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mardi 21 mai 2019

Amon Amarth - Berserker

Chroniquer un nouveau Amon Amarth, c'est un peu aller à l'aventure en drakkar mais en sachant pertinemment par où passer, comment ne prendre aucun risque et arriver sain et sauf. Métaphore assez peu subtile de ce que représente leur musique, ultra efficace... Mais un peu toujours pareille. Si vous aviez aimé "Jomsviking", leur excellent précédent opus, vous adorerez tout autant ce "Berserker" !

Suite à ce préambule quelque peu critique quant à la stagnation du groupe, mettons néanmoins un bémol sur leur légère orientation, encore plus mélodique, plus power metal et nettement moins death, hormis sur le chant. Cet adoucissement a à l'évidence perdu bien des fans depuis "Twilight of The Thunder God", mais nombreux sont resté à la barre, et bien d'autres les ont rejoint. Toujours dans cette mouvance "Power Death", "Berserker" est pour qui se laissera happer par l'album, un brûlot dense et passionnant dont on ne se lasse jamais ! Oui c'est toujours pareil, et alors pourquoi changer ? Voudriez-vous vraiment voir Amon Amarth s'essayer à autre chose ? Il y a bien des groupes qui aiment se réinventer et il y a certaines entités dont on aime être abreuvés à l'infini du même nectar ! Après tout, on ne demande pas à Jason de se réinventer, on veut juste le voir trucider des teenagers, c'est pareil ici.

Encore moins rugueux et bourrin que ses prédécesseurs, ce qui est curieux quand on parle des berserkers, les guerriers les plus violents de la mythologie nordique, ce 11ème opus des suédois est néanmoins puissant, épique, sombre et mélancolique. Des titres comme "Crack The Sky", "Raven's Flight" ou "Valkyria" transportent l'auditeur qui s'imprègnent de leurs textes toujours bien écrits dans un univers barbare et grandiose. Un death ultra mélodique (ou un power metal très agressif ?) parfaitement taillé pour le live et rendant grandement hommage à la voix caverneuse du toujours excellent Johan.

D'autres titres comme "Mjoner, Hammer of Thor" et "Shield Wall" renouent néanmoins avec ce côté death à l'ancienne. Il s'agit évidemment des morceaux les plus sombres de l'album, par la même occasion. "Fafner's Gold" et "Into The Dark" forment de parfaites introductions et conclusion à ce nouveau chapitre de la saga Amon Amarth.

Si l'album se révèle encore plus mélodique que les précédents et qu'on n'observe toujours aucune prise de risque dans leur style qui semble quelque peu se "mainstreamiser" (copyright sur ce néologisme), le talent d'écriture et de composition est tel qu'on peut difficilement bouder son plaisir, pour peu qu'on ne soit pas réfractaire au style. Un album ultra efficace, qui à défaut de révolutionner quoi que ce soit donnera énormément de plaisirs aux fans en manque de nouveauté de la part de nos vikings préférés !

4/5


dimanche 19 mai 2019

Rammstein - Rammstein

Après quasiment 10 ans d'absence, le groupe germanophone le plus populaire du monde (non pas Tokio Hotel, l'autre) revient donc enfin, avec son très attendu septième album ! Durant cette décennie le groupe n'a pourtant pas chômé. Puisque la tournée de l'opus précédent "Liebe Ist Für Alle Da" a duré plusieurs années et a eu droit à son dvd/blu ray live. S'ensuivi ensuite le best of "Made In Germany", accompagné d'un dvd/blu ray de l'intégrale des clips, avec chacun leur making off ainsi qu'un titre inédit "Mein Land". Best of qui a également eu sa tournée fleuve, avec également le concert en vidéo, à Bercy sur lequel on peut m'appercevoir dans la fosse.

En plus de ces deux tournées fleuves, Richard a sorti deux albums de son side project "Emigrate" et Till un album solo, produit par Peter Tatgren de Pain et Hypocrisy. Bref, ils n'auront pas passé 10 ans à Pattaya avec des ladyboys et de la coke ! Mais revenons en à nos moutons et à ce septième opus. Sobrement intitulé "Rammstein", ce disque éponyme est également accompagné d'une pochette on ne peut plus épurée (enfin si on peut, le White Album), symbolisant l'aspect pyrotechnique du groupe. Le fait de choisir un titre aussi neutre signifie également, du moins en théorie que cet album est censé représenter totalement ce qu'est le groupe.

En 6 albums, étalés sur près de 15 ans, Rammstein a en effet pas mal fait évoluer son son. Si on garde toujours une trame similaire de gros riffs indus lents et dévastateurs comme un marteau piqueur, ainsi qu'un phrasé à la limite du parlé, renforcé dans son aspect démoniaque par un accent bavarois très grave rappelant un passé peu glorieux de l'Allemagne, sur lequel le groupe aime régulièrement titiller (on se rappelle du clip de "Stripped"); l'enrobbage a en revanche changé à de multiples reprises. On a eu droit à de l'indus ("Du Hast")" à de la pop ("Stirb Nich Vor Mir" avec la chanteuse de Texas), du symphonique ("Mein Herz Brennt"), de l'electro rock ("Pussy") et quelques expérimentations farfelues comme "Te Quiero Puta". Cet album donc... C'est un peu tout ça à la fois !

Pot pourri des six opus précédents, ce "faux best of" est il donc à la hauteur de la décennie d'attente ?? Pour être honnête non. Pas vraiment. Les 2 premiers singles, "Deutschland" et "Radio" s'ils faisaient illusions grace à des clips super bien produits, comme à leur habitude, n'ont pas marqué les esprits musicalement. C'est sympa, mais ça sonne comme une chute de studios des précédents enregistrements. On a quand même des titres intéressants comme "Zeig Dich", "Auslander" ou "Tatoo", mais globalement, si on prend ces titres, les 2 singles et à la rigueur un ou deux autres sympathiques... On a quand même un gros creu dans l'album. Plusieurs titres mous. La sensation de chutes de studios ne se fait pas ressentir que par la ressemblance avec d'anciens morceaux, mais également par des durées parfois très courtes, moins de 3 minutes. On dirait tout simplement des morceaux pas finis, que le groupe aurait accepté de sortir pour faire plaisir à la maison de disque.

Si les morceaux les plus heavy de l'album vont faire sensation sur scène, beaucoup risquent de devenir des titres un peu oubliés de leur discographie. Cette sensation de truc sorti à la va vite est assez désagréable et si le fan peut trouve de quoi se satisfaire des quelques bons morceaux, ce n'est clairement pas l'album à donner au néophyte. On est loin de "Sensucht" et "Mutter". Si c'était le premier album de Rammstein, il est probable qu'ils n'auraient pas eu la carrière qu'ils ont actuellement. Le dernier album d'Oomph! est bien supérieur pour le coup ! Richard a affirmé qu'ils avaient enregistré suffisamment de morceaux pour sortir un 8ème album assez vite, sans repasser en studio trop longtemps... Mouais, pas sûr que ce soit rassurant ! Mais malgré tout, on a quand même hâte de revoir Rammstein sur scène, là où ils sont les maîtres incontestés!

4/5



jeudi 16 mai 2019

Asylum Pyre - N°4

Quatre ans après un très riche "Spirited Away", lorgnant sur l'ambiance des Miyazaki, les parisiens d'Asylum Pyre reviennent avec un nouvel opus sobrement intitulé "N°4". Après Ghibli, serait-ce une référence à Chanel ? Et le moins qu'on puisse dire c'est que l'évolution est de taille ! Que vous ayiez aimé ou non le précédent opus n'a donc que peu d'importance, il s'agit ici d'une toute nouvelle configuration pour le groupe.

Le changement de line up, assez conséquent, change la nature même du groupe. A commencer par sa frontwoman. Pour succéder à Chaos Heidi, c'est désormais Oxy Hart qui est derrière le micro. Le moins qu'on puisse dire, c'est que ça n'a plus grand chose à voir, le groupe va perdre des fans, sans doute, mais va aussi en gagner de nouveaux ! Différent n'est pas nécessairement synonyme de moins bon... Ni de meilleur d'ailleurs. Hormis le guitariste Johann Cadot, on ne retrouve plus tellement le style d'avant. On est passé d'un metal un peu progressif à de l'electro indus, avec des références allant d'Amaranthe à Rob Zombie. On retrouve pas mal de Maria Brink d'In This Moment chez Oxy également.

Mais passé le choc d'avoir un groupe totalement différent, est ce que c'est bien en fait Asylum Pyre 2.0. ?? Et bien franchement : oui !! Si l'album est sans doute moins varié que le précédent, ce n'est pas forcément un mal car il suit une ligne directrice à laquelle il se tient. Mais une ligne directrice assez souple tout de même et renforcée par un chant très puissant, alliant mélodie et technicité et ce dans différents styles, y compris le rap ! L'étonnant charisme de la nouvelle vocaliste jouant sans doute à 50% dans l'intérêt de l'album. Enlevez là, ça reste très bon... Mais plus conventionnel.

L'album se suit sans déplaisir, sans avoir besoin de skipper de pistes et s'offre même la présence de Yannis de Beast In Black. Derrière le côté electro énoncé précédemment, on retrouve l'énergie du Power Metal, alliée à une mélancolie gothique et à une efficacité pop. On regrettera juste la standardisartion des titres, aux structures relativement similaires.

Je vais être honnête, auparavant, je n'avais jamais trop prêté attention à Asylum Pyre, n'y jetant qu'une oreille discrète à l'occasion. C'était un groupe que je trouvais sympa, mais noyé dans un océan de groupes similaires. Cette nouvelle mouture offre plus de personnalité et à défaut d'être foncièrement original (ça ressemble pas mal à du Amaranthe par moments), c'est hyper efficace. Dans le cadre du metal français, c'est même une espèce rare, à protéger donc !

4/5


mardi 7 mai 2019

Waylander - Eriu's Wheel

Sept ans après "Kindred Spirits", Waylander est enfin de retour avec son nouvel album. Le groupe n'étant pas particulièrement productif, avec cinq albums à son actif en un quart de siècle. Et c'est comme si le temps ne s'était pas écoulé du tout pour eux !

Le style n'a pas changé d'un iota. L'album nous offre un pur condensé de leur savoir faire habituel. De bons riffs heavy, parfois plus bourrins, contre-balancés par des instruments folkloriques, tels que la flute ou la mandoline de douces mélodies alternant des passages faits pour headbanguer et la voix envoutante de son frontman ArdChieftain.

L'album parle du temps qui passe et des saisons, de la roue qui continue de tourner... Bref des paroles légères, adaptées au style jouée. On passe de douces ballades irlandaises comme avec gros riffs comme "The Vernal Dance", à des morceaux plus immersifs tels "As The Sun Stands Still" ou "Betline".

L'album assez court, un poil trop même, s'écoute facilement et d'une traite et garde sa ligne directrice. Il se termine par un morceau plus épique, "Autumnal Blaze", sonnant comme un générique de fin, concluant de fort belle manière ce disque. On regrettera néanmoins sa brièveté donc, mais également une absence totale de prise de risque.

C'est un album fort joli, mais déjà entendu 1000 fois. Il passera très bien en fond sonore lors d'une soirée assez calme, mais ne deviendra pas forcément un classique. En revanche il ne dépareillera pas dans leur discographie et constitue une excellente entrée pour les néophytes, afin de découvrir Waylander.

3/5


dimanche 5 mai 2019

Eluveitie - Ategnatos

Le combo suisse culte aura mis plus de temps qu'à l'accoutumée pour nous livrer ce très attendu nouvel opus. Suite aux départs d'Anna Murphy, Ivo Henzi et Merlin Sutter, Chrigel Glanzmann était un peu le seul maître à bord de ce qu'il restait du groupe. "Ategnatos" signifie renaissance et on comprend fort bien pourquoi au vu des événements !

Après nous avoir déjà prouvé que le nouveau line up du groupe était dans la droite continuité de l'ancien, tout en offrant à tous les membres de participer à la composition des morceaux, via leur dernier opus accoustique "Evocation II", Eluveitie revient donc avec leur premier album "normal" post-séparation. Eluveitie a choisi d’employer à nouveau Tommy Vetterli pour mettre en valeur la complexité instrumentale du groupe, assisté au mix par Jens Bogren (Arch Enemy, Opeth, Soilwork, At The Gates…). Ce choix s'avère évidemment payant tant la limpidité du son est évidente.

Mélangeant donc comme à son habitude le death mélodique à la suédoise à la musique traditionnelle suisse, le combo n'hésite pas à faire appel à Randy Blythe (Lamb Of God) pour le titre "Worship", un des plus bourrins de leur discographie. Mais cette violence est systématiquement nuancée par des passages ultra mélodiques que ne renierait pas Enya. On notera particulièrement le remarquable "Threefold Death" où la voix douce de Fabienne Erni contraste avec les futs déchaînés d'Alain Ackermann.

Mais le groupe ne tente pas contrairement à un Nightwish de trop rassurer ses fans quant à leur nouveau line up, en tentant un clone de leur oeuvre passée. En effet, il se sert de ses nouveaux membres pour expérimenter des choses qu'ils n'auraient jamais fait par le passé, n'hésitant pas à aller encore plus loin dans la pop qu'auparavant et tentant même des déviations vers le power metal. Le morceau "Breathe" par exemple ne manquera pas de déclencher des réactions très mitigées ! "Black Water Dawn" lui tente carrément le solo typiquement heavy metal traditionnel.

Si l'album est un poil trop long et donc par moments redondant, il n'en reste pas moins hyper bien produit, riche, varié, dansant, sombre, lumineux et heavy. Eluveitie prouve qu'il en a encore sous le coude et ne reste pas sur ses acquis, prend des risques tout en respectant son passé. Un album polyvalent sublimée par la nouvelle vocaliste Fabienne Erni, d'une rare perfection dans tous les styles abordés.

4/5