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jeudi 28 février 2019

Lux In Tenebris - To A New Eternity

Première sortie du projet metal symphonique orchestré par Marion Lamita-Peubey (ex Darkonelly), "To A New Eternity" est peut être LA découverte française du moment ! Quasi entièrement conçu par une même personne, aussi bien dans ses mélodies que dans ses paroles, l'album est à l'image de sa créatrice et interprète, un mélange de mélodies lyriques, de mysticisme, de douceur et de puissance. Quelque part entre l'ésotérisme de Therion et la douceur de Leaves' Eyes, l'EP du haut de ses 7 titres nous renvoi à nos propres contradictions, symbolisées aussi bien par ses paroles que sa musique, mélange de multiples influences tant opposées que complémentaires, tel le yin et le yang.

La lumière au sein des ténèbres (d'où le nom du groupe), le bien dans le mal, ne pas céder à la fatalité, sont autant de thèmes, racontés sur un mode fantastico-mythologique, évoquant divers croyances dont celles de l'Egypte Antique, ou encore l'Ancien Mystique Ordre de la Rose Croix. Tout cela se ressent dans le choix des instrumentations symphoniques, fruit du mélange de différents folklores.

La production, surtout pour un premier essai est particulièrement professionnel, le mixage met en valeur la plupart des instruments, l'espace sonore est bien rempli, mais rarement surchargé, rien n'est noyé dans le mix. Il n'y a certes pas encore la clarté d'un "Once" de Nightwish, mais c'est déjà plus que prometteur et supérieur à pas mal d'autres groupes plus anciens du style. Les titres ne sont pas les plus variées du monde non plus, mais liés par un même concept, ça ne lasse pas, d'autant plus qu'il n'y a que 7 titres. En plus de la voix de Marion, son compagnon Tony Erzebeth pose ses grunts sur le disque, ainsi que des passages narratifs, rappelant encore une fois le Leave's Eyes d'antan avec Liv.

Laquelle, et c'est justement la surprise de cet EP est d'ailleurs présente en duo sur le titre "The Grand Design". L'ancienne interprète de Theater of Tragedy, qui manque cruellement à la scène ces dernières années semble depuis quelque temps refaire surface, après avoir chanté en duo sur tout l'album de sa soeur dans Midnattsol. En dépit des tragédies personnelles récentes qu'elle a vécu, elle est toujours là ! Les 2 voix se marient plutôt bien sur le titre, bien qu'elles n'aient pas forcément le contraste vocal le plus saisissant du monde. On est plus sur une complémentarité jouant sur les nuances entre les deux, un peu comme justement sur l'album de Midnattsol.

Du haut de ses 5 chansons et 2 titres instrumentaux, plus qu'une simple démo pour un groupe émergeant, "To A New Eternity" est un authentique bon disque de metal sympho, plus que prometteur pour le premier album long à venir, dont le thème devrait être Marie Antoinette. Un guest de Kirsten Dunst à prévoir ? Seul l'avenir nous le dira, mais vu l'audace dont fait preuve cet EP, tout porte à croire que Lux In Tenebris réserve encore bien des surprises. En espérant juste que sa carrière soit plus longue que celle de Darkonelly, le précédent groupe de Marion. 

4/5


vendredi 15 février 2019

Beast In Black - From Hell With Love

A peine plus d'un an après la sortie de leur premier album, inspiré par le manga Berserk, les finlandais de Beast In Black sont déjà de retour avec ce second opus. Soyons clair, la formule n'a pas changé d'un iota, si vous aviez aimé le premier, vous aimerez tout autant celui là. Sinon, changez de groupe.

Pour ceux qui n'ont pas lu ma chronique de "Berserker", petit rappel des faits, Beast In Black est fondé par Anton Kabanen, que j'avais interviewé pour l'occasion, ex membre de Battle Beast, groupe de pur heavy 80's, qui en désaccord avec le (léger) changement d'orientation du groupe, a décidé de faire bande à part et de former son propre groupe pour jouer la musique qu'il aime. C'est à dire en gros un mix de Glam Metal 80's ultra kitsch avec des influences plus modernes comme Sabaton et une grosse louche d'euro pop.

On remarquera toute l'ironie pour un groupe musicalement aussi soft de s'inspirer de mangas aussi archi violents que Berserk pour le premier opus et maintenant Ken le Survivant pour ce second ! Toujours aussi ridiculement délirant, ce second volet lorgnant régulièrement vers Meat Loaf ("Cry Out For A Hero"), nous offre donc pléthores de refrains accrocheurs mais ô combien kitschs, la ballade ridicule "Sweet True Lies" et ses paroles d'une niaiserie rappelant les Bee Hive" (mais si, rappelez-vous, le groupe de Mathias, dans Lucile, Amour et Rock'n'Rol").

La bonne humeur de l'ensemble, dans un délire faussement premier degré à la Manowar, nous rappelle donc inévitablement par son kitschs excessif les délires d'un Steel Panther, le chanteur avec sa voix de castra irritera toujours ceux qui ne peuvent pas piffrer Judas Priest, mais pour ceux qui adhèrent à tous ces excès, l'album est franchement bon, quasi jouissif par moments. A écouter évidemment dans son édition collector, qui comprend une cover de "No Easy Way Out", le tube de Rocky 4 ! 

4/5



jeudi 14 février 2019

Within Temptation - Resist

Cinq ans aprè un "Hydra" particulièrement hétérogène, sonnant comme un mix de tous leurs albums précédents, les vétérans du metal symphonique hollandais sont enfin de retour avec ce 'Resist', après un petit apparté pop en solo de sa chanteuse l'an dernier. Il y a plusieurs types de groupes, dans le sympho y compris. Ceux qui ne changent jamais de style, estimant que "c'est ça qu'on attend d'eux", un peu comme Epica qui après des débuts tonitruants s'embourbe dans des albums de plus en plus répétitifs et ceux qui se réinventent sans cesse.

On peut dire de certains groupes qu'ils "se cherchent" quand leur son évolue et fini par se stabiliser une fois sorti un gros carton, on pensera plutôt cette fois ci à leurs rivaux de Nightwish, qui après avoir pas mal évolué jusqu'à "Once" a décidé par la suite de refaire cet album en boucle en changeant juste de chanteuses. Within, au bout de 7 albums (8 en comptant leur album de reprises), clairement s'ils se cherchent encore, c'est qu'ils sont définitivement perdus ! Non, on parle dans ce cas là de groupe se réinventant sans cesse, quitte à parfois ne pas faire mouche.

Leur premier opus sorti en 97 "Enter" (et l'E.P. qui a suivi) était dans une veine dark gothic metal à tendance doom avec alternance chant clair et guttural, de type Theater of Tragedy. Changement radical dès l'opus suivant "Mother Earth" en 2000 qui zappe les growls et passe à une ambiance féérico-fantasy à la Disney. Seule la voix sur-aigûe à la Kate Bush de Sharon Den Adel rappelle qu'il s'agit du même groupe. "The Silent Force" en 2004 mettait l'emphase sur les orchestrations symphoniques surpuissantes et une ambiance plus mélancolique à la Burton. En 2007, "The Heart of Everything" testait lui une approche "à l'américaine", plus nü metal et "The Unforgiving" en 2011 effectuait lui un virage electro-pop. Puis finalement en 2014, "Hydra" offrait un peu de tout ça. Que nous apporte donc ce "Resist" ?? Et bien si "Hydra" nous remettait en quelque sorte une ou deux chansons de chacuns de leurs styles précédents, ce nouvel opus lui crée un "nouveau" style en mixant toutes ces influences. Le côté pop est très présent (trop ?), mais avec des gros riffs à l'américaine, légèrement sous mixés pour mettre en avant le synthé. Les choeurs et orchestrations sont toujours présents mais plus en retrait, tout comme les "Oooh oooh oooh ooooh" légendaires de Sharon, grandement diminués, son chant est plus grâve que jamais.

L'album est parfaitement homogène, à l'exception de la ballade de cironstance et d'un morceau assez étrange ("Firelight"), on a une harmonie globale, pour peu qu'on adhère au style proposé. Et c'est là que le bas blesse, en tout cas pour moi. J'ai toujours adhéré à leurs différents changements de styles, souvent dus aux multiples changements de line ups, car on retrouvait toujours une constante, Sharon et le lyrisme. Or, sans doute depuis son album solo "My Indigo", la vocaliste n'a clairement plus sa voix d'antan. Est-ce dû à l'âge ou n'est ce qu'une volonté artistique d'explorer d'autres horizons ? Le fait est que j'accroche tout simplement beaucoup moins. Les morceaux sonnent plus comme du Muse que comme du Within Temptation et c'est pas vraiment ce que je recherche. C'est un album ultra calibré pour les radios.

Selon les goûts des auditeurs et l'ouverture d'esprit des fans, cet album passera... Ou cassera ! "Resist" est, désolé du terme ultra galvaudé, hyper commercial, très bien foutu mais passe partout et sans âme. Le talent de composition et la perfection de la prod font que le rendu est excellent, donc ça sonne très bien. On peut évidemment saluer, comme à l'accoutumée la prise de risque artistique, de changer encore une fois leur son, mais on peut également se demander s'ils n'ont pas évolué vers un style plus accessible, plus grand public, au détriment de leur intégrité. Un album qui, peut être, nécessitera une plus longue digestion et pas mal d'écoutes, afin de mieux être assimilé et de se faire une opinion plus définitive dessus. L'avantage c'est que comme ils se réinventent sans cesse, le prochain album me plaira peut être plus ! 

3/5


vendredi 1 février 2019

Skald - Le Chant Des Vikings

Bien qu'ayant reçu l'album il y a déjà un mois, il y a de ces albums qu'on doit laisser refroidir pour plus d'objectivité et éviter de trop s'emporter à chaud. "Le Chant des Vikings" est de ceux là. Une claque sortie de nulle part (enfin de la région nord-est, façon de parler) sur un sujet pourtant maintes fois abordés par d'autres combos comme Manowar ou Amon Amarth... Mais la différence est dans le traitement !

Thème archi populaire ces dernières années, que ce soit via le héros Marvel où la superbe série Vikings, la culture nordique revient ici en force, dans la lignée plutôt d'un Wardruna, dans sa recherche d'authenticité, en chantant dans la langue norroise. Christophe Voisin-Boisvinet, producteur et compositeur du combo a eu du nez en dégotant trois vocalistes d'exceptions, pour une multiplicité d'ambiances.

Abordant donc le thème des scaldes (sortes de bardes vikings), Skald chante donc l'héritage norvégien et ressort donc l'étendart des instruments traditionnels de circonstance, qu'ils s'agissent de percussions tribales ou d'instruments à cordes comme la lyre ou la harpe. Si mes connaissances en norrois sont quelque peu limitées (comme tout métalleux, je sais juste trinquer quoi !), l'ambiance ressortant de ces douces mélodies est palpable et on se prend ldéjà à chevaucher son cheval (ou sa walkyrie) avant d'entrer au Valhalla !

Fort de 13 titres passant par toutes les palettes d'émotions, "Le Chant des Vikings" est un album varié mais homogène, ressemblant quelque peu à Wardruna ou encore aux albums accoustiques d'Eluveitie, qui sonne authentique (difficile de savoir qu'ils sont Nantais si on ne nous le dit pas !) et peut passer aussi bien en musique de fond lors d'une soirée, qu'en B.O. d'un jeu de rôle, ou évidemment lors d'une écoute au casque, afin de déceler toutes les richesses de composition. On notera aussi une production particulièrement claire et audible, laissant croire au disque d'un groupe déjà vétéran, et pourtant... Un petit bijou qu'on a hâte de découvrir sur scène. Que vont ils bien pouvoir nous révéler par la suite ?

4.5/5