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jeudi 14 mars 2019

Children Of Bodom - Hexed

Quatre ans après leur dernier opus, "I Worship Chaos", l'inclassable combo finlandais est enfin de retour avec un 10ème album pour le moins revigorant ! Après plusieurs albums de plus en plus mélodiques, la bande d'Alexi Laiho fait marche arrière et revient à un style plus technique et rythmique que jamais.

Ce changement d'orientation est possiblement due à l'arrivée du guitariste Daniel Freyberg (Naildown, ex- Norther). L'album démarre en trombe avec le titre "This Road", morceau heavy à souhait à la précision chirurgicale, qui comme son nom l'indique est inspiré par des années de tournées "sur la route", d'où cette impression de son plus organique.

Cette impression se poursuit sur les titres suivants, qui cela dit alternent morceaux punchy comme “Under Grass and Clover", également riche en arrangements symphoniques et autres plus "melodeath" comme “Hecate’s Nightmare”. De par sa technicité, l'album ne verse que rarement dans la facilité. Il n'est guère difficile d'accès, mais demande néanmoins une certaine attention... A l'exception bien évidemment du single titre "Hexed", ultra efficace, sonnant purement comme ce qu'on attend du nouveau Children of Bodom. Un morceau classique, fait pour faire découvrir le groupe aux petits jeunes, mais qui ne sera clairement pas parmi les préférés des anciens fans. Ils se pencheront peut être plus sur une chanson comme "Knucklebuster", assez atypique sur le groupe, où Laiho fait montre d'une rare maîtrise de son instrument.

On pourra reprocher néanmoins à Children d'avoir mis tous ses morceaux les plus efficaces dans la première moitié de l'album, cela rend l'écoute de l'ensemble un poil ennuyeuse sur la fin. Les morceaux individuellement sont bons, mais le choix de l'ordre des pistes manque de rigueur. Une lecture en mode aléatoire lui rendrait peut être plus justice.

"Hexed" n'apporte pas particulièrement grand chose à la discographie déjà exemplaire de Children of Bodom, mais réussi néanmoins à revigorer un style qui après avoir connu moult évolutions commençait à stagner. Mélange de hits imparables et de morceaux plus exigeants, ce dixième opus met plus en avant l'aspect technique qu'à l'accoutumée, mais ne délaisse pas pour autant la mélodie. Ses tubes lui permettront de toute façon d'attirer de nouveaux fans, sans s'aliéner les anciens. Un bon album de plus. 

3.5/5


mercredi 6 mars 2019

Delain - Hunter's Moon

Décidément, Amaranthe influence de plus en plus les groupes de metal à chanteuse ces derniers temps. Après Within Temptation ou même Sirenia, voici que Delain, le combo du beau frère de Sharon Den Adel s'engouffre lui aussi dans la vague electro metal. Alors ici, il ne s'agit pas d'un véritable nouvel album, mais d'un E.P. de 4 titres, combiné à un album live. Difficile de dire si ces titres donnent un apperçu ou pas du nouveau son à venir, bien que ce soit probable.

Passons rapidement sur la partie live, bien interprétée et bien mixée, rendant hommage aux versions studios. Ceux qui n'ont pas eu la chance de voir le combo battave sur scène peuvent se rendre compte de l'énergie que la belle Charlotte met dans ses morceaux. Ce n'est pas rigoureusement identique aux chansons que l'on connait sur les albums, la part de réinterprétation est là, mais on y retrouve globalement leur esprit, dans un style privilégiant l'énergie à la justesse à certains moments.

Pour ce qui est des morceaux inédits donc, on retrouve tout à fait ce qui faisait le charme des albums précédents (je met à part "We Are The Others" plus orienté pop rock que metal), mais avec une grosse louche d'euro dance. Bon, ce n'est évidemment pas aussi marqué que chez Amaranthe dont c'est le style de prédilection et Delain avait déjà mixé de l'electro à leurs morceaux par le passé à de nombreuses reprises, mais c'est un gros pas en avant qui est fait là. Leurs précédents E.P., "Interlude" et "Lunar Prelude" annonçaient clairement la couleur des L.P. à suivre, au point de remettre des morceaux sur l'album d'après. Si tel serait à nouveau le cas, on peut se demander s'il est utile d'acheter ce CD. En effet, si tous les titres sont à nouveau sur l'album, seuls les morceaux lives justifieraient l'achat. Au pire attendez que l'album sorte et ensuite, décidez si ça vaut le coup de prendre également ce CD. Si les morceaux restent exclusifs à cet album en revanche, l'achat est indispensable pour les fans.

Des refrains archi efficaces, mêlant chant pop, riffs metal et boucles electro, avec une prod surpuissante et accrocheuse, des passages plus heavy avec des gros riffs, soli épiques... Un CD mêlant mini album et album live dont l'achat n'est possiblement destiné qu'aux collectionneurs et gros fans du groupe mais qui en tous les cas mérite une écoute attentive. 

4/5


vendredi 1 mars 2019

Tyr - Hel

Cela fait 6 ans, depuis l'excellent "Valkyrja" que les féroéens de Tyr n'avaient plus sorti d'album. Pour ce 8ème opus, le line up a encore une fois été quelque peu remanié. Attila Vörös (Nevermore, Bloody Roots - guitare) et Tadeusz Rieckmann (Dalriada - batterie) ont rejoint les rangs du groupe.

Musicalement, pas de gros changement néanmoins. Tyr a son style et s'y tient. Longs titres lancinants avec choeurs guerriers côtoient des titres plus épiques. Des rythmes heavy à la Iron Maiden superposent des ambiances folks du plus bel effet. Ceux qui aimaient déjà le groupe ne seront pas dépaysés par les nouveaux membres. La voix tantôt claire, tantôt éreintée d'Heri Joensen permet de coller aux multiples émotions que l'album propose. Il est toujours juste.

Mais que dire de plus qui n'a pas déjà été dit auparavant ? Parler de la qualité de la prod, arrivé au 8ème album ne sert à rien, c'est un pré-requis. L'album est tel qu'on l'espère d'un groupe du genre, pas foncièrement différent de ses prédécesseurs, mais pas identique non plus. L'album est suffisamment varié pour ne pas lasser, alternant les titres en anglais et ceux dans leur langue natale, "Ragnars Kvæði" et "Alvur Kongur", power ballade Scorpionesque avec "Sunset Shore" et morceau plus ambiancé et épique comme "King of Time".

"Hel" ne révolutionnera pas le folk metal, ni même la discographie de Tyr. Néanmoins il ne dépareille pas et reste de très haute facture. Il ne fera pas changer d'avis les réfractaires au style mais enchantera les amateurs. De l'efficace, sans fioriture, qui fait du bien de temps en temps ! 

3.5/5



Rhapsody Of Fire - The Eighth Mountain

Douzième album des italiens de Rhapsody Of Fire, en excluant les albums sortis sous le nom Luca Turilli's Rhapsody qui sont considérés comme un projet à part, "The Eight Mountain" est le troisième album du groupe depuis le départ du guitar hero sus mentionné, mais également le premier d'une nouvelle saga à suivre sur plusieurs albums. Rappelons que le combo a sorti 2 sagas à ce jour : "Symphony of Enchanted Lands" regroupant grosso modo leurs 6 premiers albums puis "The Dark Secret" englobant les 4 albums suivants et l'E.P. "The Cold Embrace of Fear", dernier avec Luca. Suivirent donc 2 albums autonomes "Dark Wings of Steel" et "Into The Legend", sortis en concurrence avec les albums de l'autre Rhapsody, celui de Turilli. Ce nouvel opus marque donc leur 3ème saga, mais plus important encore, le premier avec leur nouveau chanteur, Giacomo Voli (Teodosia). Remplacer Fabio Lione après 20 ans de bons et loyaux services ne sera pas une mince affaire. Anecdote étrange, Fabio rejoint néanmoins l'autre groupe Rhapsody !

Ayant déjà chanté en tant qu'invité dans divers combos, dont Rhapsody Of Fire dans les choeurs du précédent album, Giacomo en dépit de son relatif anonymat n'est donc pas un nouveau venu. Doté d'une puissante voix heavy, capable de monter dans les aigues, sans sonner trop "gay" pour autant (on n'est pas chez "Beast In Black"), il fait très vite oublier le légendaire Fabio Lione. Sa voix n'est pas identique, mais ils chantent dans un registre similaire, à une différence près, Giacomo sait prononcer l'anglais sans accent italien ! Après ça donne son charme au chant de Fabio, mais par moment, il faut avouer que ça rendait plus kitsch qu'épique pour peu qu'on comprenne l'anglais.

Musicalement, après 2 albums entièrement pilotés par Alex Strapoli, le claviériste, Rhapsody Of Fire tournait en rond. Souffrant du départ de Luca Turilli qui co-composait et écrivait les textes, le style stagnait, singeant les albums précédants, par des titres trop consensuels, cherchant trop à imiter le style Turilli. Avec Fabio Lione encore en moins, ainsi qu'Alex Holzwarth, batteur depuis 1998 dans le groupe, peut on encore dire qu'il s'agit de Rhapsody ? Surtout maintenant que Fabio a rejoint Luca Turilli... Et bien... Oui et non ! Le fait de revenir à une structure en acte, avec une histoire devant se construire sur au moins les 2 prochains albums fait forcément ressembler cet album plus à du Rhapsody. De plus, il y a toujours un des 2 compositeurs originels. Mais, le line up hormis lui a entièrement changé et surtout, Strapolli a enfin trouvé son style de composition en solo. Là où Luca Turilli a eu l'avantage pour sa version de "Rhapsody" à lui d'avoir déjà sorti 3 albums solos auparavant, plus un autre side project, "Dreamquest", dont on attend toujours une suite... Cette maturité retrouvé chez le claviériste se ressent dans les compositions, le renouveau apporté par le line up l'aidant peut être à ne plus autant se raccrocher à une gloire passée. "The Eight Mountain" est tout simplement le meilleur album post Turilli du combo, et oserais-je le dire ? Leur meilleur album depuis au moins "Triumph of Agony" !

Alternant titres speed metal, power ballades, morceaux crescendo à rallonge passant par tous les styles et hymnes power metal rappelant des groupes plus récents, ce nouvel opus parfaitement homogène se suit en n'ayant aucune connaissance des paroles, mais s'en retrouve enrichit. Plus qu'un simples gimmick, celles ci, mieux écrites qu'à l'accoutumée pour le combo trouvent à la fois une résonnance en tant que titres à part entière, comme en tant que chapitre d'une oeuvre plus grande. Le nouveau line up a su parfaitement retranscrire l'essence du Rhapsody original, sans chercher à l'imiter, on a donc un Rhapsody 3.0., qui aura forcément ses détracteurs, mais saura séduire bien des réfractaires aux nouveaux membres.

Un grand album, tout simplement !

4.5/5