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vendredi 21 mai 2021

ARMY OF THE DEAD


Il y a 17 ans, un inconnu venu de la pub relançait la mode du film de zombies (bien aidé il est vrai par la hype de 28 Jours Plus Tard, sorti avant, mais il s'agissait d'infectés et pas de purs zombies) en osant faire un remake du chef d'oeuvre absolu du genre le Zombie de Romero, aka Dawn of the Dead en V.O. Devenu une méga star entre temps avec des films comme 300, Watchmen, Sucker Punch et sa trilogie DC, Zack Snyder revient donc à ses premières amours. Si ce Army of the Dead n'est pas à proprement parler une suite de son Dawn of The Dead (bien que le titre VF de ce dernier, L'Armée des Morts, peut le laisser croire), on y retrouve néanmoins ses thèmes chers et son esthétisme.

En 2 décennies, Snyder a eu le temps de peaufiner son style : colorimétrie sombre, ralentis ultra stylisés et ses thèmes. Notamment le deuil. Un deuil particulièrement personnel l'ayant touché, celui de sa fille, et qui l'avait conduit à quitter la production de Justice League, permettant à Warner de saboter le film avec leur immonde version. Ayant enfin pu rendre justice à son Justice (rigolez s'il vous plait) avec la Snyder Cut, Army est donc une manière pour lui d'exorciser sa tragédie, au travers du personnage de Bautista, sa fille et la mère décédée. Un film nécessaire pour Snyder qui doit aussi subir le deuil du SnyderVerse, tué par Warner. Il n'est donc guère surprenant de le voir s'être tourné vers Netflix, nettement moins casse pieds avec ses réalisateurs... Au risque de voir bien souvent leurs productions partir en roue libre. Mais c'est ça c'est une autre histoire. 

Ce nouvel opus Snyderien est d'ores et déjà annoncé comme le lancement d'une franchise, avec un film préquel, Army of Thieves et une série d'animation, Army of the Dead - Lost Vegas. Il ne s'agit évidemment pas d'un simple film de zombies mais d'une réinvention du genre. Et voilà pourquoi l'introduction du film est claire sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une suite de Dawn of the Dead. Ceux qui avaient déjà râlés que ses zombies pouvaient courir vont clairement péter un câble en voyant ce qu'ils peuvent faire ici ! Le film brise les codes du genre au travers d'un scénario certes loin d'être innovant (l'intro fait penser aussi bien à Zombieland qu'à Love & Monsters), mais fort bien troussé. Les personnages les plus mis en avant sont très bien développés, mention spéciale à Bautista qui devient enfin un véritable acteur avec ce rôle très touchant et à la Frenchy  Nora Arnezeder, déjà vu dans le remake de Maniac. 


La mise en scène est plus sobre qu'à l'habitude, Snyder s'est retenu sur les ralentis, mais offre un scope de bonne qualité (on est rarement rassurés sur les productions Netflix, y compris avec des réals comme Scorsese, ce n'était donc pas forcément une évidence !), une photographie plus clinquante qu'à l'accoutumée mais collant parfaitement à l'univers de Vegas et une B.O. toujours très judicieuse (Elvis, The Cranberries...), pensons notamment à cette séquence où le rythme de la batterie de l'O.S.T. remplace les tirs des mitraillettes. On notera néanmoins une manie assez agaçante de systématiquement flouter les arrières plans. Cette technique est parfois excellente pour masquer la présence d'un zombie, mais est trop utilisée sans raison particulière. C'est l'inconvénient pour Zack d'avoir ici un peu trop les mains libres, sans personne pour parfois lui montrer un truc qui cloche. Les personnages les plus secondaires sont en revanche un peu moins bien esquissés. Ceux qui ne sont que de la chaire à canon, à la limite on s'en fiche, mais certains comme le personnage de Tig Notaro sont de simples caricatures. Néanmoins le côté fun et série B assumée du film font passer la pilule.

La grande réussite du film qui est d'avantage un film d'action de casse, type Fast & Furious 5, avec des éléments gores, qu'un film d'horreur, c'est pourtant bel et bien les zombies ! 2 en particuliers. Les fameux alphas.  A eux seuls, ils donnent au film une mythologie qui le distingue d'un genre particulièrement saturés entre les 3000 films du genre qui sortent chaque année et les multiples spin offs de Walking Dead. Sans doute influencé en parti par les films Coréens comme Dernier Train Pour Busan (dont la suite Peninsula empruntait curieusement une voie très similaire à Army, avec aussi un magot à récupérer dans une zone infectée), Snyder a su insuffler à son métrage la dose d'émotion qui fait qu'on s'inquiète réellement pour les personnages principaux sans pour autant délaisser l'action pure. Ceux qui viennent pour l'horreur en revanche, changez de film ! 

Army of the Dead ne révolutionne pas le genre du film de zombies mais le fait évoluer habilement en détournant savamment les codes qu'il n'hésite pourtant pas à aligner. Une mise en scène soufflant le chaud et le froid mais avec de véritables fulgurances, une musique au top, des personnages pas tous bien esquissés mais qui lorsqu'ils le sont se révèlent excellents.... Un film un poil trop long pour un tel sujet mais qui ne faibli que rarement. Au vu des résultats souvent mitigés des productions Netflix, c'est plutôt une réussite et alors que j'en avais vraiment ras le bol des films de zombies, il a réussi à me hyper pour les prochains films ! Bravo Zack !!

3,5/5