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jeudi 30 décembre 2021

AD INFINITUM - CHAPTER II - LEGACY

L'an dernier, alors qu'on subissait de plein fouet la pandémie, sans savoir qu'elle serait toujours d'actualité si longtemps après, Ad Infinitum sortait son premier album, qui sonnait comme un doux réconfort, un rappel que la vie continue et que de belles choses peuvent émerger du chaos. Aujourd'hui, le combo est déjà de retour avec un second album dans la droite lignée du premier.

Mené par la très jolie Melissa Bonny (ex Rage of Light), le combo Suisse mélange habilement metal symphonique dans la lignée de Nightwish et power metal moderne aux influences pop, façon Amaranthe. Vocalement, la divine cantatrice est un peu une super héroïne. Sorte de fusion d'Elize Ryd et Alissa White-Gluz. Capable de poser une voix d'une douceur incandescente évoquant les grands noms de la pop (la damoiselle s'est fait connaître par pas mal de reprises, notamment de Lady Gaga et Aqua avec son ancien groupe) comme de hurler des growls dévastateurs à faire fuir une division panzer. On l'a aussi connu avec une reprise démente d'Amon Amarth ! Pire, elle a parfois même l'outrecuidance de taper aussi dans le lyrique... Et avec justesse ! Certains groupes ont besoin de 3 vocalistes pour ça.


Enregistré par les manettes d'Elias Holmlid et Jacob Hansen (Epica, Amaranthe), Legacy sera consacré à notre empaleur de turcs préférés : Vlad Tepes (Dracula, pour les misérables qui n'ont même pas vu un film sur lui). Le mixage met particulièrement en avant l'aspect atmosphérique du groupe, pour mieux faire ressortir les riffs dévastateurs, selon les morceaux. Si certains sont plus grand public, comme Unstoppable, d'autres sont franchement bourrins et ne dénoteraient pas chez Jinjer ou The Agonist. Des morceaux comme Your Enemy et Into The Night démontrent toute la palette d'émotions dont le groupe est capable et sont de véritables bombes, d'ores et déjà des classiques du sympho. Epica qui tourne sérieusement en rond depuis 2 albums a du soucis à se faire ! N'oublions pas non plus ce superbe duo avec Nils Molin d'Amaranthe


Mais cette chronique ne serait pas objective si je ne parlais pas des autres membres du groupe. La batterie bien carrée permet de lier les multiples éléments musicaux et reste entêtantes. Le guitariste Adrian Thessenvitz nous livre de super solo heavy sur des titres comme Inferno et Son of Wallachia, et les rythmiques sont toujours hyper efficaces. Le tout habilement mixé aux influences issues de la musique classique et des OST de films. Oserais-je dire que c'est le plus beau disque sur le Comte Dracula depuis la B.O. du film de Coppola ? Franchement oui ! Cet album est tout simplement un bijoux !

Après un premier album déjà exceptionnel, Ad Infinitum confirme tout le bien que je pensais d'eux avec un nouvel opus plus personnel, riche d'influences mieux digérées pour un disque très varié et jamais ennuyeux. Mais véritablement Melissa Bonny est une révélation qui va devenir sous peu une icone du metal. Déjà on la voit en guest partout !

5/5

vendredi 17 décembre 2021

RHAPSODY OF FIRE - GLORY FOR SALVATION


Deux ans après "The Eight Mountain", les combo rital revient déjà avec un nouvel opus, second chapitre du nouveau cycle des Nephilims, abordés sur le disque précédent. On passera sur le très anecdotique E.P. "I'll Be Your Hero" sorti en juin dernier. Je ne reviendrai pas sur les différents line ups parallèles qui existent, si vous voulez en savoir plus, n'hésitez pas à lire ma chronique du dernier opus, néanmoins il est bon de préciser que contrairement à la mouture orchestrée par Luca Turilli, ce Rhapsody version Alex Strapoli ne cherche pas l'originalité. 

Power symphonique ultra pompeux, frôlant régulièrement avec le kitsch, ambiance fantastique, mélodies épiques... Bref, l'auditeur n'est pas trop dépaysé. On notera néanmoins une atmosphère plus grave qu'à l'accoutumée dans les morceaux "Son of Vengeance" ou "Abyss of Pain II", comme pour coller à la thématique plus sombre du cycle. Giacomo n'hésitant pas d'ailleurs à chanter de manière plus rugueuse, plus virile que Fabio.

Les compos alternent entre morceaux de Rhapsody classiques comme "Glory for Salvation" ou "The Kingdom of Ice", qui n'auraient pas dépareillés lors de l'ancienne période du groupe; morceaux plus alambiqués, particulièrement la pièce maîtresse déjà sus mentionnée "Abyss of Pain II" et quelques morceaux plus calmes. La ballade sirupeuse "Magic Signs", le sympathique mid-tempo "Chains of Destiny" et l'hymne folk "Terial The Hawk"

Globalement, l'album est donc très correct, par moment même excellent... Mais c'est toujours la même chose. Changer le thème lyrical et noircir légèrement l'ensemble ne suffit plus au bout d'une dizaine d'albums. Les morceaux ressemblent presque tous à d'anciens morceaux, et ce malgré le gros changement de line up. Certains adhèreront, d'autres vont finir par se lasser et aller écouter d'autres groupes. 

3/5

mardi 30 novembre 2021

WITHIN TEMPTATION - THE AFTERMATH


Alors que le concert, initialement diffusé en Juillet dernier ressort pour le Black Friday, il me semblait pertinent de revenir dessus. Parmi les nombreux concerts Covid Friendly diffusés en streaming en 2021, celui de Within Temptation sortait du lot. Ses 2 compères de Nightwish et Epica ayant également sorti le leur, la comparaison est donc inévitable.


La tournée de l'album Resist, dernier en date, ne cessant d'être repoussé depuis bientôt 2 ans, ce petit amuse gueule bien trop court fait du bien aux fans. La setlist ignore à mon grand désarroi les 2 premiers albums, mais il fallait faire des choix. Sans doute par contrainte budgétaire, on n'a droit qu'à 1 heure de show. En général, les leurs durent le double. L'accent est donc mis essentiellement sur le dernier album et les singles bonus qui ont suivi.


L'accent est donc particulièrement mis sur les effets spéciaux. Il ne s'agit pas ici d'un simple arrière plan en CGI, mais d'un véritable décor en 3D, les musiciens semblent faire parti d'un ensemble. Cet environnement virtuel correspond à l'imagerie véhiculée par Resist, le show sera donc cohérent de ce point de vue là. On aura également droit à plusieurs guests comme Tarja pour le mythique duo Paradise, ou encore le groupe Annisokay. D'autres duos doivent hélas se contenter d'apparitions sur écran, comme Xzibit ou Anders Friden d'In Flames

Mine de rien, et si le show m'avait déçu par sa brièveté, en seulement 1h, ils casent quand même pas mal de chansons. L'absence de public est largement compensé par l'aspect cinématographique et les mouvements de caméras improbables combinant prises de vues réelles et CGI. On a d'avantage l'impression d'assister à un film musical qu'à un concert. Cet état ne fait ne plaira certes pas à tout le monde, mais fonctionne parfaitement pour peu qu'on l'accepte. La voix de Sharon est particulièrement juste et ne semble jamais fatiguée comme lors de certaines dates, et si l'on peut même douter de l'authenticité des prises de son (rien de plus facile que de faire un playback sur un show à distance, comment même savoir si c'était réellement en direct ?), le résultat est là ! Quand on écoute un CD, le son peut être autant retouché que nécessaire avec autant de prises qu'on veut. A partir du moment où l'on accepte qu'il ne s'agit pas d'un réel concert, mais bien d'un spectacle musical quasi cinématographique, les artifices ne sont guères gênants. Le mixage semble vraiment trop propre pour être naturel. Même sur les blu ray live où le son est retravaillé en post prod, on n'a pas une telle qualité sonore.


De tous les concerts virtuels diffusés cette année, The Aftermath est parmi ceux que j'ai vu, celui qui exploite le mieux les capacités offertes par le concept. Le concert est beau, la musique est parfaite. Jamais on n'aurait un tel rendu sur une vraie scène ! Mais ce n'est pas mieux pour autant, il n'y a pas l'ambiance magique, qui même lors d'une captation vidéo nous fait frissonner. Le son trop parfait peut parfois casser la notion même de concert, pour plutôt nous emmener dans les contrées du show musical. Libre à chacun d'adhérer ou non selon son ressenti, personnellement j'adhère, mais considère ça comme une expérience différente d'un concert. Tout comme un CD studio est différent d'un CD live, j'appellerais donc cela un concert studio ! J'aurais également préféré plus d'anciens titres, mais il faut bien vendre Resist, et surtout, j'aurais voulu un concert 2 fois plus long... A moins qu'ils nous fassent un The Aftermath part 2, je reste sur ma faim, comme si on me coupait en plein élan. C'est magnifique, mais trop court.

Setlist : 

1 - Forsaken 

2 - Our Solemn Hour

3 - Paradise (What About Us?)

4 - The Purge

5 - Entertain You

6 - Raise Your Banners

7 - And We Run

8 - Shed My Skin

9 - Firelight

10 - The Reckoning

11 - Supernova

12 - Stairway To The Skies


4/5


vendredi 26 novembre 2021

SEPULTURA - SEPULQUARTA


En Février 2020, Sepultura sortait son dernier album "Quadra". Sauf que, pas de bol, le Covid est passé par là. Donc pas de concert pour promouvoir leur dernier opus. Mais comme plein de groupes, ils ont trouvé de quoi s'occuper durant la pandémie. On peut même dire qu'ils ont été mis en télétravail !


Durant plusieurs mois, ils ont ainsi revisités 28 titres de leur discographie, jouant chacun de leur instrument chez eux, et ont invité à les rejoindre pas moins de 57 musiciens issus d'autres groupes. Ni véritablement un best of, ni tout à fait un album de remix, pas exactement un live non plus, Sepulquarta est un peu tout cela à la fois, rejoignant également la mouvance actuelle de ces petits artistes émergeants qui se créent des chaînes de covers metal. 


Seuls 15 titres sur les 28 ont été édités sur ce CD, on peut donc espérer un Sepulquarta 2, si ce n'est le cas, les morceaux restent de toute façon visibles sur YouTube. Le fait d'avoir enregistré chacun de son côté donne donc nécessairement un côté un peu fouillis à l'ensemble. Le mixage est loin d'être parfait, d'où le rendu un peu live. La voix de Derrick (non pas l'Inspecteur) est souvent un peu trop en retrait. Mais on n'attend évidemment pas la même qualité de rendu d'un tel projet que d'un véritable album enregistré en studio.


La sélection de 15 titres est assez équilibrée entre les 2 périodes majeures de Sepultura, avec 7 reprises de l'époque Cavalera et 8 de celle de Green. On notera quelques prises de risques bienvenues, avec l'exclusion des sur-entendus "Roots Bloody Roots" et "Refuse/Resist", mais la présence de titres plus rares comme "Hatred Aside", avec 2 vocalistes féminines. "Sepulnation" avec Danko Jones fonctionne aussi plutôt bien et se place comme un des meilleurs titres de l'album, tout comme "Mask" avec Devin Townsend.


Au delà de son aspect anecdotique, Sepulquarta est une alternative sympathique aux tributes albums habituels, une petite récréation entre zikos au chomage technique et restera comme une de ces curiosités de l'ère Covid. A réserver d'avantage aux fans du groupe qu'à un novice pour découvrir le combo Brésilien, il ne marquera clairement pas l'histoire mais reste fun et tout à fait honorable. Oui, ce petit délire YouTube méritait de sortir sur CD !


3,5/5

lundi 22 novembre 2021

S.O.S. FANTÔMES - L'HERITAGE (GHOSTBUSTERS - AFTERLIFE) - Jason Reitman

TRENTE DEUX ans qu'on l'attend !! Non mais sérieux ?? Y'a pas idée de nous faire attendre autant. Rendez vous compte, quand le 2 est sorti, j'étais en maternelle ! Et là j'approche de la quarantaine. C'est honteux... Merci Bill Murray... Sans cesse annoncé durant les 3 dernières décennies, Ghostbusters 3 est devenu l'arlésienne du cinéma fantastique avec Gremlins 3 et Beetlejuice 2, maintes et maintes fois annulé, puis re-annoncé, au point qu'on n'y croyait plus. Avec le décès d'Harold Ramis, plus tellement d'espoir. Puis quand le reboot féminin est sorti, c'était sûr. La franchise était morte.

Sauf qu'on vit à une époque où les suites très tardives sont monnaie courante. Bon après, soyons clair, bien que ce film, contrairement à l'opus 2016, respecte la continuité des 2 classiques des années 80, il s'agit également d'un reboot. Pas au sens strict donc, c'est bien une suite, mais au sens commercial du terme : nouveau casting, scénario accessible aux nouveaux venus, quasi remake du film original... Clairement, ils nous ont fait un Star Wars 7 !! Un remake déguisé en suite. Après le reboot féminin, voici donc le reboot enfant. 


Donc forcément pour faire un film hommage aux années 80, il faut Finn Wolfhard, l'acteur de Stranger Things qu'on voit partout ("ça" notamment), série dans laquelle il revêtait déjà le costume des Ghostbusters (sérieux pourquoi on a traduit ça en S.O.S. Fantômes ? Alors que la chanson ultra culte de Ray Parker Jr répète "Ghostbusters" 3000 fois ??). McKenna Grace (Annabelle 3, Malignant, Haunting of Hill House) qui joue sa sœur, est parfaitement assortie et ressemblante, on croit à leur parenté. Les gosses jouent relativement bien, mais leur écriture est assez caricaturale, typique d'un film d'aventures pour enfants, avec les enfants plus intelligents que les parents. Cela ne m'aurait pas déplu dans une oeuvre autonome, mais j'ai du mal à considérer ça comme une suite légitime aux 2 classiques de mon enfance.


Le ton du film n'est franchement pas le même. Alors oui, on est en 2021 et plus en 1984. De plus le film se passe à la campagne et c'est centré sur des gosses. Mais quand la promo passe toute l'année à nous affirmer que c'est "la suite qu'on attendait"... Alors je sais pas vous, mais moi la suite que j'attendais c'était avec les Ghostbusters originaux, vieux contre un nouveau méchant. Le film a fait l'inverse de ce que je voulais en gardant une histoire quasi identique au 1, mais en changeant le contexte et les personnages. Le film a pris littéralement zéro prise de risque concernant les fantômes, qui d'ailleurs apparaissent assez peu, et le méchant final. Très décevant de ce point de vue là. Rien que pour ça, ce 3ème opus (je ne compte pas le remake girl power) est le plus faible. Et l'humour non plus n'est clairement pas à la hauteur, même s'il y a quelques vannes bien drôles. Gros oubli également, les montages en chanson. Monumentale erreur ! Pas non plus de scène totalement over the top comme le Bibendum Chamallow du 1, où la statue de la liberté du 2. En revanche, des références au film rival au box office en 84 : Gremlins.


Néanmoins il y a quand même du bon. La réalisation de Jason Reitman, le fils d'Yvan, réalisateur des 2 premiers films est tout à fait correcte. Sans fulgurance, mais ne jurant pas trop avec ces prédécesseurs.  Le film a la bonne idée de reprendre les musiques du 1, par moment ça fonctionne très bien. A d'autres moments elles sont placées là juste pour le fan service. Ensuite, le casting des adultes, Paul Rudd notamment, est plutôt sympa, la maman, qui a un rôle semblable à Sigourney Weaver est attachante. Mais c'est à peu près tout, les autres font de la figuration. Les 2 autres gosses sont sympas aussi, la petite bande rappelle des classiques du genre Stand By Me, ou justement Ca. Ca semble un peu hors sujet dans un Ghostbusters, mais la fin rattrape le tout. A elle seule, la fin vaut le visionnage et fera verser une larmes aux nostalgiques. 

Si ce Ghostbusters 2021 n'est pas réellement la suite attendu depuis 32 ans qu'on nous a vendu, il rempli correctement son rôle de relancer la saga sur de nouvelles bases. L'hommage respectueux à ses aînés est bien trop prononcé, mais malgré tout touchant. Un manque d'humour à l'ancienne, pas mal de longueurs et surtout l'absence totale d'originalité laissent un goût un demi-teinte, mais la beauté de la scène finale le rend in fine indispensable. En espérant juste que pour le prochain film ils fassent l'effort de créer un nouveau bad guy, et ne nous ressuscitent pas Vigo des Carpathes ! Ah oui, et y'a 2 scènes post génériques ;)

3/5

OLYMPUS - GODS


A l'écoute de cet album, j'avoue ne m'attendre à rien de spécial. Pensez-donc, des Nantais qui causent mythologie grecque ? Et pourquoi pas des Brésiliens chantant le folklore Irlandais ? (Ah on me fait signe qu'en fait ça existe déjà...) Et pourtant, dès les premières secondes, le fait est là. Ca m'a mis une claque !


Loin d'être un simple ersatz d'Amon Amarth qui se serait contenté de changer de panthéon, Olympus, d'avantage proche d'un Septic Flesh un peu moins sympho possède sa propre identité. Si l'on a déjà entendu nombre de groupes parler d'Histoire Antique ou de mythologie, ça reste souvent un simple gimmick, pour qu'on se rappelle d'eux. Ils ne sont en réalité pas si nombreux les groupes à aborder ces sujets avec une réelle maîtrise. Bien plus sérieux qu'un Warkings (plus brutal aussi), le groupe Français impose une qualité de texte qui ne saura que ravir l'auditeur déjà conquis par la musique.


Ce premier album offre donc un metal extrême, quelque part entre le black et le death, avec des passages aériens, d'autres plus heavy, relativement bourrin par moment, symbolisant parfaitement le spectre des émotions qu'on attend d'un récit narrant les exploits de Zeus et ses potes. Et le tout sans jamais sonner prétentieux. Le simple auditeur qui veut headbanguer sur du gros son qui tâche y trouvera également son compte. Et c'est peut être également une des forces de "Gods". L'album peut s'apprécier à différents niveaux. Et le concept est particulièrement explicite, chaque titre ayant pour nom un des 12 Dieux principaux. 


Si vous avez aimé Saint Seiya dans votre enfance, que vous avez toujours rêvé de traverser le Styx, de vaincre le Minotaure et de vous taper Megara : Foncez ! Si vous vous foutez de tout ça, mais que vous aimez le metal extrême qui tabasse, mais avec finesse, foncez également. Olympus nous livre un premier opus de grande qualité qui peut parfaitement s'apprécier, indépendamment de son concept. LA découverte Française de 2021 !


4,5/5



mardi 16 novembre 2021

BEAST IN BLACK - DARK CONNECTION


Avec ce 3ème album, Beast In Black poursuit dans la droite lignée des 2 premiers opus, mais en ayant non seulement corrigé le tir sur ce qui n'allait pas, mais amélioré ce qui fonctionnait, pour offrir une pure tuerie ! On dit souvent que le 3ème album est celui de la maturité... Si la formule est trop souvent un simple slogan, ici ça se confirme. Encore que le mot "maturité" ne convienne pas réellement vu le style, Dark Connection sonnant au contraire comme une ode au fun et à l'univers geek !


Dès son premier titre introductif, intitulé "Blade Runner", comme le classique de Ridley Scott, on est dans le bain. Ce nouvel opus alterne entre titres hard rock classiques ("Highway to... Mars", on appréciera la référence à AC/DC) et power metal moderne ("Hardcore"), parfois même au sein du même titre ("Bella Donna"), mais saupoudré d'une très grosse touche d'electro, allant parfois même jusqu'à prendre le dessus sur le morceau, comme sur le génial "One Night in Tokyo". Au passage, sur ce dernier titre, Beast In Black réussit parfaitement à célébrer le Japon tout en utilisant une musique occidentale, sans user de tout le lexique otaku et d'instrus traditionnels, a contrario d'un Rise of The Northstar, qui ne sonne en rien Nippon.


L'album est donc un habile mix de sonorités retro synthwave 80's, de références à la Science Fiction, au cyberpunk, à la Japanimation et au Jeux Vidéo. Pour autant, il ne sonne pas vieillot et jouit d'une production moderne parfaite qui rend hommage à chaque piste sonore. Le chant éraillé a bien progressé depuis leurs débuts, on a moins ce chant de castra vraiment too much qui laissait croire à la présence d'une damoiselle au micro, les riffs sont super stylés et entêtants, les soli classes, mais sans jamais devenir chiants ou interminables à la Dragonforce, tout est calibré au millimètre ! 


Et pour conclure l'album, on a même le droit à une reprise du classique "They Don't Care About Us" de Michael Jackson. Et pour une fois, la reprise est franchement réussie, ce qui n'est pas chose aisée, d'autant qu'ils n'ont pas choisi le morceau le plus simple ! Si Yannis ne chante évidemment pas aussi parfaitement qu'MJ (en même temps, peu peuvent s'en targuer), il a su s'approprier le morceau à merveille et son chant colle parfaitement ! Le petit bonus inattendu qui fait plaisir pour la fin.


Après 2 opus forts sympathiques, mais cherchant encore trop son identité post séparation d'avec Battle Beast, ce troisième chapitre de la discographie de Beast In Black est l'album de la révélation, celui avec lequel il devient enfin un groupe avec lequel il faut compter. Je vais même blasphémer et avouer le préférer au Senjutsu d'Iron Maiden, qui lui aussi était un concept album influencé par le Japon, mais qui en dehors de sa pochette n'avait manifestement pas digéré toutes ses influences. Ah oui et gros big up au graphiste qui a fait la superbe pochette de Dark Connection avec sa superbe rousse cyberpunk !

4,5/5

vendredi 12 novembre 2021

LIMP BIZKIT - STILL SUCKS

Dix ans après Gold Cobra, le groupe "plaisir coupable" Limp Bizkit revient enfin avec un nouvel opus. Toujours aussi adepte de l'auto-dérision (peut être par conscience de leur propre talent limité), les gars optent pour un nouveau look très... Spécial ! Particulièrement Fred Durst, qu'il m'a fallu du temps pour reconnaître (voire la photo). Bref, l'album s'intitule Still Sucks (qu'on peut grosso mode traduire par "c'est toujours pourri") et c'est pas forcément complètement faux !


Gold Cobra, trop sérieux par rapport au niveau du groupe était assez décevant. Ce nouvel opus plus old school revient au style rap metal des débuts. Et tant mieux !! Les paroles d'une rare bêtise amuseront l'auditeur qui ne prend pas ça au sérieux, autant qu'elles consterneront les détracteurs. Les riffs efficaces de Wes Borland couplés au scratch de DJ Lethal et au rap de Fredo marchent toujours aussi bien, au point qu'on se demande pourquoi ils s'entêtent à vouloir tester autre chose... Ah oui, parce que leur reprise de "Behind Blue Eyes" des Who est leur plus gros tube, c'est vrai....

Si l'on ne retrouve jamais l'audace de leurs classiques comme My Way ou Rollin, la faute à 300000 groupes qui ont épuisé le genre au début des années 2000, Still Sucks aura au moins le mérite de nous rappeler l'époque des baggies, avant YouTube ! Bon évidemment ça ne fonctionnera que si vous êtes de cette génération, sinon, ça ne vous parlera sans doute pas. L'album enchaîne les influences diverses, allant de Nirvana sur "Barnacle" à Nine Inch Nails sur "Pill Popper". Et l'inévitable reprise, cette fois d'INXS, "Don't Change". Le disque se termine sur une balade agréable, mais pas mémorable. Les paroles néanmoins bien plus intéressantes qu'à l'accoutumée laissent une note douce amère à cette fin.


Il n'y a pas grand chose de dire de ce nouveau Limp Bizkit. Selon ce que vous pensez de leurs premiers albums, vous aurez déjà un pré-avis relativement fiable sur ce nouveau disque. La bande à Fred Durst reste un groupe pas toujours très doué, parfois même franchement foireux, mais conscient de ce qu'ils sont, qui en joue et surtout sincère dans sa démarche ! En effet, ce n'est pas et ne sera jamais le meilleur groupe de rap metal, RATM renie d'ailleurs leur héritage... Et pourtant c'est fun, récréatif, entraînant... Et ça fait du bien ! C'est un peu le groupe qu'on a parfois honte d'aimer, d'où le qualificatif de plaisir coupable, mais l'auto-dérision fait passer le tout. Par contre Fred, s'il te plait, reste dans Limp Bizkit, et ne touche plus jamais à une caméra ! Ceux qui ont vu son incroyable navet "The Fanatic" comprendront !

2,5/5

mercredi 10 novembre 2021

CRADLE OF FILTH - EXISTENCE IS FUTILE


Quatre ans après Cryptoriana, la combo Britannique de black sympho est enfin de retour. Longtemps repoussé pour cause de pandémie, ce nouvel opus a pris en compte la situation mondiale et l'a intégré dans son concept. Ainsi ce retard, comparé à leurs délais habituels entre 2 albums fait de ce 13ème disque un chapitre à part de la carrière de Cradle of Filth. 

Fort d'un line up soudé, le groupe nous propose un univers à la fois sombre et grandiloquant, qui sans trancher radicalement avec ce qu'il a pu nous proposer auparavant, particulièrement ses albums pré-Midian, sonne résolument moderne et brut à la fois. Le son proche d'un rendu scénique, nous renvoie de manière plus immersive au cœur du chaos décrit tout au long des pistes. 


Le superbe artwork de la pochette, encore une fois signé Arthur Berzinsh symbolise parfaitement le confinement, l'individu replié chez lui, à l'abris du monde qui implose. Le tout bien évidemment à la sauce Cradle, représenté donc par ce démon qui dévore les humains sur son trône. Une imagerie rappelant grandement Clive Barker, auteur d'Hellraiser, dont l'interprète principal de la saga éponyme Doug Bradley prête sa voix pour 2 titres : "Suffer Our Dominion" et "Sisters of the Mist". 

L'amateur de titres rapides trouvera son malheur avec des pistes comme "Crawling King Chaos" ou "The Dying Of The Embers", tandis que les auditeurs plus friands de plages mélodiques préféreront le single "Necromantic Fantasies" relativement facile d'accès pour séduire de nouveaux fans. 

Les 56 minutes que dure Existence is Futile passent comme une lettre à la poste, ce 13ème album de Cradle of Filth se situe aisément dans la moyenne haute des sorties du groupe. Ce nouveau disque sans révolutionner quoi que ce soit, prouve néanmoins que les Anglais savent rester eux mêmes tout en s'adaptant à l'ère du temps. Un des grands albums de cette fin d'année !


4/5

vendredi 2 juillet 2021

Helloween - Helloween


Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce seizième album des Allemands s'est fait attendre ! Six ans en effet séparent cet éponyme de leur précédent opus, My God-Given Right. Et visiblement, l'attente fut payante, ils ont le premier numéro 1 de leur carrière ! Mais ce n'est pas pour autant que ce ne fut pas très long. Helloween étant un de mes groupes de Heavy Germanique préférés, je peux vous dire que je comptais les jours !

En 2016, le groupe annonçait donc le retour de leurs anciens vocalistes Michael Kiske et Kai Hansen (également à la guitare), non pas en tant que remplacement d'Andi Derris, leur chanteur actuel depuis un quart de siècle, mais en complément ! Ainsi, l'accumulation des 3 voix ne sonnerait pas comme un retour aux sources, mais comme une acceptation de l'entièreté de l'Histoire du groupe, une célébration de tout ce qu'a été Helloween en plus de 30 ans. S'en suivi donc une tournée triomphale. Mais séduire les foules sur une scène avec un line up en or et des tubes à foison est une chose. Composer un album cohérent avec tous ces membres en est une autre !

Le coup de l'album éponyme, mis à part quand il s'agit du tout premier d'un groupe, est toujours assez présomptueux. On le fait en général quand on pense qu'il s'agit de l'opus le plus représentatif de sa musique. Et lorsqu'on parle d'une entité qui a autant évolué, ça semble difficile à synthétiser ! Bon après ça pourrait être plus casse-gueule, vous imaginez un album synthétisant toute la carrière de Therion, ainsi que la taille du line up ?? Mais force est de constater qu'ici, il était logique de nommer l'album ainsi. Helloween l'album est une parfaite représentation de ce qu'a pu produire le groupe. Et l'attente plus longue que d'habitude est on ne peut plus logique vu le nombre de têtes pensantes !


Suite à toutes ces dates, ce line up, qu'on pouvait croire temporaire, réussi l'exploit de créer une osmose quasi parfaite et de composer un album inspiré, remontant le niveau des 2 derniers disques, sympas mais routiniers. De ce grand album plutôt homogène ressortent néanmoins 2 morceaux. Tout d'abord, je citerais le brillant "Out For The Glory" alliant parfaitement les différentes voix à une successions de riffs catchy et de soli puissants. Le refrain tubesque achève d'en faire un nouveau classique du groupe. "Skyfall", qui n'a aucun rapport avec James Bond ou Adele est l'autre moment fort de l'album, une chevauchée épique rappelant Keepers of the Seven Keys. "Angels" plus mélancolique évoquera d'avantage des classiques comme "If I Could Fly". Et il serait criminel de ne pas mentionner les 2 duos Kiske/Deris : "Indestructible" et "Robot King". Ils représentent le pourquoi de ce nouveau line up. 

Un nouveau Helloween, qui loin d'être un simple album de plus a mué en une nouvelle entité, qui elle même n'est pas une énième mutation, mais une synthèse de l'entièreté de sa carrière. Ce qui aurait pu au départ n'être qu'une simple tournée de célébration se trouve donner naissance à un de leurs meilleurs albums, véritable renaissance et, aussi dingue que ça puisse semble, un énorme tournant dans leur carrière. En effet, comment cela va t'il évoluer ? S'ils continuent sur cette lancée, alors cet album sera clairement le Brave New World d'Helloween. Mais s'ils reviennent à des albums plus classiques et que celui ci reste un one shot, les suivants auront un goût de fade. Au point de se demander s'il ne serait pas sage pour eux de tirer leur révérence après cet opus... Le fait est qu'Helloween est un des meilleurs albums du groupe et peut être ma claque Heavy de 2021 ! Et que partir sur un tel triomphe, célébré par le grand public qui plus est, ça peut être franchement pas mal. Affaire à suivre donc.



4,5/5

dimanche 6 juin 2021

An Evening With Nightwish In A Virtual World


Plus d'un an après la sortie de leur Human II Nature que j'avais chroniqué assez moyennement, Nightwish nous présente enfin un concert issu de l'album. Un concert pas comme les autres puisque, Covid oblige, et à l'instar d'une très grande quantité d'artistes, les Finlandais réalisent ce concert sans public. Leurs concurrents directs de Within Temptation et Epica vont également sortir le leur d'ici peu, ce qui sera intéressant pour comparer les choix qui ont été faits.

D'abord popularisés par des artistes pop (on pense à l'incroyable concert "virtuel" donné par Blackpink il y a quelques mois), ces événements "Covid Free" permettant de faire patienter les fans en attendant la reprise des concerts réels sont un exercice de style particulièrement intéressants. Ce qu'on perd en authenticité et en chaleur humaine, on le gagne en effets de mise en scènes. Bien que, paraît il, diffusé en direct, le concert a très bien pu bénéficier de retouches, tant au niveau vocal que musical. Le but n'est donc pas ici d'offrir du live, mais un spectacle musical quasi-cinématographique. 

Loin des effets pyrotechniques habituels hérités de Rammstein, Nightwish a ici décidé de jouer dans un décors ressemblant à une vieille église abandonnée, dans laquelle la nature aurait repris ses droits, de part la présence d'arbres à l'intérieur du bâtiment. Ce lieu est "agrandi" dans son espace visuel par la présence de fonds verts au niveau des fenêtres, parmi lesquelles on peut apercevoir des décors en CGI, évoluant au fur et à mesure des chansons. Les inévitables passages sur les spectateurs étant absents sont ici remplacés par des plans numériques de l'extérieur du décors, celui ci évolue également, nous donnant l'impression de voir passer des saisons différentes.

Au delà de tous ces artifices, la grande interrogation restait surtout l'absence de Marco. Bien que n'étant pas un membre fondateur du groupe (il ne reste plus que Tuomas et Emppu), il y était depuis 20 ans et avait très fortement contribué au changement de style que le groupe opéra après Wishmaster. Son départ fut donc tout aussi important que ne le fut celui de Tarja à l'époque. Pour les parties de basses, il est donc remplacé par leur compatriote Jukka Koskinen, un vétéran de la basse ayant déjà officié dans de très nombreux groupes comme Wintersun, Norther, Dark Sarah ou Amberian Dawn. Ainsi, bien que plutôt spécialisé dans le death mélodique, il n'est pas étranger au sympho. Musicalement rien à redire, le mix est tellement parfait (d'où mon soupçon de parties au moins partiellement pré-enregistrées) qu'on ne le remarque pas plus que ça. Niveau jeu de scène, c'est autre chose, clairement on voit qu'il n'est pas à l'aise plus que ça, mais il serait cruel de lui en tenir rigueur vu les attentes ! Niveau chant, il ne pratique pas. Floor et Troy se répartissent donc les parties vocales de Marco. Et c'est là que le bas blesse.

Troy n'est clairement pas un grand chanteur. Sa voix est correcte pour les chansons folk, ou pour des chœurs avec Floor en lead. Mais dès qu'une chanson nécessite plus de hargne dans la voix, c'est faiblard. Marco était un grand vocaliste, ce n'est pas son cas. En revanche, lorsque Floor reprend ses parties, sa palette vocale est si large que ça fonctionne bien mieux. Y compris lors de Planet Hell où elle reprend aussi les parties de Tarja et module donc sa voix pour alterner 2 types de chant, de manière à retranscrire cet effet duo, tout en chantant en solo. A l'avenir, il faudra penser éventuellement à retravailler la répartition des lignes de chant de Marco. Après, ne soyons pas non plus médisants, Troy chante toujours mieux que Tuomas. Mais vu le budget de Nightwish, ils devraient peut être tout simplement engager aussi un nouveau chanteur, ils peuvent se le permettre ! Mais son chant n'étant pas présent sur tous les morceaux, peut être ont ils eu peur d'engager un type qui serait absent de la scène les 2/3 des morceaux ? Jukka n'est pour l'instant qu'un bassiste de session, il est alors tout à fait possible que plus tard ils engagent un nouveau vocaliste ? S'ils restent dans cette configuration en revanche, avec juste un bassiste non chanteur, Jukka ou autre, il va falloir perfectionner le truc.

En dehors de ces quelques défauts, le show fait le taff. Certains n'apprécieront pas le manque d'authenticité, d'autres apprécieront le spectacle pour ce qu'il est, un palliatif, en attendant de véritables shows. Comme on dit, "c'est mieux que rien !". Cela permet en plus à Nightwish d'expérimenter divers effets visuels qu'ils pourront peut être réutiliser sur leurs dates régulières. Les musiciens semblent heureux (surtout Emppu qui sourie tout le temps) de rejouer ensemble, malgré l'absence remarquée de Marco. Les morceaux sont pour beaucoup légèrement réorchestrés par rapport aux versions albums, notamment How's The Heart jouée en version acoustique. Les chansons de la période Anette sont clairement transcendées par Floor. Elle est clairement l'atout majeure de ce concert ! Charismatique, tantôt badass, tantôt sensible, elle se lâche vocalement infiniment plus que sur ses 2 albums avec le groupe. Là où je suis déçu de son manque d'exploitation sur CD, c'est bel et bien sur scène qu'elle s'épanoui. Son décolleté gourmand rend encore plus difficile le fait de la lâcher des yeux, comme si elle n'était pas assez magnétique de base !

An Evening With Nightwish In A Virtual World est un concert très sympathique, mais plus cinématographique qu'authentique. On doute régulièrement de l'authenticité des prises de sons (ils sont où les pains ??), mais la beauté de l'ensemble fait grandement illusion, pour peu qu'on accepte le parti-pris. A voir si par la suite ce genre de "faux" concerts se généralisera ou si cela ne restera qu'une relique de l'ère Covid dont on se rappellera avec nostalgie quand cette saleté sera enfin derrière nous. Seul l'avenir nous le dira. Des 2 dates je n'ai pu voir que la première. La setlist est légèrement différente sur la seconde, à ce qu'il parait, celle que j'ai vu est la plus heavy. Ne laissant effectivement que peu de place aux passages calmes. N'ayant pas revu le groupe sur scène depuis le Hellfest, juste après Iron Maiden, ce show fut pour moi en tout cas un excellent palliatif à l'absence de concerts réels dont seule l'absence de Marco vient (légèrement) entacher le résultat global. Mec, t'aurais pas pu quitter le groupe APRES le concert plutôt que juste avant ?

4/5


Setlist :

01. Music (Intro uniquement)

02. Noise

03. Planet Hell

04. Tribal

05. Élan

06. Storytime

07. She Is My Sin

08. Harvest

09. 7 Days To The Wolves

10. I Want My Tears Back

11. Bless The Child

12. Nemo

13. How's The Heart? (Acoustic version)

14. Shoemaker

15. Last Ride Of The Day

16. Ghost Love Score

17. The Greatest Show On Earth (Chapters I, II & III)

18. Ad Astra



vendredi 21 mai 2021

ARMY OF THE DEAD


Il y a 17 ans, un inconnu venu de la pub relançait la mode du film de zombies (bien aidé il est vrai par la hype de 28 Jours Plus Tard, sorti avant, mais il s'agissait d'infectés et pas de purs zombies) en osant faire un remake du chef d'oeuvre absolu du genre le Zombie de Romero, aka Dawn of the Dead en V.O. Devenu une méga star entre temps avec des films comme 300, Watchmen, Sucker Punch et sa trilogie DC, Zack Snyder revient donc à ses premières amours. Si ce Army of the Dead n'est pas à proprement parler une suite de son Dawn of The Dead (bien que le titre VF de ce dernier, L'Armée des Morts, peut le laisser croire), on y retrouve néanmoins ses thèmes chers et son esthétisme.

En 2 décennies, Snyder a eu le temps de peaufiner son style : colorimétrie sombre, ralentis ultra stylisés et ses thèmes. Notamment le deuil. Un deuil particulièrement personnel l'ayant touché, celui de sa fille, et qui l'avait conduit à quitter la production de Justice League, permettant à Warner de saboter le film avec leur immonde version. Ayant enfin pu rendre justice à son Justice (rigolez s'il vous plait) avec la Snyder Cut, Army est donc une manière pour lui d'exorciser sa tragédie, au travers du personnage de Bautista, sa fille et la mère décédée. Un film nécessaire pour Snyder qui doit aussi subir le deuil du SnyderVerse, tué par Warner. Il n'est donc guère surprenant de le voir s'être tourné vers Netflix, nettement moins casse pieds avec ses réalisateurs... Au risque de voir bien souvent leurs productions partir en roue libre. Mais c'est ça c'est une autre histoire. 

Ce nouvel opus Snyderien est d'ores et déjà annoncé comme le lancement d'une franchise, avec un film préquel, Army of Thieves et une série d'animation, Army of the Dead - Lost Vegas. Il ne s'agit évidemment pas d'un simple film de zombies mais d'une réinvention du genre. Et voilà pourquoi l'introduction du film est claire sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une suite de Dawn of the Dead. Ceux qui avaient déjà râlés que ses zombies pouvaient courir vont clairement péter un câble en voyant ce qu'ils peuvent faire ici ! Le film brise les codes du genre au travers d'un scénario certes loin d'être innovant (l'intro fait penser aussi bien à Zombieland qu'à Love & Monsters), mais fort bien troussé. Les personnages les plus mis en avant sont très bien développés, mention spéciale à Bautista qui devient enfin un véritable acteur avec ce rôle très touchant et à la Frenchy  Nora Arnezeder, déjà vu dans le remake de Maniac. 


La mise en scène est plus sobre qu'à l'habitude, Snyder s'est retenu sur les ralentis, mais offre un scope de bonne qualité (on est rarement rassurés sur les productions Netflix, y compris avec des réals comme Scorsese, ce n'était donc pas forcément une évidence !), une photographie plus clinquante qu'à l'accoutumée mais collant parfaitement à l'univers de Vegas et une B.O. toujours très judicieuse (Elvis, The Cranberries...), pensons notamment à cette séquence où le rythme de la batterie de l'O.S.T. remplace les tirs des mitraillettes. On notera néanmoins une manie assez agaçante de systématiquement flouter les arrières plans. Cette technique est parfois excellente pour masquer la présence d'un zombie, mais est trop utilisée sans raison particulière. C'est l'inconvénient pour Zack d'avoir ici un peu trop les mains libres, sans personne pour parfois lui montrer un truc qui cloche. Les personnages les plus secondaires sont en revanche un peu moins bien esquissés. Ceux qui ne sont que de la chaire à canon, à la limite on s'en fiche, mais certains comme le personnage de Tig Notaro sont de simples caricatures. Néanmoins le côté fun et série B assumée du film font passer la pilule.

La grande réussite du film qui est d'avantage un film d'action de casse, type Fast & Furious 5, avec des éléments gores, qu'un film d'horreur, c'est pourtant bel et bien les zombies ! 2 en particuliers. Les fameux alphas.  A eux seuls, ils donnent au film une mythologie qui le distingue d'un genre particulièrement saturés entre les 3000 films du genre qui sortent chaque année et les multiples spin offs de Walking Dead. Sans doute influencé en parti par les films Coréens comme Dernier Train Pour Busan (dont la suite Peninsula empruntait curieusement une voie très similaire à Army, avec aussi un magot à récupérer dans une zone infectée), Snyder a su insuffler à son métrage la dose d'émotion qui fait qu'on s'inquiète réellement pour les personnages principaux sans pour autant délaisser l'action pure. Ceux qui viennent pour l'horreur en revanche, changez de film ! 

Army of the Dead ne révolutionne pas le genre du film de zombies mais le fait évoluer habilement en détournant savamment les codes qu'il n'hésite pourtant pas à aligner. Une mise en scène soufflant le chaud et le froid mais avec de véritables fulgurances, une musique au top, des personnages pas tous bien esquissés mais qui lorsqu'ils le sont se révèlent excellents.... Un film un poil trop long pour un tel sujet mais qui ne faibli que rarement. Au vu des résultats souvent mitigés des productions Netflix, c'est plutôt une réussite et alors que j'en avais vraiment ras le bol des films de zombies, il a réussi à me hyper pour les prochains films ! Bravo Zack !!

3,5/5

mardi 20 avril 2021

Evanescence - The Bitter Truth



Dix ans après leur dernier album, l'éponyme Evanescence, le combo gothic metal Américain revient enfin ! C'est dingue de se dire que leur pause a été plus longue que toute leur carrière professionnelle d'avant ! Mais bref, les revoilà enfin. Le précédent album, accouché dans la douleur et à contrecœur devait non seulement faire face à des changements radicaux de line up, mais également à une maison de disque qui voulait imposer à Amy son style musical, comme si on parlait d'une chanteuse pop.


Cette longue pause, encore rallongée par la maternité, a permis à Amy d'extérioriser sa frustration en explorant d'autres horizons musicaux via ses divers projets solo. Qu'il s'agisse d'albums solo, d'E.P., de collaborations ou de B.O., la petite brune n'a pas chômé durant la dernière décennie. Etant le seul membre permanent d'Evanescence, on peut donc considérer qu'il s'agit également d'un projet solo et qu'elle a donc décidé de ne sortir sous ce nom que ses chansons typées rock alternatif et nu metal gothique. Exception faite de Synthesis, un album de réorchestrations symphoniques des tubes du groupe. 


Si d'ordinaire j'aurais tendance à défendre un artiste contre sa maison de disque qui veut lui imposer son orientation, plutôt que de le laisser exprimer sa créativité, je dois reconnaître ici que je leur sais gré d'avoir poussé Amy à exprimer ses idées dans d'autres projets qu'Evanescence, tant ses chansons en solo ne m'ont pas du tout intéressé. Le soucis c'est qu'à force d'espacer autant les sorties, plus grand monde ne suit le groupe hormis les nostalgiques des débuts. Evanescence a depuis longtemps été dépassé en notoriété et en qualité par de nombreux groupes à chanteuses des sphères symphoniques et gothiques... 



Mais reste un argument majeur... SA VOIX ! Amy, bien que très souvent copiée (Carly Smithson, Violet Orlandi...) n'est jamais égalée. Elle possède ce grain particulier, cette profondeur, qui la rendent unique. Telle Sharon Den Adel au sein de Within Temptation, elle fait parti de ces vocalistes qui font l'âme du groupe. Remplacez là, le groupe est mort. Gardez là, tous les autres membres peuvent partir. A partir du moment où on a une musique qui sonne comme Evanescence, peu importe les zikos, posez la voix d'Amy dessus... Et ça marche ! Bien évidemment, le fait que sans jouer tous les instruments, elle  donne des lignes directrices, étant elle même pianiste. La musique est une véritable extension de ses compositions, un prolongement de sa voix. 


The Bitter Truth, teasé pendant un an, retardé à cause de la pandémie est donc du pur Evanescence. Oui, il y a mieux dans le style. Oui, il y a plus original, plus varié et mieux joué. Mais non, aucun autre groupe ne procure l'émotion qu'on retrouve chez eux. L'album est un réservoir à tubes, "Better Without You", "Wasted On You", "The Game Is Over", "Yeah Right"... Et bien sûr le déjà culte "Use My Voice" avec des guests de Lzzy Hale (Halestorm), Taylor Momsen (The Pretty Reckless), Sharon Den Adel déjà citée plus haut et la violoniste Lindsey Stirling. 


The Bitter Truth n'est clairement pas l'album de la décennie, mais après une si longue attente, le succès est au rendez vous. L'album est tel qu'on l'espérait, il reste en tête. Il n'y a peut être pas d'innovation, mais pourquoi changer une formule qui marche ? Ceux qui veulent entendre Amy chanter autre chose, peuvent se pencher sur ses autres projets. Pour les fans des débuts qui n'ont pas abandonné le groupe en 10 ans, c'est un retour nostalgique et émouvant qui fait du bien aux oreilles et au cœur !



4/5

mercredi 17 mars 2021

Zack Snyder's Justice League




En 2013, Zack Snyder, déjà auréolé du succès de 300, Watchmen et Sucker Punch avait la lourde tâche de rebooter la saga Superman, 7 ans après un Superman Returns assez moyen. En résultat alors le brillant Man Of Steel. Relecture plus sombre, "réaliste" et ancré dans le monde actuel du mythe de Khal El. 


A ce moment là, on ne parlait pas encore de DCEU, censé concurrencer le MCU, même si c'était le but à atteindre. Puis alors que Marvel alignait les succès, Warner, visiblement dirigé par des incompétents se disent seulement maintenant que ce serait bien de faire la même chose. Les mecs ont les droits de tous les perso DC, ont inventé ce concept d'univers partagé dès la fin des années 30... Et c'est seulement une fois le succès d'Avengers qu'ils se décident de faire pareil ? Avec des gars un peu moins idiots, les crossovers auraient commencé dès les années 90, début 2000. 


Mais, bref, Snyder a donc dû transformer ce qui aurait pu être Man of Steel 2, en prologue à Justice League. Cela a donné Batman v Superman - Dawn of Justice. En 3 heures de métrage, dans sa version longue, il a dû créer tout le "world building" que Marvel a fait sur 5 films avant de lancer son premier crossover. Le film a déçu pas mal de gens, car beaucoup plus sombre que le MCU et que le film dans sa version ciné est assez confus. Mais dès le début, une frange de spectateurs a compris le trip de Snyder, et la sortie du director's cut les a conforté dans cette idée. Le Snyderverse fera l'inverse de d'habitude en démarrant au plus sombre, afin de créer un arc de rédemption pour Batman. De cette manière, cela lui évite d'exposer à nouveau les origines de Bruce Wayne après Batman Begins, tout en trouvant quand même un axe scénaristique intéressant. 




Le troisième film devait donc être celui de la rédemption. Batman ayant voulu tuer Superman, il se sent forcément responsable lorsque celui ci finit bel et bien par être tué par Doomsday. Le film Justice League doit donc non seulement présenter les "origin stories" des persos qui n'ont pas encore eu leur film solo, mais conclure l'arc de rédemption de Bruce et ressusciter Superman. 4 heures de métrage n'étant donc clairement pas de trop vu tout ce qu'il y avait à traiter. Et c'est là qu'est arrivé Joss Whedon. En 2017, après nous avoir teasé le film pendant des mois, Snyder se retire du tournage peu avant la fin, suite au suicide de sa fille. Warner en profite alors pour engager Joss Whedon, le réalisateur d'Avengers 1 et 2, le projet concurrent qu'ils cherchent à émuler, pour remodeler le film de Snyder.


Et là, c'est le drame, Justice League 2017 se voit amputé de la moitié de sa durée, parce que gna gna c'est trop long. Ajoutez à cela que Whedon a rajouté de nouvelles scènes pour rendre le film plus fun, comprendre plus proche d'Avengers. Cela aurait pu s'arrêter là, mais non, il a retourné des scènes entières déjà tournées par Snyder sans aucune raison particulière (manifestement, Warner a du fric à claquer pour rien...) juste pour en modifier les décors, les costumes (adieu le costume noir de Superman teasé durant toute la promo depuis 1 an !!) et également pour simplifier l'histoire. Adieu donc des persos comme Darkseid (WTF Joss ?? Comment tu peux supprimer le gros méchant du film ?), Martian Manhunter, mais également un arc entier dans le futur apocalyptique, qui devait pourtant résoudre l'un des grands mystères du film précédent. Il a également changé complètement le look de Steppenwolf, qui se retrouve donc différent lui aussi du précédent épisode. Pire encore, comme la Warner refuse de décaler la sortie, malgré ces nombreux reshoots, le montage est bâclé, donc chaotique, les sfx bâclés, et Henry Cavill qui tournait dans Mission Impossible 6, où il portait la moustache a donc tourné ses nouvelles scènes totalement inutiles (elles existaient déjà dans le Snyder cut) avec une moustache, très mal effacée numériquement et qui lui donnent une bouche cartoonesque. Ajoutez à cela que Whedo a complètement refait l'étalonnage et la colorimétrie, pour rendre le film plus joyeux, cassant complètement la cohérence visuelle avec les 2 premiers opus... Et rendant les costumes des super héros complètement plastique ! Bref, Josstice League fut un désastre.



Après 4 ans de pétitions en lignes, à gueuler partout, le fandom a fini par convaincre Warner de sortir enfin la vraie version du film. Ils ont allongé 70 millions de dollars à Snyder pour refaire la post prod de ses propres scènes, qui ne contiennent aucune scène filmées par Whedon. Seule une séquence de 5 minutes avec le Joker fut tournée. En quelques minutes, la version Jared Leto, ridicule dans Suicide Squad est entièrement réhabilitée. Ce qui donne furieusement envie de découvrir un Ayer Cut de ce film. D'autant que lui aussi a été charcuté au montage et retourné aux 2/3 pour être "plus fun" (ben oui un groupe de super villains tueurs, ça doit être fun, c'est bien connu. Bon sang Warner....). Et donc oui, cette nouvelle version de Justice League, la seule qui aurait jamais dû sortir est bel et bien à la hauteur des espérances. Oubliez la version dégueulasse de 2017 qui n'aurait jamais du sortir, voici la vraie !


Ici les personnages sont tous présentés, les incohérences n'existent plus, chaque truc que l'on ne comprenait pas a ici du sens. On comprend enfin le plan de Steppenwolf, qui est bien plus charismatique et effrayant que dans l'autre version. Darkseid apparait enfin en live et ridiculise Thanos, qui n'a toujours été qu'une copie de lui, en pourtant 5 minutes de présence maximum. La nouvelle B.O. est autrement plus inspirée que celle torchée par Elfman bien loin de sa grandeur d'antan. 


Parmi les quelques défauts du film, on notera quelques longueurs dans la première heure et demi. Certains CGI perfectible (mais rien d'aussi ridicule que la moustache de Cavill), une Lois Lane sous exploitée et une séquence Knightmare trop courte par rapport à ce que j'imaginais. Mais pour le reste, le film est ultra généreux, développe chaque personnage principal pour qu'il puisse briller et donne furieusement envie de découvrir la suite ! Mais il donne aussi encore plus envie de se prendre pour Jigsaw et d'enfermer Joss Whedon et les responsables de chez Warner qui ont conduit au massacre de la première version. 



Un film qui efface le mauvais goût d'une honteuse première version et qui en dépit de légers défauts, superficiels sur un métrage de 4h, s'inscrit dans le panthéon des meilleurs films DC avec le Superman de Donner, Batman Returns de Burton, The Dark Knight de Nolan et Watchmen déjà de Snyder ! Le Seigneur des Anneaux de DC.

4,5/5

mardi 16 mars 2021

EPICA - OMEGA





Le soucis quand on est vraiment fan d'un groupe, c'est qu'on n'est pas très objectif sur les nouvelles sorties. Suivant la formation de sublime rousse depuis plus de 15 ans, j'ai guetté chacun de leur album, les ai analysé, digéré, appris à comprendre même les morceaux que je n'appréciais au départ pas. Du coup mes avis ont grandement évolué sur la plupart des albums. Et une fois encore, comme c'était le cas pour leur dernier opus The Holographic Principle il y a déjà 4 ans et demi, j'ai laissé maturer ma réflexion. J'ai cessé d'écouter l'album pendant quelques semaines après l'avoir bouffé plusieurs jours d'affilée. Et maintenant je le réécoute avec une oreille neuve et plus objective.


Quatre ans, c'est la plus longue période creuse du groupe à ce jour. Même si en réalité, ils ont sorti 2 EP depuis. Du coup on est plus sur du 3 ans d'absence. Mais ce temps plus long qu'à l'accoutumée a permis au combo Hollandais de parfaire la composition de ce 8ème album. En effet, leur 7ème CD bien que tout à fait correct souffrait d'un fort effet de "déjà entendu". Epica n'a clairement pas envie de changer de style, contrairement à leurs compatriotes de Within Temptation qui évoluent dans une sphère electro-pop ces derniers temps. Mais trop suivre une formule établie risque également de les faire sombrer dans la médiocrité, à trop tirer sur la corde. Mais cette fois ci, on remonte la pente.



Le break du groupe leur a permis de revenir plus inspiré que jamais. Chaque membre a cette fois apporté sa pierre à l'édifice pour nourrir Omega d'influences plus diverses, tout en restant dans le style Epica. On y retrouve donc tous les ingrédients habituels : orchestrations grandiloquentes sur Anteludium et Abyss of Time, titres progressifs comme Kingdom of Heaven 3, chœurs lyriques à foison avec The Skeleton Key et Freedom - The Wolves Within, et bien sûr le contraste entre la divine voix de Simone et le growl plus maîtrisé que jamais de Mark. 


Ayant accentué l'aspect prog qui a démarré sur leur album The Divine Conspiracy, allant sans doute trop loin sur Requiem For The Indifferent (sans doute leur plus faible album à ce jour), on y retrouve donc des influences plus diverses, allant de Dimmu Borgir, sur Freedom - The Wolves Within aux sonorités orientales sur Code of Life et Seal of Solomon. Les mélodies restent particulièrement en tête et il est particulièrement remarquable que sur un album aussi complexe, avec des paroles métaphysiques, des changements de rythme incessants et une grandiloquence orchestrale, ils parviennent à garder un côté pop avec des refrains qu'on ressortira spontanément lorsque les concerts reprendront enfin (vers 2067 selon mes sources). 


Après un The Holographic Principle très sympa, mais amorçant un début de perte de vitesse, Epica a pris une pause salvatrice qui lui permet de revenir dans la course. A l'heure où ses 2 principaux rivaux Nightwish et Within Temptation semblent se perdre, le groupe de la belle Simone revient en force et se positionne actuellement comme le leader du style ! Omega se positionne sans doute dans mon top 3 du groupe avec Design Your Universe et The Quantum Enigma




4,5/5

mardi 9 mars 2021

ALICE COOPER - DETROIT STORIES




Un peu moins de 4 ans après son dernier album solo Paranormal, Vincent Furnier revient avec son 21ème disque solo, 30ème en comptant ses autres projets. Dans ses meilleurs moments, Papy Alice nous a offert des classiques du rock, dans ses pires il nous a servi des fillers dispensables, à réserver aux gros fans. Ce nouvel opus est un peu des 2. Il contient du très bon, comme du facultatif. Mais après plus d'un demi-siècle de carrière, ça n'a aucune importance, on est surtout content qu'il soit toujours là !


Tout comme sur Paranormal, Alice choisi avec Detroit Stories de ne pas faire dans la fioriture. Pas d'expérimentation comme sur les 2 volets de Welcome To My Nightmare. Tout comme avec son groupe Hollywood Nightmare, l'album est un hommage à son enfance et à la ville qui l'a vu grandir, Detroit. D'où diverses reprises de classiques de Velvet Underground, MC5 et Bob Seger. On sent depuis quelques années chez le Sir Furnier une envie de revenir aux sources de sa musique, sans doute guidé par une nostalgie tout à fait logique plus de 70 balais. 


Là où les autres doyens du rock encore en vie sont pour la plupart dans un état de décrépitude qui fait plus peine à entendre qu'autre chose (on ne citera pas de noms), Alice est avec quelques exceptions comme Klaus Meine et Brian Johnson, un éternel jeune, dont la fougue ne se tarit pas avec le temps. Ecouter Alice Cooper en 2021, ce n'est pas honteux, ça n'est pas si différent que de l'écouter dans les 80's. Et s'il va de soit qu'on n'attend plus particulièrement ses nouveaux albums comme à l'époque, ils ne nous font pas fuir non plus.



Et c'est exactement ce qu'il ressort de ce Detroit Stories. Un album pas mémorable, mais pas désagréable. Au fur et à mesure des écoutes, on skippera quelques pistes pour se focaliser sur ses préférées. Principalement axé Garage Rock avec des titres comme Go Man Go, I Hate You ou encore Sister Anne, la reprice d'MC5, Alice se permet tout de même quelques piques intéressantes, comme sur Our Love Will Change The World et son côté cartoonesque, qui dénonce l'immonde Cancel Culture actuelle. A 73 ans, et même dans un trip nostalgique, Papy est toujours au courant de l'actualité. Le spectre du Covid hante d'ailleurs régulièrement cet album, comme sur Social Debris chose assez frappante dans les visuels. Comme quoi malgré tout il reste influencé par le monde actuel et aurait fait un album fort différent si le monde tournait rond. 


On trouve également des influences Blues et R&B sur des titres comme 1000 dollars High Heel Shooes, qui démontrent encore une fois l'éclectisme de ses influences. Et si on est globalement dans un album homogène, et pas fourre-tout comme Welcome 2 My Nightmare, il n'en reste pas moins vrai que l'album est diversifié. On ne s'ennui pas trop, hormis sur quelques fillers comme Shut Up & Rock ou Wonderful World.


Un trentième opus (en incluant The Alice Cooper Group et Hollywood Vampires) qui ne révolutionne en rien le son de Vincent Furnier, qui n'est pas forcément l'album à recommander pour faire découvrir son style, qui n'est pas entièrement parfait et souffre de quelques titres moyens, mais qui néanmoins n'est pas désagréable et reste un sympathique ajout à sa déjà très longue discographie. Le plus dingue c'est qu'il parle déjà de son prochain album ! Nul doute qu'il sera toujours rock n roll jusqu'à la fin !


3,5/5


 


mardi 2 février 2021

THERION - LEVIATHAN




Onze ans après Sitra Ahra, le projet de Christofer Johnsson revient enfin à un album "normal". En effet, on a eu droit après cet opus à un album tout à fait à part dans leur discographie, Les Fleurs du Mal, qui en dépit de son nom n'avait rien à voir avec Baudelaire, mais était juste une référence à la langue Française, puisqu'il s'agissait de reprises de classiques de notre bonne vieille variété nationale. 

Puis Beloved Antichrist, triple album ultra ambitieux, mais très très difficile d'accès, puisque s'agissant d'un opéra, censé être vu sur scène, avec la mise en scène et le contexte de l'histoire. Sur album, ce dernier est donc vraiment très long et n'a pas convaincu grand monde, à voir sur scène, ou au moins en vidéo pour comprendre le délire. 

On a également eu droit à Luciferian Light Orchestra, projet hors Therion de Christofer, petite parenthèse dans sa carrière, avec un autre line up, mais qui musicalement aurait pu sortir sous le nom Therion.

Ca fait donc plus d'une décennie d'expérimentations diverses, sans album conventionnel de la part du Suédois, tout du moins sous le nom Therion. Et ça fait du bien !! Sitra Ahra, qui se voulait la suite tardive du diptyque parfait Sirius B/Lemuria, n'était pas à la hauteur de son ambition, sonnant trop comme une compilation de chutes. Leviathan est donc enfin leur grand retour. Meilleur album depuis Gothic Kabbalah, il renoue avec le style Opera Metal abordé dès Theli et livre enfin un album inspiré, sans essayer de trop en faire.



Sur cet album, Christofer est accompagné du même line up qui l'accompagne depuis Sitra Ahra, Nalle Pahlson (basse), Thomas Vikström (chant tenor), Christian Vidal (lead guitar) et Lori Lewis au chant soprano. A ceux ci s'ajoutent des guests prestigieux comme Marko Hietala (Nightwish, Tarot, Delain), Taida Nazraic (The Loudest Silence), Chiara Malvestiti (Crysalys) le vétéran Mats Leven (Krux), déjà apparu chez Therion, notamment sur leur tube "Son of the Staves of Times". 

Musicalement, c'est sans doute leur album le plus varié depuis Gothic Kabbalah. Certains morceaux marient les voix féminines et masculines avec délice, "Tuonela" ou "Psalm of Retribution", certains privilégient d'avantage les orchestrations épiques comme "Nocturnal Light" et d'autres en revanche préfèrent mettre l'emphase sur des riffs qui tuent comme "Eye of Algol" ou "Marquis of Hell".

Après plus de 30 ans de carrière, Christofer Johnsson prouve que Therion peut toujours nous proposer un album simple, sans chercher l'originalité à tout prix ou une trop grande complexité, quelque chose qui peut plaire au plus grand nombre de fans, sans sombrer dans la redite. Le line up actuel, d'une stabilité à toute épreuve comparé à l'histoire du groupe, entouré de nombreux guests nous offre un CD efficace, épique, ambitieux et pas trop long, qu'on pourra facilement réécouter de multiples fois. J'avais clairement lâché Therion depuis 10 ans, ils ont ressuscité à mes yeux ! Dans mon top 5 des Suédois !


4,5/5