Pages

dimanche 6 juin 2021

An Evening With Nightwish In A Virtual World


Plus d'un an après la sortie de leur Human II Nature que j'avais chroniqué assez moyennement, Nightwish nous présente enfin un concert issu de l'album. Un concert pas comme les autres puisque, Covid oblige, et à l'instar d'une très grande quantité d'artistes, les Finlandais réalisent ce concert sans public. Leurs concurrents directs de Within Temptation et Epica vont également sortir le leur d'ici peu, ce qui sera intéressant pour comparer les choix qui ont été faits.

D'abord popularisés par des artistes pop (on pense à l'incroyable concert "virtuel" donné par Blackpink il y a quelques mois), ces événements "Covid Free" permettant de faire patienter les fans en attendant la reprise des concerts réels sont un exercice de style particulièrement intéressants. Ce qu'on perd en authenticité et en chaleur humaine, on le gagne en effets de mise en scènes. Bien que, paraît il, diffusé en direct, le concert a très bien pu bénéficier de retouches, tant au niveau vocal que musical. Le but n'est donc pas ici d'offrir du live, mais un spectacle musical quasi-cinématographique. 

Loin des effets pyrotechniques habituels hérités de Rammstein, Nightwish a ici décidé de jouer dans un décors ressemblant à une vieille église abandonnée, dans laquelle la nature aurait repris ses droits, de part la présence d'arbres à l'intérieur du bâtiment. Ce lieu est "agrandi" dans son espace visuel par la présence de fonds verts au niveau des fenêtres, parmi lesquelles on peut apercevoir des décors en CGI, évoluant au fur et à mesure des chansons. Les inévitables passages sur les spectateurs étant absents sont ici remplacés par des plans numériques de l'extérieur du décors, celui ci évolue également, nous donnant l'impression de voir passer des saisons différentes.

Au delà de tous ces artifices, la grande interrogation restait surtout l'absence de Marco. Bien que n'étant pas un membre fondateur du groupe (il ne reste plus que Tuomas et Emppu), il y était depuis 20 ans et avait très fortement contribué au changement de style que le groupe opéra après Wishmaster. Son départ fut donc tout aussi important que ne le fut celui de Tarja à l'époque. Pour les parties de basses, il est donc remplacé par leur compatriote Jukka Koskinen, un vétéran de la basse ayant déjà officié dans de très nombreux groupes comme Wintersun, Norther, Dark Sarah ou Amberian Dawn. Ainsi, bien que plutôt spécialisé dans le death mélodique, il n'est pas étranger au sympho. Musicalement rien à redire, le mix est tellement parfait (d'où mon soupçon de parties au moins partiellement pré-enregistrées) qu'on ne le remarque pas plus que ça. Niveau jeu de scène, c'est autre chose, clairement on voit qu'il n'est pas à l'aise plus que ça, mais il serait cruel de lui en tenir rigueur vu les attentes ! Niveau chant, il ne pratique pas. Floor et Troy se répartissent donc les parties vocales de Marco. Et c'est là que le bas blesse.

Troy n'est clairement pas un grand chanteur. Sa voix est correcte pour les chansons folk, ou pour des chœurs avec Floor en lead. Mais dès qu'une chanson nécessite plus de hargne dans la voix, c'est faiblard. Marco était un grand vocaliste, ce n'est pas son cas. En revanche, lorsque Floor reprend ses parties, sa palette vocale est si large que ça fonctionne bien mieux. Y compris lors de Planet Hell où elle reprend aussi les parties de Tarja et module donc sa voix pour alterner 2 types de chant, de manière à retranscrire cet effet duo, tout en chantant en solo. A l'avenir, il faudra penser éventuellement à retravailler la répartition des lignes de chant de Marco. Après, ne soyons pas non plus médisants, Troy chante toujours mieux que Tuomas. Mais vu le budget de Nightwish, ils devraient peut être tout simplement engager aussi un nouveau chanteur, ils peuvent se le permettre ! Mais son chant n'étant pas présent sur tous les morceaux, peut être ont ils eu peur d'engager un type qui serait absent de la scène les 2/3 des morceaux ? Jukka n'est pour l'instant qu'un bassiste de session, il est alors tout à fait possible que plus tard ils engagent un nouveau vocaliste ? S'ils restent dans cette configuration en revanche, avec juste un bassiste non chanteur, Jukka ou autre, il va falloir perfectionner le truc.

En dehors de ces quelques défauts, le show fait le taff. Certains n'apprécieront pas le manque d'authenticité, d'autres apprécieront le spectacle pour ce qu'il est, un palliatif, en attendant de véritables shows. Comme on dit, "c'est mieux que rien !". Cela permet en plus à Nightwish d'expérimenter divers effets visuels qu'ils pourront peut être réutiliser sur leurs dates régulières. Les musiciens semblent heureux (surtout Emppu qui sourie tout le temps) de rejouer ensemble, malgré l'absence remarquée de Marco. Les morceaux sont pour beaucoup légèrement réorchestrés par rapport aux versions albums, notamment How's The Heart jouée en version acoustique. Les chansons de la période Anette sont clairement transcendées par Floor. Elle est clairement l'atout majeure de ce concert ! Charismatique, tantôt badass, tantôt sensible, elle se lâche vocalement infiniment plus que sur ses 2 albums avec le groupe. Là où je suis déçu de son manque d'exploitation sur CD, c'est bel et bien sur scène qu'elle s'épanoui. Son décolleté gourmand rend encore plus difficile le fait de la lâcher des yeux, comme si elle n'était pas assez magnétique de base !

An Evening With Nightwish In A Virtual World est un concert très sympathique, mais plus cinématographique qu'authentique. On doute régulièrement de l'authenticité des prises de sons (ils sont où les pains ??), mais la beauté de l'ensemble fait grandement illusion, pour peu qu'on accepte le parti-pris. A voir si par la suite ce genre de "faux" concerts se généralisera ou si cela ne restera qu'une relique de l'ère Covid dont on se rappellera avec nostalgie quand cette saleté sera enfin derrière nous. Seul l'avenir nous le dira. Des 2 dates je n'ai pu voir que la première. La setlist est légèrement différente sur la seconde, à ce qu'il parait, celle que j'ai vu est la plus heavy. Ne laissant effectivement que peu de place aux passages calmes. N'ayant pas revu le groupe sur scène depuis le Hellfest, juste après Iron Maiden, ce show fut pour moi en tout cas un excellent palliatif à l'absence de concerts réels dont seule l'absence de Marco vient (légèrement) entacher le résultat global. Mec, t'aurais pas pu quitter le groupe APRES le concert plutôt que juste avant ?

4/5


Setlist :

01. Music (Intro uniquement)

02. Noise

03. Planet Hell

04. Tribal

05. Élan

06. Storytime

07. She Is My Sin

08. Harvest

09. 7 Days To The Wolves

10. I Want My Tears Back

11. Bless The Child

12. Nemo

13. How's The Heart? (Acoustic version)

14. Shoemaker

15. Last Ride Of The Day

16. Ghost Love Score

17. The Greatest Show On Earth (Chapters I, II & III)

18. Ad Astra