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vendredi 17 juillet 2020

Alestorm - Curse Of The Crystal Coconut


Est-il encore utile de présenter Alestorm ? Logiquement, ils sont tellement connus que vous savez déjà si vous les aimez ou pas. Ils ont un style propre, ils ne changent pas d'un iota et ils assumment ! Le refrain de "Treasure Chest Party Quest" est on ne peut plus explicite : “We’re only here to have fun, get drunk, and make loads of money!”

Depuis environ 15 ans, Christopher Bowes mène donc son équipage de pirates exactement là où on les y attend... Avec comme d'habitude quelques surprises ! En effet, qui pouvait décemment s'attendre à leur reprise de "I've got a Hangover" de Taïo Cruz (un chanteur d'électro R&B) ?? Et bien y'aura toujours un peu de portnawak sur ce nouvel opus, entre deux chansons plus attendues.

On commence donc l'album par un "Fannybaws" assez classique puis on enchaîne sur un délirant "Chomp Chomp" aux influences Thrash et aux soli de claviers proche d'un Blind Guardian. Plus surprenant encore, "Tortuga" passe en mode nu metal avec des passages rapés, prouvant que leurs influences vont plus loin que Pirates des Caraïbes et One Piece. Aussi farfelu que soit ce mélange rap metal pirates, ça fonctionne plutôt bien, aidé il est vrai par l'absence de sérieux de l'entreprise.


On retrouve un peu de thrash sur le titre ô combien réaliste "Zombies Ate My Ship". Le nouveau guitariste Maté Bodor se lâche bien sur les riffs plus incisifs que d'habitude, mais laisse la part belle aux claviers pour les soli et mélodies.  Le moment le plus WTF de l'album restera probablement "Shit Boat (No Fun)" et ses paroles à scander en festoche : “your pirate ship can eat a giant bag of dicks”.

Plus basique, mais efficace, idéal pour faire comprendre l'essence d'Alestorm à un néophyte, "Pirate Metal Drinking Crew" est une synthèse du combo. Riffs efficaces et simples, refrain entêtant... Et si jamais tout ça ne suffisait pas, "Wooden Leg part 2" , morceau épique de conclusion de l'album, sorte de mix entre Kamelot et Ensiferum de 8 minutes avec même une section 8 bits, vous achèvera comme il faut !

Un album récréatif, dans la droite lignée des précédents avec des paroles débiles et entêtantes. Très con mais super efficace, un simple album de plus, mais qui fait du bien en ces temps moroses !

3.5/5

jeudi 16 juillet 2020

Black Bart - Pièce De Huit


Deux ans après avoir positivement chroniqué leur "Casnewydd-Bach", les Lillois de Black Bart m'ontenvoyé leur nouvel E.P. Quatre titres, pour un peu plus d'un quart d'heure de piraterie !

Très différent des autres groupes de Pirate Metal comme Running Wild, Alestorm ou Swashbuckle, Black Bart se distingue par un son heavy 80's et un chant phrasé en français qui les démarque instantanément.

"Le Panier De Crabes", "Chaloner Ogle", "Le Maître" et "Mammon" sont de bons titres. Le format E.P. permet de ne pas se lasser (certains morceaux de power metal sont plus longs que tout le disque). Musicalement on est dans la droite lignée du précédent opus, "Pièce de Huit" en est quasiment une extension. Un peu comme les DLC dans le monde du jeu vidéo. Si à la fin de l'écoute de "Casnewydd-Bach" vous vous étiez dit que c'était bon, mais un peu trop court, prolongez le plaisir avec ce mini opus !

Considéré comme une démo, la production de "Pièce de Huit" est on ne peut plus correcte, d'autant plus avec sa volonté de son old school.

N'hésitez surtout pas à soutenir ce bon petit groupe fort sympathique en allant les voir sur scène (enfin quand le monde sera revenu à la normale) et achetez leurs CD !

3.5/5

mercredi 15 juillet 2020

Delain - Apocalypse And Chill


Delain restera toujours dans mon coeur à part des autres groupes de sympho, étant le tout premier groupe que j'ai interviewé. Martjn Westerholt, claviériste et compositeur principal du combo éerlandais a créé un véritable groupe, quasi spin off de son ancien combo Within Temptation à parti de ce qui n'était au départ qu'un concept album sans line up stable, à la Ayreon.

Quatorze and après "Lucidity", ils reviennent donc avec un sixième opus qui ne change guère la recette. Des morceaux allant du heavy rock à la Halestorm (ne pas confondre avec Alestorm) au metal le plus soft, allié à un puissant chant pop que ne renierait pas Lady Gaga, des paroles moins niaises qu'à l'accoutumée et ne sombrant pas trop souvent dans le cliché goth dépressif dark kikoo 666. Refrains catchy et riffs efficaces s'enchaînent avec toujours autant de bonheur.

L'album est majoritairement très radio friendly (bien que j'attende encore qu'NRJ les diffuse), les singles sont fait pour être repris par la foule, dans la droite lignée du hard fm à la Bon Jovi, tout autant que du pop rock. Delain, c'est un peu Superbus qui a fusionné avec Nightwish. Leurs singles sonnent comme des tubes instantanés "Burning Bridges", "One Second", tandis que les autres morceaux , plus complexes, avec des ambiances plus sombres, rappellent qu'on est dans un groupe de metal.


Ce n'est pas l'album que je préfère du groupe, je trouve même une légère régression par rapport aux précédents opus "The Human Contradiction" et "Moonbathers", je le classe plutôt au niveau de "We Are The Others". J'aime moins ces albums, car bien qu'efficaces et possédant certains tubes, sur leur globalité, je les trouve plus orientés rock que metal sympho. Et je préfère clairement cette dernière influence chez Delain.

"Apocalypse & Chill", en dépit d'une magnifique pochette joue la sécurité sur cet album, un peu lisse, trop calibré et n'ayant que de maigres variations à proposer pour se renouveler. Une légère déception certes, mais pour un groupe que j'apprécie énormément. Donc malgré tout un bon album à mes yeux (ou plutôt à mes oreilles).

3/5

lundi 13 juillet 2020

Igorrr - Spirituality And Distortion

Découvert totalement par hasard au Hellfest sous un chapiteau alors que je me promenais entre 2 groupes attendus, lors de l'édition 2017, Igorrr fait parti de ces claques sorties de nulle part, dont personne ne m'avait jamais parlé avant que je les vois, mais que pourtant tout le monde semblait connaître une fois que je le mentionne. Pas sympa les potes...

Projet du multi-instrumentiste bien de chez nous Gautier Serre, Igorrr (avec 3 R oui, peut être en hommage au chef d'oeuvre d'Alain Chabat ?) est un mélange de metal et d'electro expérimentale (entre autre). C'est clairement le genre d'oeuvre qui ne plaira pas à tout le monde vu la spécificité du projet. Après "Savage Sinusoid" on était en droit de se demander comment sa musique allait pouvoir évoluer. En effet, quand on mélange tout comme ça, difficile d'avoir un style clairement défini. Par conséquent, on pouvait s'attendre à absolument tout sur ce nouvel opus ! A part peut être à un mélange de zouk et de dubstep avec un feat de Jul (quoi que...).

Et bien, pas de déception de ce côté là ! On retrouve du chant lyrique via les vocalistes Laure Le Prunenec et Laurent Lunoir, Timba Harris au violon (rien à voir avec Mufasa), Matt Lebofsky au piano, Pierre Mussi à l'accordéon, Mike Leon à la basse et d'autres musiciens d'instruments folkloriques comme Mehdi Haddab et Fotini Kokkala.

Musicalement, l'album garde une certaine cohérence dans sa diversité et se retrouve étrangement plus heavy que le précédent. Plus de morceaux mettent l'emphase sur les riffs death et black. Mais on retrouve également pas mal d'influences orientales, notamment sur "Camel Dancefloor," "Downgrade Desert," et "Himalaya Massive Ritual" et on a même droit en guest a George Fisher de Cannibal Corpse sur la pavé dans la face qu'est "Parpaing". On notera également à quel point le nom des morceaux donne directement une idée d'à quoi s'attendre.

Le côté electro n'est pas en reste, un morceau comme "Very Noise" rappelle pas mal Aphex Twin, tandis que le plus trip hop "Lost In Introspection" évoque quant à lui Moby (et non Bill Murray).

Tout le long des 14 pistes de cet album, on passe donc sans transition du black metal au trip hop, en passant par la musique baroque et les folklores régionaux. Igorrr demande donc nécessairement une certaine ouverture d'esprit pour apprécier son oeuvre mais montre aux métalleux réactionnaires ce que c'est réellement un album varié ! Non mettre un riff thrash dans un album de death, c'est pas ça l'ouverture d'esprit. Un petit bijou de dark world music (j'ai déposé cette appellation, défense donc de me la piquer !) qui marquera l'underground français pour les années à venir !

4.5/5


dimanche 12 juillet 2020

Benighted - Obscene Repressed

Les français de Benighted sont de retour pour nous jouer un mauvais tour ! L'ennui avec eux, mon principal soucis, c'est qu'à force d'enchaîner les cartons, je crains le jour où ils sortiront un album moisi. Très peu peuvent en effet se targuer d'avoir une discographie irréprochable et à chaque album, j'ai toujours le doute...

Mais clairement ce ne sera pas encore pour cette année ! "Obscene Repressed" continue avec le line up du précédent opus et nous offre un mix de choses attendues chez Benighted et de surprises. Un titre comme "Nails" n'a rien de particulier à nous offrir, il est bon, mais exactement comme on l'imagine. "Implore The Negative" en revanche offre un plus large panel d'ambiances, un titre plus groovy que ce qu'on pouvait attendre des deatheux.

La raison de cette variété s'explique aussi par sa volonté de raconter une histoire tout le long. Un concept album donc, qui d'après Julien Truchan parle d'un petit garçon psychotique souffrant d'un complexe œdipien ! Tout à fait le genre d'histoire à raconter à sa copine pour un premier rencard donc. Bien évidemment, ça ne s'arrête pas là, ce ne serait pas drôle et on y parle aussi de cannibalisme. Parce que le simple inceste c'est trop kawaii, rajoutons de l'anthropophagie !

Pour raconter cette histoire méga tordue et malsaine, une variété d'influences sont donc requises, ce qui rend l'album nécessairement plus varié qu'à l'accoutumé et explique probablement les guests présents ici : Jamey Jasta (Hatebreed), Sebastian Grihm (Cytotoxin) et Karsten Jager (Disbelief). Ils ne sont pas là juste pour faire joli mais servent une vraie logique artistique.

Pour sortir un peu de cette ligne directrice, les français se sont permis une cover étonnante de "Get This" de Slipknot en bonus track ! Une réinterprétation intéressante et plus malaisante que l'originale !

Un très bon album de Benighted qui poursuit le travail accompli sur les précédents opus, mais n'hésite pas à prendre des virages, concept album oblige, pour nous donner ce qu'on attendait et ce qu'on attendait sans le savoir ! Un album qui complétera harmonieusement les précédents dans votre CDthèque, un des grands succès du death metal 2020 !

4/5