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mardi 22 décembre 2020

ENSIFERUM - THALASSIC



Etonnamment, alors que cet album est dispo depuis plusieurs mois et que je suis ce groupe depuis longtemps, je ne livre cette review que maintenant. Non par flemme, mais pire encore, par lassitude. J'ai tellement eu l'impression d'avoir déjà chroniqué cet album que j'ai oublié de le faire ! En réalité j'ai confondu avec leur opus précédent "Two Path", pourtant sorti il y a 3 ans. Cette méprise s'explique en grande partie par la sensation de déjà entendu que me laisse cet album. 

"Two Paths" avait fortement divisé la fanbase. S'éloignant en parti de leurs influences black pagan pour lorgner d'avantage vers un power metal épique. Mais en réalité, c'est probablement depuis "Unsung Heroes" que la qualité des albums a tendance à chuter. A l'instar d'un Korpiklaani, Ensiferum, à trop enchaîner les albums similaires a nécessairement perdu en inspiration, se contentant de ressembler de plus en plus à une parodie d'eux mêmes. Devenant l'archétype du groupe dont on se contrefiche des nouveaux albums, prétextes à repartir en tournée, pour écouter les premiers tubes ! Ce système obligeant les artistes à continuer à sortir de nouveaux morceaux alors qu'ils n'ont à l'évidence plus rien à dire est parfois pénible. D'où leur volonté de changer un peu leur son, avec le risque de se perdre.

Un changement de style (même s'il n'est pas ultra radical non plus, on n'est pas chez Therion) peut s'opérer de plusieurs façons, soit par expérimentation, soit par une volonté explicite de se renouveler ou encore de par l'influence de nouveaux membres, qui changent forcément la manière de composer pré-existante. L'arrivée de Pekka Montin (Amoth, Judas Avenger) au clavier et au chant clair a clairement poussé le groupe à continuer d'expérimenter dans le style power metal de "Two Paths". Possiblement qu'il a été volontairement recruté pour ça d'ailleurs. Mais du coup, c'est le chant de Petri Lindroos qui se retrouve en décalage. En effet, son chant typé extrême se retrouve souvent trop brutal par rapport aux compos, plus mélodiques qu'avant. La répartition des vocalistes devraient peut-être être réévalué, en considération du nouveau style du groupe. 


Néanmoins, à ces déceptions relatives s'ajoutent de belles choses. Le retour à la production de Janne Joutsenniemi, à qui l'on doit le son de leurs classiques "Victory Songs" et "From Afar" est bénéfique à "Thalassic". En effet, Anssi Kippo, responsable sonore des deux précédents opus était coupable également en grande parti de leur avoir donné un son trop plastique, trop lisse et artificiel. Déjà que le groupe joue au synthé et non avec de vrais instruments tradis, c'était vraiment les faire sonner electro et non roots que de les surproduire comme ça. Ici, la production est plus authentique et rien que pour ça, cet album n'est pas entièrement raté. 

L'album enchaîne les tubes comme "Rum, Women, Victory", efficace mais totalement déjà entendu. On dirait la petite sœur de "Blood is the Price of Glory" présente sur "Victory Song". Et c'est un peu comme ça tout le long. L'album ressemble à un best of des albums d'antan, mais en plus accessible grâce à son glissement power metal. Cette volonté de caresser le fan dans le sens du poil se retrouve même dans le choix de faire un "Väinamöinen part III", tel Metallica et ses suites d'"Unforgiven". On retrouve également de jolies ballades comme "One With The Sea" et un morceau WTF comme d'hab, ici "Midsummer Magic". Ce morceau semblant totalement à part, rappelle que le groupe quand il veut est toujours capable d'une vraie touche d'epicness et de magie. Il peut ne pas se répéter à l'infini et prendre des risques. Dommage qu'ils n'osent pas faire un album entièrement comme ça. "For Sirens" rappelle également l'ancien Ensiferum, quand ils ne se prenaient pas au sérieux et s'amusaient, plutôt que d'appliquer une formule.

"Thalassic", huitième album d'Ensiferum est un album un peu hybride. Après avoir tenté de se "mainstreamiser" en lissant sa production et effectuant un glissement vers le power metal et délaissant le black, choisi de faire un compromis entre ces deux entités en retournant à la production d'antan, mais conservant leur style actuel. Ponctuant cette nouvelle identité de rappelle de leurs anciens albums, les morceaux sonnent parfois en décalage total entre le chant et la musique et donnent l'impression d'un groupe hommage, cherchant à créer un son "à la Ensiferum" en appliquant un cahier des charges trop strict. "Thalassic" réussit le paradoxe de réaliser à la fois trop de fan service et de trop s'éloigner de ses racines, selon les morceaux, comme si le groupe cherchait à plaire à la fois à ses producteurs, désireux de toucher une plus large audience, et aux fans des débuts. Mais les gars, Ensiferum c'est pas Maître Gims, vous ne toucherez JAMAIS tout le monde. Jouez ce que vous aimez, à l'instinct et sans calcul commercial derrière, ce sera nettement plus honnête. Dommage car lorsque le groupe joue vraiment ce qu'il aime sans chercher à plaire, c'est là qu'il réalise ses meilleurs morceaux. Un album efficace, mais vain.

3/5




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