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mercredi 31 juillet 2019

Critters Attack !

Après Leprechaun Returns il y a quelques mois, Syfy nous présente une autre suite, issue d'une de ses récentes acquisitions. Si le dernier opus des aventures du farfadet tueur était plutôt réjouissant, ce nouveau Critters n'est en revanche pas d'une excellente qualité.

La saga Critters, créée dans le but avouée de surfer sur le succès des Gremlins de Joe Dante, a eu un certain succès dans les années 80, début 90. Vu la mode du revival 80's, et en attendant la série animée Gremlins sur Netflix, il n'est donc guère étonnant de voir revenir leurs rivaux. Mais est-ce bien pertinent ? On peut effectivement se poser la question. La saga Critters, dont il s'agit du cinquième opus, n'a jamais brillé par ses ambitions artistiques, c'est du pur cinéma d'exploitation. Mais quand même... Ce qu'on veut voir dans un tel film, ce sont les Critters qui bouffent des gens. On y a certes un peu droit, mais l'intrigue se focalise bien trop sur les personnages humains à peu près aussi mal écrits que ceux d'un Vendredi 13.

Le film est de plus en bonne partie vendu sur le retour de Dee Wallace, héroïne du premier film, mais elle n'apparaît pas plus de 5 minutes, éparpillées sur tout le métrage. Apparemment Leonardo DiCaprio, l'obscur acteur de Critters 3 n'était pas intéressé pour revenir, curieux... Le casting des nouveaux personnages, est donc quelque peu aléatoire et tente de nous la jouer Stranger Things. Bien que le film se passe très clairement de nos jours (on peut y voir des Smartphones), l'ambiance et la mise en scène lui donne un gros côté old school assez bienvenue si l'on se fait un marathon des films. Il n'y a ainsi pas de gros choc visuel si l'on passe de Critters 4 à celui là, en dépit du quart de siècle qui les sépare. La grande réussite du film en revanche est son héroïne, interprétée par la jeune Tashiana Washington.

Son personnage, Drea apporte une profondeur étonnante pour une telle production. Recrutée par ce qu'on appelle un "casting aveugle", où elle a été prise pour son jeu, indépendamment de son ethnie, dans le climat politique actuel des USA, elle se veut malgré elle comme un personnage étendart de la communauté noire, mais sans forcer. On n'est pas non plus chez Jordan Peele, mais c'est agréable quand ça sonne naturel. L'aspect social du personnage, ses difficultés dans ses études, son rapport à sa mère, tout cela est renforcé par le côté "fille noire dans la cambrousse".

Mais l'aspect le plus important, que je gardais volontairement pour la fin... Les Critters ?? Et bien ils sont bien foutus ! En réutilisant des effets spéciaux old school, nos petits monstres semblent tout droit sorti des 80's ! Quelques morts sont très bien foutus et on a même droit à de sympathiques nouveautés, lorsqu'ils s'assemblent tous pour faire un Critters géant notamment. Autre sympathique nouveauté avec l'espèce de militante pacifiste Critter femelle, hilarante allégorie des SJW pro féministes LGBT, mais en version alien. Ces quelques qualités suffisent largement à rendre le film regardable, en dépit de tous ces défaurs.

Un film souvent mal écrit, des personnages innutiles, beaucoup de longueurs, du cameo vendu comme un vrai rôle... Mais le plaisir de retrouvailles avec des bébêtes qu'on n'avait pas revu depuis une éternité, un film vraiment old school et une porté sociale inattendu dans un tel film, l'emportent sur les défauts évidents du métrage. On s'ennui par moment mais on ne peut que constater qu'il y a quelque chose. Syfy envisage de faire d'autres Critters après celui là, pourquoi pas ? Ils ont carrément moyen de faire mieux au prochain. Ce cinquième film est en tout cas bien plus regardable que la mini série Critters - A New Binge sortie il y a peu. Un bel effort un peu raté, mais à saluer.

2.5/5


mardi 30 juillet 2019

Abbath - Outstrider

Trois ans après son premier album solo assez convainquant, l'ex chanteur d'Immortal, qui a continué sans lui, nous offre un second disque, au line up encore différent. En effet, King ov Hell nous a ressorti l'éternelle rengaine de la divergence musicale et a quitté le projet.
Le premier album était clairement composé, tout au moins pour certain titre, comme un album d'Immortal. Il n'aurait en effet guère dépareillé comme successeur d'"All Shall Fall", dernier disque du groupe norvégien avec Abbath au chant. Comment ce second opus allait il évoluer, en étant composé dès le départ comme un projet à part ? Réponse : quasiment de la même façon ! Soyons clairs, Immortal nous l'a joué à la Rhapsody, on a désormais 2 groupes étant tous les 2 en quelque sorte la suite des albums d'antan. De la même façon, son ancien side project "I" sonnait totalement comme un album d'Immortal.

Ce nouvel opus, très court, moins de 40 minutes, rappelle la brièveté des albums de punk ou des tout premiers Slayer. L'imagerie Lovecraftienne a remplacé la mythologie nordique. Désormais, Abbath préfère sonder l'âme humaine via le bias du mysticisme.
Musicalement on a un black metal assez soft et atmosphérique, plus heavy que malsain, à la production très propre. Les nostalgiques de "Pure Holocaust", passez votre chemin ! L'album s'écoute sans problème d'une traite et les titres s'enchainent sans répit ! "The Artifex", "Harvest Pire", "Land Of Kherm", "Hecate" et "Outstrider" ne laissent pas une minute de repos à l'auditeur. Les soli heavy old school tempèrent l'ambiance black metal. Certains breaks plus calmes et épiques rappellent également Enslaved et Bathory. Ce dernier groupe étant d'ailleurs repris avec "Pace Till Death" qui cloture l'album de bien belle manière. Bien qu'on aurait pu espérer quelque chose de plus original comme choix de titre. A ce niveau là, Dimmu Borgir est plus imaginatif en reprenant des groupes issus d'autres mouvances musicales, c'est un peu le choix de la facilité. Mais c'est également l'esprit Immortal de ne pas chercher la fioriture et d'aller à l'essentiel. Et quelque part, ça fait la marque du combo !

Avec ce nouveau disque, Abbath confirme qu'il est toujours dans le game et le duel qu'il nous livre face à ses anciens camarades d'Immortal est réjouissant en permettant d'avoir deux excellents combos à la fois. Son black teinté de heavy marque les esprits sans lasser, de par sa brièveté. Clairement, il en a encore en lui et risque d'encore pouvoir composer quelques bons albums. La retraite, c'est pas pour demain !

4/5


jeudi 18 juillet 2019

[INTERVIEW] OXY et JAE d'Asylum Pyre pour la sortie de "N°4"

Pouvez vous nous décrire votre nouvel album ?

OXY : Notre nouvel album, intitulé "N°4" s'inscrit dans la lignée des trois premiers albums et évoque des thématiques comme l'écologie, ou encore la nature humaine. Un titre comme "Borderline" fait référence à cela. Toutes les paroles y font référence, ce qui en incombe à Johan. Dans l'intrigue, on est en 2052, dans un monde pré-apocalyptique, sur le point de faillir. C'est un monde violent et cynique, évoquant de très près celui dans lequel nous vivons actuellement. Ce qui explique donc la pochette avec le masque à gaz et la référence ironique à "N°5" de Chanel.

Comment gérez-vous les reprises des anciens morceaux ?

OXY : Je ne les ai pas encore tous expérimenté, mais s'il y a un passage sur lequel je ne suis pas à l'aise, je peux le modifier, mais cela reste assez rare. Ce n'est pas tant une question de tessiture rock, mais plutôt d'appropriation.

JAE : Certaines choses sont en cours. On a joué récemment sur scène "These Trees" du deuxième album et on a revu certains arrangements pour coller au niveau du son qu'on a actuellement.

Comment s'est passé le recrutement des nouveaux membres ?

Johann : Après la sortie de notre précédent album, lorsqu'il a fallu tourner, on n'avait plus de batteur et une amie nous a présenté Thomas. Ca s'est très bien passé et donc il a continué. Quelque part, c'est le deuxième plus ancien. Quand on est parti ensuite en tournée avec Turilli, il nous a fallu un bassiste. L'enregistrement de "Spirited Away" a été très dur, pour X raisons, on n'était pas bien dans nos vies, beaucoup sont donc partis. On a donc recruté Pierre-Emmanuel Pélisson à la basse et maintenant il est à la guitare. En fait, ça s'est fait à chaque fois au moment de lives, Fabien c'est pareil. On avait une date au Metaldays en Slovénie, plus de bassiste, on a fait appel à quelqu'un et concernant Oxy, un ami nous l'a présentée.

OXY, quel a été ton apport personnel sur cet album ?

OXY : C'est toujours difficile de répondre à ce genre de questions... Je pense que j'ai apporté mon humour ! [rires] La collaboration s'est faite avant tout humainement. Dans n'importe quel taff, tu peux bosser avec les meilleurs, mais si ce sont des casse-couilles, ils vont te faire chier en permanence. Tu prend un mec peut être un peu moins bon, mais avec qui tu peux avancer. Ce n'est pas vraiment ça qui s'est passé, mais en tout cas, humainement, on se comprenait ! J'ai ainsi pu y apporter mes influences, car on n'a pas forcément les mêmes, y compris en metal. Un de mes premiers CD, c'était "Dead Can Dance", j'aime beaucoup tout ce qui est choeurs polyphoniques et ce type de voix, que tu peux retrouver sur "Into The Wild" où tu as tout un tas de voix mêlées. Je viens également du jazz, donc j'aime bien quand ça groove.

Johann, vu que tu es le seul rescapé du line up originel, tu n'as pas carrément pensé à changer le nom du groupe ? 

OXY : Oui et non. L'idée nous a certes traversé l'esprit, mais on s'est vite rendu compte qu'il y a quand même une cohérence mélodique. Qu'il s'agisse des paroles ou de la musique, l'évolution est assez naturelle. Tout simplement parce qu'elle vient de moi ! Initialement d'autres gens amenaient des choses dans les premières moutures du groupe et là on va écrire un autre album bientôt, tous ensemble ! Le fil conducteur des paroles est évident quand on écoute les albums à la suite.

La production de "Spirited Away", votre précédent opus a été assez critiquée. L'avez-vous pris en compte pour "N°4" ?

JAE: : Comme je disais, on traversait une phase difficile, du coup on a quelque peu manqué de recul dessus, au point qu'on aimerait bien le réenregistrer ! Y'a de bonnes compos, de bonnes mélodies, mais l'ensemble n'est pas le résultat que je voulais. Du coup oui, on y a fait très attention pour "N°4" et on a cherché longtemps celui qui pourrait travailler dessus. On a donc écouté plein de productions différentes et il y avait toujours quelque chose qui n'allait pas, ou alors la personne ne comprenait pas trop notre musique. Et là on est tombé par hasards sur un gars, lors de la tournée de Turilli, qui nous a dit "Je fais du son". Bon tout le monde nous dit "Je fais du son", "Je fais de la photo", "Je fais de la musique"... Et donc un peu en désespoir de cause avec le batteur, on a quand même écouté et là on s'est dit "Mais ça défonce ce qu'il fait !". Donc on lui a envoyé nos démos, il a tout de suite compris ce qu'on voulait.

Le prochain album va-t'il encore évoluer musicalement ?

JAE : Il y aura forcément des évolutions.

OXY : Les derniers retours de l'album et la tournée avec "Demons & Wizards" nous ont permi de consolider le lien entre tous les nouveaux membres. Du coup, hormis Fabien qui nous a rejoint il y a peu, on avait déjà travaillé chacun sur "N°4", mais pas vraiment les uns avec les autres. Or là, y'a une synergie qui est en train de se créer. Plus Jo qui a déjà un répertoire de 300 chansons sur son ordinateur. Les influences qu'on a commencé à digérer ensemble, les orientations dont on a commencé à discuter, plus le fait que maintenant, on se connait et on sait ce qu'on vaut et ce qu'on aime...

JAE : Ce qui est compliqué dans le fait d'écrire un album d'Asylum, c'est que si on me laissait un an, je reviendrais avec 10 albums. Mais y'aurait un album de folk, un de black, un de power... Avec Asylum on a cette exigence de personnalité. De réussir à mélanger les styles, sans que ça devienne incohérent. De l'accroche sans tomber dans la pop trop mielleuse...

Y'a t'il des artistes avec lesquels vous aimeriez collaborer ?

JAE : Tellement en fait ! J'ai eu un gros pincement au coeur il y a 2 semaines avec le décès d'Andre Matos et c'est une de mes influences. On avait potentiellement prévu de le rencontrer dans les mois à venir... Parmi mes autres grosses influences, Tonwsend et Jon Oliva.

OXY : Moi j'adorerais faire un duo avec Nick Cave !

JAE : Dans ce cas là moi je veux Sia ! Ce serait un truc qui ferait bien chier ceux qui ne sont pas ouverts d'esprit.

Un mot pour la fin ?

OXY : François : Rend l'argent !!!

JAE : Et donne le nous pour le prochain album ! Et sinon "A bientôt sur scène et sur album".


vendredi 5 juillet 2019

Tungs10 - The Lost Manuscript

Quand on entend Steampunk, on pense généralement cosplays, vapeur, rouages, Jules Verne, conventions, japanimation... Il faudra désormais rajouter un petit groupe breton à la liste, Tungs10. Issue de Morlaix, la formation de metal mélodique propose un second album nettement mieux construit que son premier opus, alors le fruit d'un combo encore en construction et en pleine recherche d'identité.

Composé par un line up plus stable, consolidé par les lives et véritable travail de groupe, "The Lost Manuscript" est un concept album inspiré du Frankenstein de Mary Shelley, où chaque chanson résonne comme un chapitre du roman. Il ne s'agit pas d'une retranscription du classique littéraire, les personnages et le déroulement sont autres, mais l'inspiration est là. Proposant une classique alternance voix féminine douce/growls masculins, le chant de Tungs10 est accompagné d'une musique heavy teinté d'electro, de choeurs et d'orchestrations et d'un poil d'auto-tune sur la voix féminine pour donner un côté métallique siant à l'imagerie du groupe.

La spécificité du combo breton, en dehors de son imagerie, est d'utiliser une voix pop pour le chant féminin et un metal à tendance progressive rappelant parfois des groupes tels que Symphony X. Le fait qu'originellement le leader du groupe imaginait créer un groupe plus proche d'In Flames a également laissé quelques traces dans la façon de jouer et de mixer les guitares. Comme le veut la tradition des groupes à doubles vocaux opposés, la musique se veut donc tantôt heavy et incisive et tantôt aérienne et mélodique. Curieusement, la voix féminine semble plus à l'aise lorsqu'elle se trouve fondue dans le mix que mise en avant dans les passages calmes.

Si on aurait vite fait de rapprocher le groupe d'un Theater of Tragedy, Epica ou encore Visions of Atlantis, déguisé en cosplayers de la Japan Expo, Tungs10 est plus que cela. Ses multiples influences de jeux allant de Fear Factory à Orphanage en passant par Amaranthe et Blackbriar, le classe dans une catégorie à part. Le "steampunk metal" en plus d'être un mouvement assez rare n'est pas non plus un style musical (à l'instar du Visual Key), difficile de les rapprocher d'autres groupes évoluant dans les mêmes sphères comme Abney Park. Tungs10 sonne uniquement comme eux même et c'est en grande partie leur force !

Doté d'une production impeccable multipliant les ambiances, "The Lost Manuscript" est un album assez riche et dense nécessitant plusieurs écoutes pour bien assimiler l'univers décrit. Si certains choix artistiques ne feront pas l'unanimité, les effets de voix par exemple, ils sont en revanche totalement cohérent avec la démarche musicale. L'album est très sympa et fait voyager sur des terres inconnues. La musique semble particulièrement se prêter au live et on a hâte de voir comment ils réussissent à retranscrire leur univers visuel avec un budget qui n'est pas tout à fait celui de Rammstein. Les ayant loupé de peu en off du Hellfest, c'est avec une impatience non feinte que j'attend de découvrir le rendu live !

4/5