Love" de Semargl (groupe allant du Black Metal jusqu'à l'Euro Dance). Et une troisième catégorie plus festifs. 

Si le single "Naitu" est un titre très indus, d'autres comme "Sylkekää sihen"  mélangent les sonorités slaves au disco. " Kuoleman juuret" est le genre bien entêtant et un candidat idéal pour nous faire chanter en yaourt à tue tête des paroles qu'on ne comprend pas, tel un otaku tentant de répéter ce qu'il entend de l'opening de son anime préféré.

Par rapport à ce que j'ai pu entendre des précédents albums, il y a 0 évolution. Le style est rigoureusement identique, ils ont une formule qu'ils n'entendent pas lâcher et à l'instar d'un Korpiklaani se contentant de prendre un nom d'alcool différent à chaque album, il est fort possible que les fans des débuts de Turmion Katilot aient lâché l'affaire. Néanmoins, pour ceux qui comme moi découvriraient le combo avec cet opus (merci Nuclear Blast de nous faire découvrir ces barjots d'ailleurs !), il y a largement de quoi faire ! L'album, comme je le disais est divisé en 3 types de chansons, ce qui fait que la petite dizaine de titres passe comme une lettre à la poste sans lasser. 

Néanmoins et pour être objectif, le jeu des musiciens est archi basique. Aucune variation particulière. Batterie, clavier et guitares sont très monolithiques. Aucun n'est un virtuose de son instrument, les morceaux se distinguent grace aux mélanges de leurs influences plus que par la richesse toute relative de leur technique. Le chant est correct pour le style, on n'en demande pas plus. Du coup, je me demande sincèrement s'il est possible d'aimer tous leurs albums sans éprouver de lassitude au bout d'un moment.

Un album fun et déjanté, qui fera à la fois pogoter et jumper. Néanmoins, c'est archi basique et répétitif. Dix albums comme ça sans évolution, ça fait beaucoup. Ne connaissant pas encore bien leur discographie et m'étant contenté des singles pour les précédents opus, j'ai kiffé l'album. Mais le fan des débuts est il toujours présent depuis le temps ou a t'il lâché l'affaire ? En tout cas, si vous ne connaissez pas et que vous aimez les groupes sans prise de tête, ne cherchant pas la technicité, mais l'efficacité et que vous êtes ouverts au mélange disco pagan, jetez-y une oreille et matez quelques clips ! Un groupe assurément très funs bien qu'au registre très limité.

3,5/5 (en tant que novice du groupe)


jeudi 11 juin 2020

Vader - Solitude In Madness

Quatre ans après leur surprenant dernier opus "The Empire", les polonais de Vader reviennent en force avec un nouvel album qui va lui faire la démarche inverse de ce précédent méfait. L'opus de 2016 renouvelait considérablement la musique du combo en alliant le heavy et le thrash à leur habituel death, pour un metal plus varié, mais toujours teinté de leur noirceur habituelle. Comment se renouveler après ça, sans pour autant mixer des styles incompatibles au leur ? La réponse est via un retour aux sources ! 

Pour la première fois depuis 2006 avec "Impressions In Blood", Vader change de studio et enregistre en Angleterre, à l'instar de leur tout premier opus il y a presque 30 ans. Ce douxième album sonne donc comme une réminiscence du vieux Vader, mais avec l'expérience de l'actuel. Le thème reste toujours globalement axé sur l'influence des médias et d'internet, ainsi que de la folie des réseaux sociaux. En ce sens, "Solitude In Madness" est en quelque sorte "The Empire 2" ou "The Empire Strikes Back" pour rester dans la référence à Star Wars, si chère au polonais.

Le line up actuel étant stable depuis 2011, l'infatiguable Piotr Wiwczarek a choisi donc de collaborer au Grindstone Studio, sur la recommandation de leur batteur qui a déjà travaillé avec eux sur un précédent projet. Scott Atkins, un des ingés sons de "Cradle of Filth" sera donc le principal chef d'orchestre de cet opus. Le changement radical d'influences, allié à cette volonté de réminiscence explique en grande parti l'orientation différente de ce douxième album. Lorsqu'on a encore l'envie de continuer à innover mais qu'on est à cours d'idée, le mieux étant tout simplement de changer de collaborateurs. Et la prise de risque s'avère donc payante !

L'album a une durée de vynil et n'atteint pas la demi-heure. Les titres n'excèdent jamais 4 minutes. Pas de fioriture, Vader ne fera pas dans la dentelle ! On a un album brute, direct et efficace. La production est impeccable en dépit de la vitesse du jeu des différents instruments. Le traitement de la voix de Piotr a également été très travaillé. On ressent une multitude de variations au niveau des émotions, des intonations et de la prononciation, chose assez rare pour être soulignée dans le death. 

L'album privilégie l'agressivité comme sur la piste "Shock & Awe" mais se laisse aller à des instants plus mélodiques comme sur "Into Oblivion". On notera des passages plus groovy sur "Incineration of the Gods" et "Final Declaration". En dépit de ce déferlement de sauvagerie, la musique de Vader n'est jamais confuse, on distingue moult détails, particulièrement lors de l'écoute au casque qui rendent les multiples réécoutes toujours plus fascinantes. On redécouvre chaque fois de nouveaux sons qui changent l'expérience de la première écoute.

En conclusion, un album qui renouvelle le son de Vader en faisant du neuf avec du vieux. Les nouveaux membres revisitent le vieux Vader d'avant eux, avec un nouveau studio et de nouveau technicien. Le résultat donne un mix entre l'avant et l'après, le tout soutenu par une production soignée et riche de détails et un songwriting audacieux qui change des âneries typiques du genre. Un album qui ne livre pas ses secrets au premier abord et mérite une certaine attention.

4/5


mardi 9 juin 2020

Burning Witches - Dance With The Devil

J'ai l'impression d'avoir à peine fini de chroniquer leur second album "Hexenhammer" que déjà je dois livrer la chronique de leur troisième opus "Dance With The Devil". Les Manowarettes Suisses de Burning Witches sont en effet déjà de retour et ma petite référence au combo de Joey DeMaio est ici encore plus explicite vu qu'elles reprennent carrément "Battle Hymn", en collaboration avec un ancien Manowarrior : Ross The Boss.

Le gros changement de line up opéré après leur deuxième album ne change rien à la formule. L'album est un heavy metal classique, très 80's, avec un gros côté pop, rappelant par là un Battle Beast en moins sympho. La nouvelle chanteuse, Laura Guldemond remplace Sereina Teilli au chant, après le split du groupe néerlandais Shadowrise. Sa voix rappelle grandement Rob Halford. En celà les influences Iron Maiden et Judas Priest sont toujours omniprésentes, on n'est pas dépaysés. On comprend ainsi comment les filles ont pu revenir aussi vite tout en ayant changé de line up. L'autre petite nouvelle est Sonia Nusselder (ex Jackal) qui remplace Alea Wyss à la gratte.

Il n'y a pas grand chose à dire de ce troisième opus que je n'ai pas déjà dit lors du précédent. En dépit des 2 nouvelles, les compositions restent similaires. Si vous avez aimé leurs 2 premiers albums, il y a de fortes chances que vous appréciez également celui ci, sinon changez de groupe ! Burning Witches livre un album de heavy pop ultra calibré, sans prise de risque, faits pour les fans du style, sans ambition de révolutionner quoi que ce soit. Tous les ingrédients du genre sont réunis. Choeurs épiques sur "Wings of steel", power ballade avec "Black Magic" et soli traditionnels à la Maiden/Priest /Insérez un groupe de heavy classique sur la plupart des morceaux. L'hommage est rendu encore plus évident sur la reprise de Manowar dont je parlais plus haut qui en plus d'avoir en guest prestigieux Ross The Boss voit également Michael Lepond, bassiste de Symphony X ! Le respect trop appuyé des conventions se retrouve jusque dans les titres des chansons, tous déjà utilisés ou très ressemblants avec des classiques du genre. "Dance with the devil", "Wings of Steel", y'avait rien de moins original les filles ??

Il est clair que le combo féminin est adoubé par les cadors du Heavy. Mais cela en fait il pour autant un groupe incontournable ? Les groupes de heavy, y compris féminins pullulent, jusqu'au Japon (Lovebites par exemple), et Burning Witches n'est qu'un parmi d'autres. C'est bien fait, c'est efficace, mais elles n'ont pas de style propre et jouent avec propreté le style de leurs aînés, tel un cover band qui déciderait de créer de nouveaux morceaux. En continuant sur cette lancée, Burning Witches, tout adoubées qu'elles soient, ne restera qu'un sympathique groupe de première partie. Néanmoins, le potentiel est vraiment là, si les filles se décident à se lâcher, à être plus irrespectueuses des conventions et à tenter quelque chose, on pourra avoir droit dans l'avenir à des albums plus personnels.

Burning Witches en dépit de leur gros changement de line up est une formule éculée qui peut plaire aux fans de heavy traditionnel, quoi qu'avec une orientation très pop, mais qui ne révolutionne rien et n'attirera pas grand monde dans son giron. L'absence totale d'ambition et une totale dévotion aux cadors du style donne un album agréable mais un peu lisse et trop convenu. Néanmoins la passion et l'authenticité est là, Burning Witches a en elles le potentiel de devenir plus que le simple groupe hommage actuel. Affaire à suivre !

3/5


lundi 4 mai 2020

Babymetal - Metal Galaxy

Donc oui, je vais déjà donner ma réponse quant à la question qui divise la fanbase : Oui Babymetal a sa place dans la "grande famille du metal". Que ce soit un pur produit de studio n'y change rien, ils ont sû s'entourer des bons musiciens et leur donner carte blanche. Et ce "Metal Galaxy" a beau être hyper opportuniste, il n'en reste pas moins un album ultra efficace, qui va jusqu'au bout de son délire et n'hésite pas à prendre des risques. Parce que le mélange J-Pop et metal n'est pas assez original (plein d'autres groupes de kawaii metal ont vu le jour depuis, comme leurs rivales de LADYBABY), il faut donc aller encore plus loin. Ainsi cet album verra donc des fusions encore plus WTF avec des références allant de Bollywood ("Shanti Shanti") au rap en passant par les Jackson 5, le pagan et les musiques latines !

Niveau guest, le précédent album pouvait se targuer d'avoir des membres de Dragonforce sur "Road To Resistenc"e, ici on a droit à Alissa White-Gluz (Arch Enemy, ex The Agonist), Joakim de Sabaton, le rappeur Thaïlandais F.HERO sur le délirant "PA PA YA" et 2 membres de Polyphia. Autant dire que ça envoi du lourd donc. Donc opportuniste oui, mais ils savent qui inviter !


On remarquera également, même si c'est ultra cliché à dire que cet album est plus mature et moins kawaii que les précédents. Ce qui colle aussi à l'âge de Yui qui a plus de 20 ans maintenant, même si tenue d'écolière oblige, elle en fait 14. Alors du coup certains morceaux Comme "Shine" sonnent plus "normaux", comme n'importe quel groupe de rock japonais féminin type Lovebites et c'est un peu dommage. Mais sur l'ensemble de l'album, on a globalement à la fois ce qu'on était en droit d'attendre d'un nouveau Babymetal, mais également ce qu'on n'attendait pas ! Alors c'est facile de les critiquer sur l'aspect commercial, mais à l'instar d'un bon blockbuster des familles, on s'y amuse et on en redemande !

Un album complètement fou, décalé, riche de guests et de fusions des genres improbables, qui ne fera sans doute pas changer d'avis les réfractaires au genre mais qui assure le spectacle pour peu qu'on adhère à la proposition. Néanmoins il cède à la facilité par moments avec des chansons trop calibrées rock féminin. Babymetal n'est jamais aussi bon que lorsque c'est du grand n'importe quoi !

4,5/5


dimanche 3 mai 2020

Nightwish - Human. :II: Nature

Cinq ans qu'on l'attendait ce nouvel opus du combo finlandais. Une demi décennie durant lequel le groupe n'a pourtant pas chômé, enchaînant les tournées à rallonge et ayant promu un excellent best of couvrant toute leur discographie, permettant de réentendre d'anciennes pépites plus jouées depuis longtemps, supermement réinterprétées par la talentueuse vocaliste actuelle du groupe, Floor Jansen, ex After Forever.

Mais niveau nouveauté, le groupe ne nous avait jamais autant fait patienter. Une attente d'autant plus longue que leur précédent album "Endless Forms Most Beautiful" sonnait comme une redite, l'énième album d'un groupe n'ayant plus rien à ajouter. Tel un Star Wars Episode VII, il se contentait d'offrir aux fans ce qu'il était en droit d'attendre, sans jamais le surprendre. Pire, la voix de Floor n'était quasiment pas exploitée. C'est vraiment sur scène que la géante hollandaise peut pleinement s'exprimer au sein du combo. Sur album, elle y était bridée. On avait donc toutes les raisons de craindre ce nouvel opus. Alors qu'en est il ?

Mon avis est donc mitigé. Grand fan de Nightwish, c'est eux qui m'ont fait découvrir le metal sympho, je ne suis donc guère objectif. Je ne retrouverais probablement plus jamais les sensations que j'ai ressenti lors de ma première écoute de Once, pour cela je dois me tourner vers d'autres combos. "Human II Nature" a au moins le mérite, à l'instar d'"Imaginaerum", de tenter autre chose. Ce n'est pas un clone de Once et Dark Passion Play comme le précédent opus. J'irais même jusqu'à dire qu'il va plus loin dans l'originalité et la recherche de nouvelles mélodies qu'"Imaginaerum" ! Là Nightwish prend des risques. Je faisais le parallèle avec la postlogie Star Wars, on peut le continuer, l'épisode VII était un quasi reboot visant à rassurer la fanbase très déçu par la prélogie (les fans de la période Tarja n'avaient pour beaucoup pas kiffé du tout Anette, alors que Floor était déjà hyper populaire, ce choix de vocaliste visait donc la sécurité). L'épisode VIII a ensuite déconstruit ce qui avait été fait par le précédent et c'est également le cas ici. Le dernier album était trop calibré, trop de mélodies rappelant les anciens, comme s'ils avaient voulu rassurer les fans : on est vraiment le vrai Nightwish ! Et bien cette fois, maintenant que c'est dit, ils explorent autre chose et forcément avec de tels risques... Ca passe ou ça casse !


Les riffs sont très en retraits, la partie atmosphérique y est plus présente et l'aspect celtique, timidement présent auparavant est désormais parti intégrante de l'âme du groupe. On pensait qu'après les ères Tarja et Anette on aurait l'ère Floor, il semblerait qu'en fait ce soit l'ère Troy ! Le musicien folklorique a totalement transformé la musique du groupe, allant jusqu'à pousser le chant lui aussi, mettant de côté les parties heavy de Marco. J'ai l'impression d'écouter un autre groupe. Certains morceaux, notamment le single Noise rappellent d'anciens tubes, mais dans l'ensemble je m'y retrouve moins. Certains morceaux sont superbes comme "Pan" ou "Shoemake"r, mais globalement ce qui me plaisait est moins présent. L'aspect folklo-philarmonique a supplanté le metal et même le chant est en retrait. Pourquoi engager une chanteuse telle que Floor pour si peu l'exploiter ? C'est du gâchis !

Alors oui, sur l'ensemble c'est joli à entendre, certains morceaux sont excellents mais à l'évidence, si j'avais découvert Nightwish par cet album, je serais passé à côté du groupe ! Changer de style, c'est très bien, mais mettre à ce point leur atout majeur, Floor, c'est très bête ! La pauvre n'a pas de quoi s'épanouir ici. Je semble méchant à l'égard de l'album, mais c'est parce que je suis fan depuis 16 ans. Objectivement, j'ai kiffé l'album et je prendrais du plaisir à le réécouter de temps à autre. Mais pour faire encore une autre comparaison douteuse, "Human II Nature" me rappelle "Invincible" de Michael Jackson. Un album objectivement correct, mais fade, d'un artiste qui avait déjà tout donné et n'avait clairement plus grand chose à dire. Et ça me semble encore plus le cas avec le 2ème CD, entièrement orchestral, joli comme tout pour illustrer des parties de JDR. Mais absolument pas marquant. Par respect, n'étant pas chroniqueur de musique classique, je chroniquerais donc uniquement le CD 1.

Un album bien produit, efficace, joli, contenant quelques pépites et s'éloigne enfin des sentiers battus. Néanmoins au vu du passif du groupe, il déçoit par certains partis pris comme la mise en retrait des riffs et surtout de la voix de sa fabuleuse vocaliste, qui semble surtout avoir été recrutée pour assurer le rendu scénique des anciens morceaux tant elle ne peut s'épanouir ici.

3/5